L'association tunisienne des femmes démocrates organise la contre-attaque Licenciement abusif, discrimination, exploitation dans le milieu de l'emploi, voire dans le paysage politique...c'est le lot quotidien d'un grand nombre de femmes tunisiennes qui travaillent dans des conditions précaires. Mais combien sont-elles ? Quel genre d'exploitation subissent-elles ? Sont-elles capables de défendre leurs droits économiques, sociaux et politiques. Parviennent-elles à exercer leur citoyenneté ? Nul ne le sait, à cause de l'absence de données fiables. Conscientes de cette réalité, les femmes démocrates ont décidé de lancer un projet ayant pour objectif de créer un Observatoire pour l'Egalité des Chances et de la Citoyenneté des Femmes en Tunisie. Réalisé en collaboration avec le Fonds des Nations Unies pour la Démocratie (FNUD), l'Observatoire travaillera durant deux ans, c'est-à-dire jusqu'en juin 2014, déclare Ahlem Belhaj, présidente de l'Association Tunisienne des Femmes Démocrates lors d'une conférence de presse tenue hier, à Tunis en présence des militantes de l'Association ainsi que d'autres acteurs de la société civile. « Le projet a pour objectif général de développer des outils spécifiques de détection de toutes discriminations politique, économique, sociale et culturelle à l'égard des femmes et de promouvoir des actions concrètes pour l'égalité des chances », annoncent les femmes démocrates. Pour ce faire, « l'Observatoire mettra l'accent sur deux zones, à savoir : le Grand-Tunis où, l'on enregistre la plus grande concentration urbaine, ainsi que la ville de Sfax », d'après Mme Oussila Al Ayachi. Dès lors, deux cellules d'écoute seront installées dans les deux régions (Sfax et Ben Arous), pour accueillir et orienter les femmes vulnérables, victimes de licenciement ou en quête de travail. A cet égard, la militante précise que « deux personnes seront à leur écoute en plus d'une avocate qui aura pour mission des les orienter juridiquement ainsi que d'une psychologue ». « Nous pourrons par conséquent, recueillir des données fiables sur la situation des femmes qui n'arrivent pas à bénéficier de leurs droits économiques et sociaux », ajoute Mme Al Ayachi. D'ailleurs, « une base de données sera ainsi établie pour qu'elle soit exploitée dans une phase ultérieure », toujours d'après la même source. Activités Mieux encore, l'observatoire envisage de réaliser un ensemble d'activités, dont « la réalisation d'une enquête sectorielle sur l'état d'application de la législation en matière de droit des biens, de domicile conjugal, de partages successoraux, d'acquisition de la propriété foncière et de l'égalité des chances ». D'autres activités sont à l'ordre du jour à l'instar « d'organisation de séminaires nationaux, d'ateliers stratégiques, de rencontres débat et surtout du lobbying auprès des institutions publiques et des décideurs pour la sensibilisation et la promotion des droits de la femme ». Et si les femmes démocrates optent pour ce projet c'est parce qu'elles sont conscientes de l'importance des droits économiques et sociaux des femmes tunisiennes qui n'arrivent pas malheureusement, à en bénéficier convenablement. Ces droits fondamentaux sont d'ailleurs, menacés par la montée de l'esprit conservateur auquel les Tunisiennes sont confrontées sans pour autant occulter un autre facteur, à savoir « la féminisation » de la pauvreté dans notre pays.
Les trois objectifs du projet 1- Enraciner davantage chez les femmes en particulier auprès des groupes marginalisés parmi elles, la prise de conscience par rapport à leurs droits économiques et sociaux sur la base de l'égalité des chances et des bénéfices qui y sont rattachés. 2- Augmenter la participation des femmes au processus de la transition démocratique sur la base de la citoyenneté. 3- Faire du lobbying sur les politiques publiques en vue de changer les lois et les règlements discriminatoire au niveau des droits civiques, politiques, économiques et sociaux dans un sens égalitaire. Les bénéficiaires du projet Les bénéficiaires directes du projet sont les femmes en situation de précarité politique ou économique, les femmes à la recherche d'emploi, les diplômées en chômage, les licenciées économiques, les candidates aux prochaines élections à différentes échelles électorales nationales, régionales ou locales, les électrices, les responsables, les femmes qui sont dans des postes de prise de décision. Il existe également, des bénéficiaires indirects, à savoir ; le large public des hommes, des femmes et des jeunes.