Le ‘'prime time'' est désormais réservé à un feuilleton turc Changement d'horaire de l'émission à vocation socio-politique ainsi que la réduction de la durée de son passage et de sa périodicité. Cela provoque un tollé dans la société civile et dans le milieu journalistique qui répugnent des pratiques politiques, rappelant d'une époque qu'on croyait à jamais révolue. A écouter la déclaration pour le moins tonitruante de Houcine Jaziri, il y a quelques jours sur Al Watania 1, on dira que de mauvais jours attendent la liberté d'expression sous nos cieux. Sur le plateau de l'émission de Amel Chahed, le secrétaire d'Etat chargé de l'Immigration et des Tunisiens à l'Etranger suggère « de diminuer le nombre des émissions qui critiquent Ennahdha et le gouvernement ». Il rappellera, au passage, la présentatrice de quelques règles déontologiques... On aurait cru, par moments, que ces critiques acerbes à l'endroit de Amel Chahed s'arrêteront le temps de l'émission. Que Nenni. L'intervention de Ridha Kazdaghli, dans une autre émission « Politique Show » est venue apporter de l'eau au moulin. L'éminent universitaire qu'il est, est certainement bien placé pour juger du respect des règles déontologiques par les journalistes, lui qui, enseignait à l'Institut de presse et des sciences de l'information. Mais lui aussi est aujourd'hui au gouvernement de Jébali et ses déclarations l'engagent en tant que responsable de l'information au Premier ministère. Peut-on être juge et partie à la fois ? C'est là toute la question. Quoi qu'il en soit, les faits sont là. Amel Chahed apprend le changement d'horaire de son émission à vocation socio-politique ainsi que la réduction de la durée de son passage et de sa périodicité. Désormais, « Bitawqit al oula » passera uniquement les lundis et mercredis au lieu de quatre fois par semaine. Elle est programmée entre 18h20 à 19h alors qu'elle passait en prime time entre 19h00et 20h00, plage horaire qui sera meublée par un feuilleton turc. On n'a pas besoin qu'on nous fasse un dessin pour comprendre que l'émission dérange et que son contenu fait grincer des dents à plus d'un. Dans les couloirs de l'ETT comme ailleurs, dans le milieu journalistique, des remue-ménage sont provoqués par cette décision jugée intempestive puisqu'on met en cause le retour de la censure en bonne et due forme. Cela provoque un tollé dans la société civile où des personnalités répugnent des pratiques politiques, relents d'une époque qu'on croyait à jamais révolue. Sur les ondes de Mosaïque FM, Om Ziad, journaliste et activiste de la société civile parlera de « la volonté de mettre le grappin sur les médias. » Lotfi Azzouz, le directeur du bureau tunisien d'Amnesty international écrira sur sa page Facebook « que le feuilleton des poursuites des journalistes continue et au grand dam de la liberté d'expression. La censure de l'émission est une manière de montrer la volonté du pouvoir exécutif de brimer médias et journalistes. » Amel Chahed qui a réagi sur les ondes de Shems FM, préfère ne pas commenter les faits, mais de parler « d'une décision unilatérale ». Une question nous brûle les lèvres dans la foulée : qui décide de quoi, quand et comment à l'ETT. Et puis aussi, comment évalue-t-on l'utilité d'une émission comme de sa futilité ? Une chose est sûre pourtant : le contribuable qui paye sa redevance à cet imposant établissement, mérite mieux qu'un feuilleton turc qui servira par ces temps qui coulent, à faire diversion, avant même de servir de programme de divertissement.