Lundi 14 janvier, date symbolique pour notre Tunisie nouvelle qui fête la 2ème année de la Révolution, l'Orchestre Symphonique Tunisien, sous la conduite des frères Makni, célèbre à sa manière, la plus belle, cet anniversaire qui a conduit le pays à se libérer du joug de la dictature. On avait quelques appréhensions que le Théâtre Municipal, un haut lieu de la Révolution, reste désert. Mais le public, toujours prêt à nous surprendre, est venu en nombre respectable assister à ce premier concert de musique symphonique de l'année 2013. La première partie de la soirée a été assurée par Hafedh Makni. C'est sans micro et sous une acoustique bien en point que le chef d'orchestre dirige ses musiciens d'âge et de sexes différents. L'entame est revenue au grand musicien autrichien Amadeus Mozart (1756-1791), enchainement avec le génois Paganini (1782-1840) et son compatriote le romain Rossi et son fameux morceau fort applaudi, « Un italien à Alger. En fin pédagogue, Hafedh Makni a réservé la fin à Suppé, compositeur autrichien du XIXème siècle spécialisé dans les opérettes et peu connu par les profanes. Intitulé « Poète et paysan », l'extrait a permis de mettre en valeur le violoncelle, un instrument souvent négligé dans les orchestres. Sous le signe du 29 La deuxième partie du concert est revenue à l'autre frère, l'aîné de la famille Mohamed Makni qui a élu domicile depuis 1983 à Toulouse (France). Hafedh reprend sa place de violoniste et se laisse conduire par son frère. Au cours des 29 ans d'exil artistique, Mohamed Makni n'a pas perdu son temps, il a composé 29 symphonies à raison sans doute d'une symphonie par an. Ouverture avec « Méditerranéen », puis enchainement avec « Airs du désert », symphonie dédiée à l'illustre poète Abou Kacem Chebbi et ce à l'occasion du centenaire de sa naissance, « Romance » et clin d'œil à Brahim Bahloul, un autre musicien qui fêtait ce soir là son anniversaire. Et puis arrive enfin, le clou de la soirée, une symphonie en quatre mouvements composée spécialement pour la Révolution. Interprété par l'excellent baryton Haythem Rafrafi, le morceau cible surtout les jeunes en ces termes : « Nous avons vieilli (haremna) pour atteindre ce moment historique... Nous avons vieilli mais nous n'avons jamais perdu espoir ». Mohamed Makni jongle avec maitrise et bonheur en dirigeant ce morceau. Et pour bien faire, il offre à l'assistance enjouée, l'hymne national tunisien et un brin de folklore avec Sidi Mansour. Pour ses retrouvailles avec le public tunisien, le chef d'orchestre s'en donne à cœur joie et on le sent prêt à se dépenser davantage, presque à se faire des ailes et s'envoler dans l'enceinte de la bonbonnière qui lui a rendu un vibrant hommage en lui consacrant une standing ovation. En somme, une belle soirée et la suite de l'histoire, le mois prochain.