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Cause toujours...
Bouillie politique et mélange des genres
Publié dans Le Temps le 19 - 01 - 2013

Qu'est-ce que nous n'avons pas encore dit ? Pratiquement tout. Qui n'a pas encore parlé ? Quasiment personne. Quel est le crime perpétré par ce qu'on appelle les « ligues de protection de la Révolution », les imams fanatiques et les « Salafistes » que nous n'avons pas dénoncé et condamné?
Aucun. A-t-on fermé les yeux sur les dépassements récurrents du gouvernement? Jamais. Cela fait plus d'une année que notre espace public connaît un bouillon d'idées et de positions antagonistes. Cette dynamique sociale est assurée par les acteurs de la communication politique qui sont les politiciens, les journalistes et le public ; chacun d'eux participe à sa manière à l'animation de la vie politique dans le pays. Ils ont beau revendiquer la réalisation des objectifs de la révolution, l'instauration de la justice transitionnelle, la constitution des instances indépendantes des élections, de la justice et de l'information, la réforme de l'administration..., mais ils n'ont réussi qu'à faire couler beaucoup d'encre et de salive : les commentaires et critiques jalonnent les colonnes des journaux et magazines et se bousculent sur les ondes de radio et les chaînes de télévision. En dépit de cette grande mobilisation et cette action soutenue, on garde le statu quo à tous les niveaux, plutôt, on régresse, et ce qui rend la situation presque chaotique c'est l'installation de la violence politique.
L'exemple algérien
Ce que nous vivons, actuellement, au niveau médiatique nous rappelle ce qui se passe en Algérie. Effectivement, quand vous parcourez les journaux de ce pays voisin, vous vous imaginez que vous êtes dans le foyer même de la démocratie, puisque on y parle de tous et de tout, rien, ni personne n'est épargné même pas le président de la République et ses ministres. Dans les journaux algériens, on dénonce la corruption et la malversation quel que soit le statut de leurs auteurs. Les transactions publiques douteuses conclues par des responsables politiques ou administratifs et le trafic des gangs sont, systématiquement, dévoilées. Les journalistes algériens ne se taisent jamais devant l'abus du pouvoir d'où qu'il vient, ils ne craignent aucune autorité. Dans l'accomplissement de leur noble mission, ils n'écoutent que leur courage, un courage qui s'est consolidé davantage pendant la décennie du fanatisme meurtrier qui a assassiné plusieurs d'entre eux. Cependant et malgré tous ces atouts, le journalisme algérien ne parvient pas à agir sur la réalité. Manifestement, elle lui échappe et reste, totalement, indomptable : tout ce qui est dénoncé continue à se reproduire en toute impunité. La presse, dans ce pays frère, ne réussit pas encore à devenir un vrai 4ème pouvoir limitant l'action des autres pouvoirs.
Ni vu, ni connu
Nos médias n'arrêtent pas de formuler des critiques à l'endroit du gouvernement, de l'ANC et du président de la République, mais tout se passe comme si de rien n'était. On ferme les yeux pour ne rien voir et on bouche les oreilles pour ne rien entendre et on continue, tranquillement, son bonhomme de chemin. Ces autorités dénoncées au quotidien et en des termes pas tendres du tout nous donnent l'impression qu'elles tirent profit de ces critiques acerbes, qui, apparemment, nourrissent leur pouvoir discrétionnaire et discriminatoire, elles lui servent à monnayer un visage faussement démocratique. Les députés auxquels nous avons confié notre avenir se sont montrés avides de richesse et ne prennent notre défense que lorsqu'il s'agit de concéder des mots, mais quand il est question de défendre des intérêts matériels, là, ils prennent leur propre parti appliquant, superbement, la maxime qui dit charité bien ordonnée commence par soi-même. Quant au gouvernement, il jongle, toujours, avec le double discours : d'un côté, il nous miroite la prospérité et la paix, de l'autre, il continue à appliquer le même modèle de développement de Ben Ali et sa politique d'endettement, qui ont causé la misère du peuple et déclenché le mouvement révolutionnaire, et à défendre ces milices qui terrorisent les citoyens.
Les « enfants de la patrie »
Ces « enfants » de « Ennahdha », qui rappellent à ses vétérans leur « jeunesse », continuent leur jeu d'enfant, et les groupes de « 0,.. » ignorent, toujours, cette innocence et veulent les traiter comme des adultes responsables. Décidément, ils sont plus sévères que la loi qui leur réserve un traitement favorable en raison de leur minorité, elle est plus clémente qu'eux. En fait, plusieurs de ces miliciens sont recrutés parmi les mineurs et en particulier les collégiens et lycéens. Cette jeune armée est embrigadée par les « émirs » des quartiers populaires dont certains sont presque transformés en casernes. L'insécurité devient le lot quotidien du citoyen tunisien qui se trouve obligé d'adapter son comportement à cette nouvelle réalité en évitant certains endroits risqués. Face à ce danger qui guettent les Tunisiens et menace leur avenir, le gouvernement réitère son soutien inconditionnel à ces milices et se contente de « dénoncer la violence d'où qu'elle vienne » quand la société civile indignée se mobilise. Donc, il ne condamne même pas l'acte en question par cette phrase évasive que même Ben Ali prononçait pour calmer les esprits à chaque fois que la répression dépassait un certain seuil. Et comme il ne veut pas être en reste, le président de la République manifeste, lui aussi, son appui à ces « ligues de protection de Ennahdha » en les accueillant dans son palais présidentiel.
