Dans les pays du Printemps arabe, ça tourne mal. En Tunisie, comme en Egypte, c'est le règne de la confusion, de la tension et de l'agitation sociale. « Elles sont tout à fait normales en période de transition, à l'instar de tous les pays qui ont connu des changements similaires », disait Jorge Sampaio, ancien président du Portugal, lors d'une conférence sur l'expérience portugaise en matière de transition, avant-hier, au Bardo. Oui, sauf que dans les pays du Printemps arabe, le phénomène prend une tournure grave avec l'émergence de la violence et son ancrage dans les mœurs politiques post-révolution. La révolution est-elle en train de dévier de sa trajectoire ou est-ce que les hommes qu'elles a propulsés au devant de la scène politique et qui ont la lourde tâche de mener la transition démocratique et de réaliser les objectifs de la Révolution ne sont pas à la hauteur des aspirations du peuple et de ses revendications légitimes ? Aujourd'hui, la situation n'est guère reluisante sur tous les plans. Et l'euphorie née des premières élections libres et de la première alternance pacifique au pouvoir de l'histoire du pays, laisse la place à une amère désillusion et à une inquiétude grandissante, quant à l'avenir de la transition démocratique, voire l'avenir du pays. Car, le citoyen lambda constate que le fossé se creuse de plus en plus entre le gouvernement, dominé par le parti Ennahdha, et l'opposition démocratique, la Société civile et la Centrale syndicale. Un fossé, conséquence d'un discours de haine et d'incitation à la violence. On est loin des promesses de la campagne électorale et on a l'impression qu'une course effrénée pour le pouvoir par des moyens légaux et illégaux, est déclenchée. La naissance de milices d'obédiences diverses à la solde de puissantes parties politiques est significative et leurs méthodes et agissements violents dans l'impunité totale en disent long sur les intentions de leurs protecteurs. L'exemple des ligues autoproclamées, défenseurs de la Révolution, est le plus frappant. Et elles continuent de sévir et de multiplier les provocations au risque de plonger le pays dans la division et la guerre civile, toujours sans que le gouvernement ne prenne la moindre mesure pour calmer le jeu.