Le thème « le livre et l'édition » de la journée d'études, organisée dans le cadre du programme culturel de la Foire, revient à chaque session de l'événement. Il est vrai que c'est l'une des préoccupations majeures du secteur qui souffre de plusieurs problèmes. Professionnels et responsables d'organismes culturels se sont penchés sur tous les maux qui rongent ce secteur de l'intérieur.
La stratégie de promotion adoptée actuellement dans le secteur du livre et de l'édition a-t-elle apporté ses fruits ? Est-elle efficace ? Et quelles sont ses limites et ses perspectives ? Ces questions et tant d'autres ont été soulevées au cours du débat entre les différents intervenants. Au cours de la première séance dont le thème est consacré à « la politique du livre et de l'édition », Nébiha Belmehdi, responsable du livre au ministère de la Culture, a précisé que plusieurs éléments au niveau de la base de données ont changé. Auparavant, celle-ci comportait quelques quatre cent auteurs alors qu'aujourd'hui, le nombre a dépassé les 1200 noms. Une augmentation qui traduit, selon elle, la mouvance que connaît la scène culturelle et surtout littéraire. Elle a également mis l'accent sur l'accroissement du nombre d'auteurs et de titres qui n'a pas été accompagné par une augmentation du budget alloué à l'édition.
De nouveaux repères
Nébiha Belmehdi a souligné, d'autre part, que parfois elle a du mal à trouver des spécialistes qui acceptent de lire les œuvres déposées par les éditeurs voulant bénéficier d'une aide à l'édition. La conférencière a également rappelé que la Consultation nationale sur le livre et la lecture a mis en lumière certaines défaillances et des remarques des lecteurs, des éditeurs, des libraires, des auteurs dont il faut tenir compte pour remédier aux problèmes dont se débat le secteur.
Elle a, par ailleurs, noté qu'une base de données présentant les auteurs et les publications tunisiennes a été conçue et qu'elle sera bientôt opérationnelle ; www.livretunisien.tn est la nouvelle adresse électronique proposée par les autorités de tutelle comme repère pour les intéressés afin qu'ils puissent avoir plus de détails sur l'univers du livre en Tunisie.
Pour sa part, Ali Merzouki a indiqué que la présence du livre tunisien dans les bibliothèques à l'intérieur du pays, ne bénéficie pas du même intérêt que les bibliothèques dans les grandes villes. Il existe donc des inégalités et des lacunes qu'il y a lieu de revoir.
Au sujet du deuxième thème relatif aux « Problématiques industrielles et diffusion du livre », l'éditeur Nouri Abid a mis le doigt sur les différentes difficultés industrielles que rencontrent les éditeurs. De son côté, Nooman Hamrouni a tenu à préciser que les problèmes du livre et de l'édition ne sont pas forcément liés à la subvention accordée à l'édition mais aussi aux circuits de diffusion et de promotion du livre. L'intervenant a également noté que les réseaux de distribution n'ont pu pas suivre les mutations socioculturelles et surtout technologiques et qu'aujourd'hui les librairies qui présentent les ouvrages et les nouvelles publications ont fusionné avec les librairies qui vendent les livres scolaires et parascolaires. Une fusion qui n'a fait que contribuer à la marginalisation du livre.
L'éditeur Mohamed Salah Rassaâ, patron de « Sahar Editions », s'est interrogé sur les critères de choix selon lesquels les responsables du ministère de la Culture peuvent juger de la qualité d'un ouvrage. Dans une approche comparative, les intervenants ont également jeté la lumière sur les expériences menées en Algérie et au Maroc dans le domaine de l'édition.
Bien que la présence du public et même des professionnels soit restreinte, le débat a été tout de même constructif. Ila permis aux participants de proposer la révision du cadre institutionnel et juridique du secteur de l'édition ainsi que la multiplication des foires et des salons dans le but de le promouvoir davantage.