Une guerre ouverte
Deux jours après cet accueil chaleureux, ces dernières ont fait un grand show le 14 Janvier, sur l'Avenue en provoquant la foule nombreuse venue commémorer ce jour de triomphe provisoire. Parmi les membres de la société civile, il y avait l'ex secrétaire général du SNJT, Néji El Bghouri, et le membre du bureau actuel de ce syndicat, Zied El Héni. Ils étaient insultés, molestés et menacés de mort au vu et au su des forces de l'ordre qui leur ont déclaré qu'elles n'avaient aucune autorité sur ces miliciens. On a du mal à comprendre comment le syndicat des forces de l'ordre ne bronche pas face à ces hors-la-loi auxquels « Ennahdha » lâche la bride et qui sont responsables de violence dans laquelle elles se trouvent, parfois, impliquées sans qu'elles ne le soient vraiment. Cependant, les forces de l'ordre ne pourraient pas décliner toute responsabilité lorsque ces « ligues » agissent de concert avec elles contre les citoyens comme c'était le cas ou lors des événements de la semaine en cours. Ces milices n'ont pas chômé ces derniers jours, ils ont pratiqué leur sport favori au Kef, en coordonnant leur action à celle des agents de l'ordre, et à Gafsa contre le membre de la direction nationale du Parti des Travailleurs, Ammar Amroussia qui a manifesté avec d'autres citoyens de la région contre le limogeage du PDG de Phosphates Gafsa défendu par les fonctionnaires et leur syndicat pour son savoir-faire aussi bien au niveau professionnel que sur le plan de la gestion du personnel.
L'incompétence, la règle
A propos de ce limogeage, « Ennahdha » montre encore une fois qu'elle privilégie les accointances aux dépens des compétences négligeant ainsi même la règle élémentaire pratiquée en sport qui dit qu'on ne change pas une équipe qui gagne. La série de nomination des proches dans les postes clés en vue de mettre la main sur les rouages de l'Etat est loin d'être close. Il est clair que par ces recrutements malvenus, le parti au pouvoir s'entête à renforcer son incompétence flagrante dont les empreintes sont, clairement, visibles dans tous les domaines, à s'enfoncer et à entraîner avec lui le pays encore plus dans le gouffre. Cette option pour l'incompétence est la ligne de conduite annoncée par « Ennahdha » depuis son accession au pouvoir avec la nomination d'un ex joueur de football dépourvu de tout diplôme à la tête du ministère des sports et de la jeunesse. Avec lui, le sport connaît une restructuration profonde : les dirigeants ne sont plus choisis en fonction de leur niveau d'instruction mais sur la base de leurs performances sportives qui restent, toutefois, à vérifier pour quelques uns. En effet, le président d'une fédération de sport de combat est détenteur d'un bac-........ à l'image de son patron, Mr le ministre. Il est à craindre que la contamination ne se propage davantage et que cette politique ne soit généralisée non seulement dans ce ministère mais dans d'autres.
L'alternative ?
Ces choix stratégiques sont en train d'accélérer la transition vers le 6ème califat, et nous de notre côté, nous ne faisons que compter les dégâts. « Ennahdha » refuse de dissoudre ses milices et de renoncer aux ministères de souveraineté, les conditions indispensables de l'organisation des élections honnêtes, transparentes et libres. Et l'opposition refuse, bien évidemment, de participer à ce jeu sans la réunion de ces conditions élémentaires, les garantes de la démocratie. Le gouvernement refuse beaucoup d'autres choses comme le dialogue national, la justice transitionnelle, la mise en place des instances indépendantes de l'information, de la justice, des élections... il refuse même ces dernières, puisqu'il n'arrête aucun agenda, fait cavalier seul et continue à agir en dehors de tout consensus. Nos plumes sont épuisées et nos voix enrouées, alors que le pouvoir est bien renforcé et leurs caisses sont bien renflouées. On se demande quelle sera l'alternative, est-ce que l'opposition va poursuivre sa contemplation du spectacle de très mauvais goût tout en se contentant de placer quelques contestations ici et là et d'organiser des marches à l'occasion des jours des fêtes, et les médias vont continuer à dénoncer les abus et crimes en disant ce qu'ils veulent, pendant que « Ennahdha » fait ce qu'elle veut ? Ou bien on emprunterait une autre voie qui ne serait pas loin de celle qu'on a suivie il n'y a pas longtemps ?


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