Le Temps-Agences- Des combattants d'Al Qaïda ont enlevé quinze femmes et enfants après avoir été repoussés par des activistes sunnites durant l'attaque de deux villages au nord de Bagdad, où les combats se sont soldés par 32 morts, rapporte la police irakienne. Ces affrontements, d'une ampleur peu fréquente, illustrent l'antagonisme de plus en plus marqué entre divers groupes sunnites et Al Qaïda que les forces américaines cherchent à exploiter pour mettre fin aux violences interconfessionnelles. Selon la police, quelque 200 hommes en armes ont envahi aux premières heures de la journée les villages de Cheikh Tamim et d'Ibrahim Yehia, dans la province de Diyala située au nord de la capitale, après avoir procédé à des tirs de mortiers. Cette attaque a eu lieu en dépit d'une offensive américaine déclenchée en juin dans cette province contre Al Qaïda et des insurgés sunnites qui occupaient en partie Bakouba, la capitale régionale, et s'en servaient de base arrière pour des opérations dans Bagdad. Le général Ali Delayan, chef de la police de Bakouba, a déclaré à Reuters que 22 habitants et dix hommes d'Al Qaïda avaient trouvé la mort dans les affrontements. Des habitants blessés ont dit que les villageois soutenaient le groupe sunnite insurrectionnel baptisé Brigade de la Révolution de 1920 (année où débuta le mandat britannique sur l'Irak, précédemment sous domination ottomane). Delayan a fait savoir que les assaillants s'étaient enfuis en prenant huit femmes et sept enfants en otages. Une mosquée commune aux deux villages a été détruite durant les combats et son Imam est au nombre des morts, a-t-il ajouté. Les activistes d'Al Qaïda avaient pilonné les villages au mortier avant d'y pénétrer, a indiqué Delayan. Des roquettes RPG ont été utilisées au cours de l'opération et trois habitations ont été détruites. Selon Delayan, l'affrontement armé entre Al Qaïda et la Brigade de la Révolution de 1920 - qui a récemment pris ses distances envers le réseau islamiste - a fait suite à l'exécution de quatre hommes, dont l'Imam de la mosquée. La police dit avoir fait prisonniers 22 assaillants. Le gouvernement irakien à dominante chiite et l'armée américaine considèrent toujours Al Qaïda comme le principal obstacle à la stabilisation de l'Irak, même si ses recrues ne représentent qu'un faible pourcentage des activistes sunnites et que beaucoup de ses dirigeants ont été tués ou capturés. Le mouvement est dirigé de l'extérieur bien qu'un grand nombre de ses activistes soient irakiens. La plupart des attentats suicides au véhicule piégé qui font des morts par centaines sont imputés à Al Qaïda. L'armée américaine estime que ses poseurs de bombe sont en majorité étrangers et se rendent en Irak via la frontière syrienne. Washington a porté à 160.000 hommes ses effectifs en Irak pour contrer les violences intercommunautaires et permettre au gouvernement du Premier ministre chiite Nouri Al Maliki de négocier un compromis politique avec les belligérants. Mais l'ambassadeur des Etats-Unis à Bagdad a jugé "extrêmement décevant" cette semaine le rythme des progrès politiques, et Bush lui-même n'a exprimé qu'un soutien assez tiède à Maliki en raison de la lenteur des réformes attendues.