“Le remaniement doit respecter les principes d'un large consensus et d'un partenariat effectif entre les composantes de la nouvelle équipe gouvernementale", déclare le porte-parole du parti Mohamed Bennour Après avoir mis la barre très haute et conditionné son maintien dans la troïka au pouvoir à des changements à la tête des ministères de souveraineté, le Forum Démocratique pour le Travail et les Libertés (FDTL/ ou Ettakatol) semble évoluer vers des positions moins tranchées en ce qui concerne le remaniement ministériel. Bien qu'il menace toujours de claquer la porte de la coalition tripartite majoritaire au sein de l'Assemblée Constituante (ANC) et du gouvernement, ce parti social-démocrate laisse la voie ouverte à un arrangement avec ses partenaires. A l'issue d'une réunion extraordinaire de son Bureau Politique tenue dans la nuit de jeudi à vendredi, Ettakatol a posé des conditions moins draconiennes pour rester dans la coalition gouvernementale. Il s'agit essentiellement d'une ouverture plus large sur d'autres partis politiques en ce qui concerne le remaniement ministériel et d'un partenariat réel entre les composantes de la coalition qui dirige le pays. “ Nous exigeons que le remaniement doit respecter les principes d'un large consensus dans le sens d'une ouverture sur le maximum d'autres formations politiques “, déclare le porte-parole du parti Mohamed Bennour. Et d'ajouter: “ ce choix a toujours été défendu par Ettakatol qui avait plaidé au lendemain des élections du 23 octobre 2011 pour un gouvernement d'intérêt national". M.Bennour précise aussi que plusieurs personnalités indépendantes et partis politiques, dont notamment l'Alliance Démocratique, sont prêts à intégrer la coalition gouvernementale sans poser des conditions drastiques et peu réalistes. Partenariat effectif Ettakatol exige également, selon la même source “ un partenariat effectif entre les composantes de la nouvelle équipe gouvernementale qui se traduit par des concertations approfondies entre toutes les parties avant la prise de toutes les décisions en matière des nominations des responsables ou du choix des membres des instances de régulation comme celles des médias ou de la magistrature". Qu'en est-il alors de la position exprimée jeudi par Jalel Bouzid, membre du bureau politique d'Ettakatol et selon lesquelles le parti fondé par Mustapha Ben Jaâfer exige le limogeage des ministres des Affaires étrangères et de la Justice et plaide pour la nomination de personnalités indépendantes à la tête des ministères de souveraineté ? “Cette position avait été exprimée avant la réunion extraordinaire du Bureau Politique. Elle constitue une position personnelle d'un membre de ce Bureau. Ettakatol n'exige pas le départ des ministres des Affaires étrangères et de la justice mais un large consensus, un réel équilibre au niveau de la coalition gouvernementale et des concessions réciproques", précise Mohamed Bennour. Selon lui, le principe de la neutralité des ministères de souveraineté est “difficile à réaliser d'autant plus qu'il n'y a pas vraiment des personnalités totalement indépendantes". Manœuvre politique? Selon certains observateurs Ettakatol a pondéré sa position après la menace du mouvement Ennahdha de retirer la confiance au secrétaire général du parti Mustapha Ben Jaâfer, qui doit son élection à la tête de l'Assemblée Constituante à son alliance avec Ennahdha et le Congrès pour la République. Le président du Conseil de la Choura d'Ennahdha a , en effet, fait savoir jeudi que le retrait d'Ettakatol de la Troïka pourrait signifier une remise en question du poste du Président de l'Assemblée constituante. Les dirigeants d'Ennahdha semblent , par ailleurs, avoir compris que la menace de retrait de leur allié de centre-gauche n'est autre qu'une manœuvre politique. Le Chef du gouvernement Hamadi Jebali n'a pas d'ailleurs accordé beaucoup d'importance à cette menace. Il s'est contenté de déclarer, jeudi, qu'"Ettakatol est libre de se retirer ou de rester dans la troïka". Plus explicite, Riadh Cheîbi, membre du Conseil de la Choura d'Ennahdha est allé jusqu'à affirmer que le parti de Muspaha Ben Jaâfer “ne se retirera pas du gouvernement" et que ses menaces “se situent dans le cadre des manœuvres politiques visant à engranger le maximum de dividendes politiques". Cette hypothèse est d'autant plus plausible que le comité de coordination de la Troïka a évoqué des changements au niveau des postes de ministres du Tourisme, de l'Education et de secrétaire d'Etat auprès du ministres de l'Intérieur, qui sont tous aux mains de membres d'Ettakatol.
Walid KHEFIFI Le remaniement concernera cinq ministères techniques Le Président du Conseil de la Choura d'Ennahdha , Fethi Ayadi, a affirmé, hier, que le remaniement ministériel ne devrait pas toucher les ministères de souveraineté. Selon lui, il est en revanche désormais sur que ce remaniement concernera cinq ministères à caractère techniques, en l'occurrence l'Industrie, le Commerce, l'Environnement, l'Education et le Développement régional. M. Ayadi a, par ailleurs, fait savoir que les membres de la coordination de la Troïka se sont mis d'accord sur un programme d'action pour la période à venir. ce programme est fondé notamment sur l'accélération du lancement des projets de développement dans les régions intérieures, l'amélioration de la situation sécuritaire dans le pays, la lutte contre la corruption et la création de l'emploi.