Inquiétude de l'administration et des syndicats de Tunisair Tunisair demande qu'elle soit associée à toutes les étapes des négociations de l'ouverture du ciel Des pertes de 100 millions de dinars pour la compagnie en 2011
Drôle de comportement ! Le ministère de transport ne négocie qu'après la signature de l'accord. Pour le management et même les syndicats de Tunisair, le mal est fait. Sans concertation, Abdelkarim Harouni accorde récemment des privilèges à la compagnie aérienne qatarie. En vertu d'un mémorandum d'entente entre la Tunisie et le Qatar, la compagnie Qatar Airways ainsi que Tunisair, bénéficieraient de la 5ème liberté. C'est dire que les deux compagnies pourraient utiliser « librement » le ciel qatari et le ciel tunisien.
Cet accord a soulevé le mécontentement de la compagnie nationale. Tunisair, qui a servi l'économie tunisienne, se trouve prise en otage entre des décisions ministérielles précipitées (on le comprend bien ; il s'agit là des qataris) et les difficultés structurelles que l'entreprise vit depuis des années, outre la forte concurrence locale et l'avènement de l'Open Sky. Dans un communiqué rendu public, le management de Tunisair exprime que l'accord avec les qataris n'est plus opportun. « Cet accord, venu dans un contexte de grande tension, qui a régné après les faveurs accordées à Transavia et Syphax Airlines pour opérer des vols quotidiens entre Tunis et Paris, a provoqué une grande inquiétude auprès du personnel de Tunisair », indique-t-on dans ce communiqué. On critique surtout l'attitude du ministère de tutelle qui regrette l'absence (forcée) de Tunisair lors des négociations tout en promettant la concertation du transporteur nationale lors des prochains accords – celles de l'Open Sky peut être- ! Serait-ce la promesse du Gascon ? Le management de Tunisair s'exprime encore dans le même communiqué précité que « le Ministre du Transport s'est redu lui-même, le jeudi 1er novembre, au siège de la compagnie afin d'écouter et de rassurer les cadres de Tunisair sur les retombées de cet accord. Il leur a affirmé que la concrétisation de ce M.O.U est subordonnée à un accord préalable des autorités de l'Aviation Civile des deux pays. Il regrette que Tunisair n'ait pas été associée à la négociation de cet accord et a affirmé que dans le futur, elle le sera de plein droit ». Un ministre méfiant ! A cet égard, il convient de rappeler que quelques mois auparavant, le président directeur général de la compagnie, Rabeh Jrad, avait annoncé qu'il remettrait au gouvernement, un plan de redressement au gouvernement, au mois de décembre de l'année en cours. Ce plan devrait présenter les solutions de sauvetage de la compagnie. L'intervention de l'Etat est inévitable. Abdelkarim Harouni, présent lors de cette annonce semble se méfier, en accordant son accord aux qataris, au lieu de mentionner son intérêt pour contribuer à la mise à niveau de Tunisair. Raison pour laquelle, l'inquiétude du personnel de Tunisair se trouve justifiée. « Les cadres de Tunisair ont exprimé clairement et en toute transparence, le sentiment d'inquiétude ainsi que leur vision des choses, insistant sur le fait que de telles pratiques ne devraient plus se répéter et que Tunisair, en tant que compagnie nationale devrait avoir son mot à dire à tout ce qui touche l'aviation en Tunisie. Tunisair a toujours soutenu l'Etat dans toutes les opérations, non rentables, soit de rapatriement de Tunisiens, soit de retour de Travailleurs Résidents à l'Etranger ou les vols de pèlerinage et à chaque fois que l'Etat fait appel à ses services. Il est temps aujourd'hui que l'Etat prenne une position claire pour la soutenir », s'exprime encore la direction de la compagnie. Le ministère de tutelle préfère toujours garder le silence. Et avec la signature de tel accord, le ministre marque encore sa méfiance envers Tunisair. Quel sera le destin de cette compagnie? Zied DABBAR Open Sky, Tunisair propose une ouverture progressive Le management de Tunisair n'a jamais été contre le principe de l'ouverture du ciel. Prévu pour l'année 2010, l'Open Sky semble menacer de plus en plus les équilibres financiers de Tunisair qui exige sa restructuration avant l'ouverture du ciel. Et c'est dans ce contexte que les cadres recommandent que Tunisair soit associée dans toutes les étapes des négociations qui vont commencer, comme l'a annoncé le Ministre, le 13 novembre à Bruxelles. Ils pensent que l'ouverture peut être progressive sur les aéroports intérieurs comme Tozeur, Enfidha, Tabarka et Sfax, en attendant la préparation de l'aéroport de TunisCarthage qui n'est pas actuellement prêt pour une telle opération.
Tunisair : pertes atteignant 100 millions de dinars en 2011
Nul ne peut ignorer que pour Tunisair, le pire n'est pas encore derrière. La compagnie se trouve face à un bon nombre de défis. A commencer par ses difficultés structurelles outre les retombées d'une conjoncture assez difficile. L'année dernière les pertes accusées par Tunisair ont atteint 100 millions de dinars. Ces pertes sont en perpétuelle augmentation, selon les propos de Rabeh Jrad, PDG de Tunisair, parues dans notre confrère le Maghreb. Compte tenu de cette conjoncture, le premier responsable de Tunisair, trouve que l'intervention de l'Etat est indispensable pour sauver la compagnie.