A chacune de leurs sorties, les membres de la troupe du malouf maghrébin de Sousse confirment tout le bien que l'on pense d'eux. C'est ainsi que les différentes consécrations qui leur ont été octroyées en Tunisie et à l'étranger ne sont nullement dues au hasard mais plutôt à un travail régulier et en profondeur d'un groupe très attaché à l'authenticité du patrimoine musical tunisien et maghrébin.
Nous en avons eu la confirmation récemment à Sousse lors du passage de la troupe en question au musée archéologique de la Perle du Sahel dans le cadre de la première édition de l'octobre musical d'Hadrumète.
Comme à l'accoutumée, ce concert a drainé une foule nombreuse dont une bonne partie assiste régulièrement à de telles manifestations culturelles.
La troupe du malouf maghrébin de Sousse, dirigée par le talentueux violoniste Fathi Bousina, était composée de dix musiciens. Nous y avons compté trois luthistes, dont une musicienne qui participe également au chant, deux violonistes, un cithariste, un flutiste et trois percussionnistes.
Le récital de cette soirée fut divisé en deux parties, la première étant tunisienne alors que la seconde était maghrébine avec la participation d'artistes marocains invités (au mois de juillet dernier, lors du festival du musée, nous avons été gratifiés d'un tour de chant d'une jeune cantatrice algérienne). L'entame nous permit d'apprécier la succulente "wasla tounsia" dans le maqam "El hsine" correspondant à la fameuse "raaytou erriadh" qui fut suivie de "braouel hsine" pour aboutir au "katm : ya jafna aini". Au cours de cette "wasla", le groupe de F. Bousnina fit montre d'une telle maitrise qui en dit long sur leurs capacités musicales et leurs connaissances relatives aux caractéristiques du malouf. Egalement, nous ne pouvons occulter l'homogénéité entre les musiciens de la troupe en matière d'interprétation instrumentale.
Au cours de la seconde partie de la soirée, trois musiciens marocains rejoignirent le groupe: Hichem Belguith au violon (tenu selon le modèle constantinois) , Adil Ben Jalloun au" rbab" et Yassine Taha au chant. Nous avons alors eu droit à une belle "wasla maghrébine" dans le "asbain tunisien", qui correspond au "hijaz kabir marocain"et le "zaydane algérien," intitulée"sallem ala dhaka el habib". A ce niveau, il y a lieu de saluer la prestation du "monched" marocain Yassine Taha qui dispose de capacités vocales énormes.
Au terme de ce concert d'environ quatre vingt minutes, les artistes furent longuement applaudis par une assistance conquise.
La bande à F. Bousnina ne compte pas s'arrêter en si bon chemin. On nous annonce déjà une collaboration tuniso-algéro-marocaine pour les mois à venir. Nous ne pouvons conclure cet article sans émettre le souhait que les troupes conservatrices de notre patrimoine tuniso-maghrébin, à l'image de celle de Sousse, soient programmées dans plusieurs villes et conservatoires afin que les jeunes férus d'une telle musique de qualité y trouvent leur compte. Dailleurs, l'idée du musicien Mourad Sakli, relative à des tournées de la Rachidia à travers tout le pays, est à saluer très chaleureusement.