Le Parti Républicain semble peiner à choisir son camp durant la prochaine étape. Ce parti né d'une fusion entre des formations centristes , dont notamment le Parti Démocrate progressiste et Afek Tounes, est courtisé par les principales forces politiques du pays. Des concertations ont, en effet, eu lieu durant les derniers mois entre les dirigeants du Parti républicain et des représentants de Nida Tounes (L'appel de la Tunisie) de Béji Caïd Essebsi et de la Voie Démocratique et Sociale (Al-Massar) en vue de former un front démocratique capable d'équilibrer le rapport de forces politiques de faire contrepoids au mouvement Ennahdha . Ces pourparlers ont abouti à un accord de principe pour la création d'une alliance électorale. Deux autres partis ont également montré beaucoup d'enthousiasme pour cette alliance: le Parti du Travail Patriotique et Démocratique (PT ̈PD) de Abderrazak Hammami et le Parti Socialiste dirigé par Mohamed Kilani. Une nouvelle appellation à ce “ménage à cinq" a été choisie, en l'occurrence “L'Union pour la Tunisie". Coup de théâtre: à l'heure où l'on croyait que l'union entre ces cinq partis est scellée, une réunion s'est tenue, le 25 décembre dernier, entre les dirigeants du parti Républicain et ceux du “Front populaire", une coalition formée par une douzaine de partis de gauche dont le parti des Travailleurs de Hamma Hammami et le parti des Patriotes démocrates unifié (Al-Watad). A l'issue de cette rencontre considérée par les observateurs avertis comme étant un début de rapprochement entre le Parti Républicain et le Front populaire, dont les dirigeants excluent toute forme d'alliance avec Nida Tounes, les deux parties ont publié un communiqué commun qui évoque “la nécessité d'approfondir le dialogue et les concertations". Dialogue avec Ennahdha Le communiqué appelle également à coordonner les efforts des forces démocratiques pour rédiger la Constitution sur la base du principe de l'Etat civil, la souveraineté nationale et l'universalité des droits de l'Homme et consacrer la neutralité des ministères de souveraineté , dont notamment les ministères de l'Intérieur et de la Justice. Dans le même temps, le Parti Républicain a été approché par des dirigeants du mouvement Ennahdha qui souhaitent l'associer au prochain remaniement ministériel. Des concertations ont eu lieu dans ce sens, selon des sources concordantes. A en croire certains bruits de couloirs, Ennahdha aurait même proposé quelques portefeuilles au parti, une manoeuvre qui serait destinée à faire d'une pierre deux coups: élargir la coalition gouvernementale et isoler Nida Tounes. Ces tractations seraient à l'origine d'un coup de froid dans les rapports entre le Parti républicain et Nida Tounes. Dans une interview publiée le week-end dernier par le journal “Le Maghreb", le leader de Nida Tounes, Béji Caïd Essebsi a fait remarquer que le Parti Républicain est “libre de se retirer de l'Union pour la Tunisie ou d'y retser", tout en indiquant que les dirigeants de ce parti voient d'un mauvais oeil l'alliance avec le Parti socialiste et le PTPD. Selon lui, le Parti exigerait aussi l'appui de la candidature de Ahmed Néjib Chebbi aux élections présidentielles. Interrogé sur le risque de voir le parti républicain s'allier avec Ennahdha en cas de veto contre ses revendications, Caïd Essebsi s'est contenté de répondre: “peut être que c'est déjà fait"! Position encore ambiguë Est-ce, donc, la fin de la lune de miel entre Nida Tounes et le Parti Républicain ? Invité, hier, à commenter ces derniers développements sur les ondes de la radio Shems FM, Ahmed Néjib Chebbi est resté très évasif sur les futures alliances de son parti. Qualifiant les déclarations de Béji Caïd Essebsi de “tirs amis", il s'est contenté de dire qu'il va essayer de dissiper les malentendus avec Nida Tounes. “J'ai été surpris par les dires du leader de Nida Tounes, mais je ne veux pas polémiquer là dessus", a-t-il déclaré. Et d'ajouter : “le Parti Républicain n'a jamais évoqué la question de ma candidature aux présidentielles. Il ne s'est pas aussi opposé à l'élargissement du front démocratique à d'autres partis". Au sujet du rapprochement de son parti avec le Front Populaire, M. Chebbi a indiqué que la rencontre entre des représentants deux parties se situe dans le cadre de la coordination. S'agissant de son éventuelle participation au gouvernement, le président de l'instance politique du Parti Républicain a confirmé l'existence de contacts dans ce sens avec des dirigeants d'Ennahdha. “Des contacts entre les dirigeants des deux partis ont eu lieu de façon informelle, mais aucun portefeuille ministériel précis ne nous a été proposé", a-t-il souligné. M. Chebbi a , par ailleurs, posé des conditions avant de rejoindre la coalition gouvernementale, en l'occurrence un calendrier électoral précis, des ministères de souveraineté neutres, un gouvernement restreint et non basé sur la logique des quotas entre les partis. “Au cas où ces conditions seront satisfaites, nous pourrons discuter de notre entrée au gouvernement", a-t-il dit. Quoi qu'il en soit, le doute plane désormais sur les futures orientations du parti Républicain et de Ahmed Néjib Chebbi , dont le parcours politique est, pour le moins, sinueux. Le fondateur du PDP qui a entamé sa carrière politique comme un militant du parti Baâth a flirté avec le courant marxiste. Il s'est par la suite rapproché avec les islamistes en 2005 avant de leur fausser compagnie après la chute de Ben Ali...