Cette ville historique, villégiature des beys et des riches tunisois qui en ont fait leur destination favorite en été, est aujourd'hui, livrée à elle-même, malade, car mal entretenue, oubliée , voire même marginalisée, pareille à une femme belle à en mourir mais délaissée par un mari volage et frivole. Ce vendredi 28/12/2012, j'ai fait un tour dans la ville de la Marsa, que j'aime tant. Elle est relativement belle mais malheureuse, triste et incomprise. D'abord, commençons par la rue Hédi Chaker, cette route, qui va de Sidi Abdelaziz jusqu'à l'imprimerie Ben Mahmoud, est fendillée par des trous des crevasses profondes. Cette artère considérée comme la deuxième route la plus fréquentée de la ville après celle de Taïeb M'hiri, n'est plus apte à la circulation des véhicules. Pour éviter les fissures qui font mal aux fesses, aux pneus et aux amortisseurs. Les taxistes, les automobilistes zigzaguent, tordent le volant à gauche et à droite, roulent même sur le trottoir quitte à heurter les malheureux piétons. A quand le revêtement et le goudronnage d e cette route vitale, Monsieur le maire ? Et puis, ces cabanes en tôle ondulée, bazar de misère installé en face du complexe commercial Firas. Ces boutiques sont d'un autre âge. A les voir, on se croirait en Somalie ou en Ethiopie. Mais juste à côté, une boutique de prêt-à-porter flambant neuf, en marbre noir qu'on se croirait à Paris. Le beau paradoxe ! Dans la cité Erriadh, ex-cité Bousselsla, on peut admirer d'agréables villas mais juste à côté des gourbis insalubres qu'on dirait favelas en Colombie ou au Brésil. Promenons-nous à La Marsa, le palais Al Abdilliya est splendide, sauvé, par je ne sais quel miracle, Dieu merci, mais il n'est pas bien exploité, paraît-il. Le terrain vague limitrophe est triste à voir. Quelques pointeurs et tireurs de pétanque occupent les lieux l'après-midi. Dans les années cinquante et soixante, il y avait dans ce lieu même un beau jardin zoologique. Ce jardin fut rasé sans autre forme de procès. Arrivé à Marsa-plage, ce qui dérange c'est le palais Ahmed Bey, délabré, agonisant, en ruine et qui se détériore irrémédiablement d'année en année. C'est un spectacle désolant et là je m'adresse à Monsieur le Maire, mais surtout à Madame Radhia Ben Mrad, présidente de l'association de sauvegarde de la ville de la Marsa, pour lui dire : Quel avenir pour ce palais historique ? Ne peut-on pas négocier avec ses co-propriétaires pour l'acheter et le restaurer et en faire un musée. Par contre, le café Saf-Saf est beau, le café Haouasse aussi tous deux, bien relookés. Bravo, le boulevard des dattiers est magnifique avec ses cafés et ses somptueux immeubles, un joli hôtel, cinq étoiles, qui pousse merveilleusement mais juste à côté, le pont en acier, par où passait jadis le train jaune, et en piteux état. Si vous jetez un coup d'œil par dessous vous n'oserez plus le traverser ni à pied ni motorisé, car ce vieux pont bicentenaire est ravagé, par la rouille. Sûrement qu'il n'a pas été peint depuis des décennies. Si la Marsa avait la Tour Eiffel, elle se serait écroulée depuis belle lurette, faute d'entretien, mais où est Monsieur le Maire ? La coupole (Kobet Lahoua), résidence de villégiature de Ahmed Bey, aujourd'hui transformé en bar-restaurant. Quel triste sort pour un vestige historique ! Ne mérite-t-elle pas u n destin plus valorisant, plus digne ? La cabane de Saïfallah Bey bâtie au bord de l'eau, elle aussi a connu un lugubre parcours. Aujourd'hui décapite, lézardée, elle est devenue dépôt pour les pêcheurs. Est-ce ainsi qu'on préserve les vestiges anciens de la Marsa ? Monsieur le Maire. Madame la présidente de l'AS.V.M. Qu'en dites-vous ? Par ailleurs, est-ce que le stade Abdelaziz Chétioui est digne d'une équipe aussi prestigieuse que l'ASM. C'est un stade minable où joueurs et spectateurs se bousculent, les premiers sur un terrain minuscule, les seconds sur les gradins exigus. L'agrandir ! Est-ce possible ? A-t-on pensé à construire un stade plus grand ailleurs ? Et ce qui est vexant, c'est que la plupart des habitants nantis de la Marsa sont ou Clubistes ou Espérantistes. Et par conséquent, ils aident leurs équipes favorites et pour l'ASM pas un sou. En 1853, par apaiser les Parisiens mécontents et bouillonnants, l'empereur Napoléon III demanda à son préfet le baron Haussmann d'embellir Paris : « Je vois Paris dans cent ans » lui dit ce dernier qui était aussi architecte. Il rasa les vieux quartiers et fit construire de nouveaux immeubles, des rues larges, des boulevards spacieux, des jardins vastes. Il a planté des millions d'arbres. Le Paris moderne et futuriste d'aujourd'hui, c'est Haussmann. Les Champs-Elysées, les bois de Vincennes, les égouts, c'est lui. A-t-on un visionnaire qui aurait imaginé que la Marsa serait aggrandie et élargie du côté de la cité Erriadh, le Tabag, la rue Hédi Chaker, aurait du être dix fois plus large. Aujourd'hui, des embouteillages immenses dans presque toutes les rues ralentissent la vie des usagers. Dès qu'il pleut, ces rues étroites se transforment en oued et par la suite en lac, une mise à niveau des trottoirs est indispensable. Et pour récupérer les eaux pluviales en début des descentes, créons des caniveaux transversaux à grille. A vrai dire, la Marsa est la ville de tous les paradoxes où se mêlent et se côtoient le beau et le laid, de beaux quartiers agréables bien aérés bien aménagés à côté de quartiers étroits construits sans aménagement sans jardins de belles avenues, larges et bien tracées, à côté de ruelles étroites et tortueuses. Franchement, la ville de la Marsa mérite mieux. Il lui faut un maire visionnaire, qui sait respecter son passé historique en réalisant la réhabilitation de tous ses monuments historiques du moins ce qui en reste, mais aussi qui sait penser à son avenir en entretenant son infrastructure en élargissant ses routes en agrandissant ses lieux de plaisance. Il lui faut des responsables qui diront d'une seule voix : « Nous voyons La Marsa dans cent ans ».