Royaume-Uni – USA : Le maire de Londres traite Trump de raciste et de sexiste    USA : La Chambre des représentants américaine contraint Biden à soutenir militairement Israël    Hatem Mziou : la réponse du président était positive    Mandat de dépôt contre Saadia Mosbah    Tunisie au Sommet de Manama : Soutien Inébranlable à la Palestine    Faible croissance en Tunisie : Analyse du premier trimestre 2024    Basket – Pro A : résultats complets de la J2 play-out (vidéo)    Tunisie – Sousse : Arrestation d'une femme qui vendait des kits pour la triche au bac    Palestine : la Tunisie s'oppose aux frontières de 1967 et à la solution à deux Etats    Tunisie – METEO : Nuages denses et pluies éparses sur le sud    Voici le taux de Chômage des femmes diplômées du supérieur    Urgent : Bonne nouvelle pour les supporters de l'EST    Bank ABC sponsor de la paire Padel Hommes    GITEX AFRICA Morocco 2024 : Un moteur pour l'avancée transcontinentale vers un futur d'IA, préparant la région à entrer dans une nouvelle ère numérique.    Saison estivale : Les préparatifs avancent à grands pas    La Fifa envisage des matches de championnat à l'étranger    Riadh Daghfous : Le nouveau variant 'Flirt' du Coronavirus jugé non dangereux    Un mail du procureur de la République de Versailles ? Gare à cet hameçonnage    Accès gratuit aux musées et sites historiques à l'occasion de la Journée internationale des musées    Kef: Des blessés dans une collision entre un louage et une voiture    Coupe de Tunisie : Les arbitres des huitièmes de finale    Gaza : Tsahal admet avoir tué ses propres soldats, la 3e bourde depuis le 7 octobre    Hajj 2024 : le Groupe Saudia annonce le plan de la saison du Hajj    100 dossiers de recours approuvés pour les enseignants suppléants    DECES ET FARK : Naceur BELTAIEF    Le chef de l'Etat reçoit la ministre de la Justice : «Il n'y a pas d'escalade avec les avocats comme on laisse entendre ... mais nul n'est au-dessus de la loi »    En guise d'un sixième blanc : Nos élèves, aujourd'hui, à l'épreuve    76e anniversaire de la Nakba : La Tunisie célèbre la résistance du peuple palestinien    En bref    Wafa Ghorbel, lauréate du prix spécial du jury au Comar d'Or, à La Presse : «Mon roman libère la parole des laissés-pour-compte de la société»    Le CAB affronte Sakiet Eddayer en Coupe : Les espoirs reposent sur le cru !    El Amra : des affrontements entre Subsahariens font plusieurs blessés    Ligue des champions – L'EST prépare la finale devant Al Ahly (Ce samedi à Radès – 20h00) : Rééditer le scénario de Mamelodi Sundowns !    Abdallah Laabidi : la Tunisie vit dans l'isolement depuis des années    L'ES Métlaoui battue en déplacement : Le doute qui s'installe !    Kais Saied : Priorité à l'harmonisation du travail gouvernemental    Baisse de la production nationale de pétrole brut et gaz au premier trimestre    « Faites-vous plaisir » dans l'un des hôtels Iberostar en Tunisie    Premier trimestre 2024 : l'économie tunisienne enregistre une croissance de 0,2%    Tunisie : Le Président Kais Saied souligne l'importance du respect de la loi pour la sécurité nationale    Nakba 1948, Nakba 2024 : Amnesty International dénonce la répétition de l'histoire    Urgent : Une secousse sismique secoue le sud-ouest de la Tunisie    Le roi Charles III dévoile son premier portrait officiel    Carthago Delenda Est : la locution imprimée sur le T-shirt de Zuckerberg qui a offensé les Tunisiens    Festival de Carthage: Les préparatifs avancent à grands pas    Mark Zuckerberg : Carthage doit être détruite !    Tunisie: Le t-shirt de Mark Zuckerberg enflamme les réseaux sociaux    À la Galerie Selma-Feriani : Image, récit et représentation    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Le choc des civilisations
Deux ans après la Révolution en Egypte
Publié dans Le Temps le 25 - 01 - 2013

Deux ans après la révolution qui a renversé celui qui était surnommé «le dernier Pharaon», l'Egypte est le théâtre d'un grand choc des civilisations : la culture de la vallée fertile du Nil face aux us et coutumes des dunes du désert arabique.
Le choc dépasse, en effet, la dimension politique – islamistes et anti-islamistes – pour atteindre ce qui constitue l'essence même de la civilisation égyptienne, sa culture.
Ceux qui vont descendre ce vendredi 25 janvier place Tahrir et ailleurs en Egypte ne cherchent pas tant à arracher le pouvoir aux Frères (Ikhwan) musulmans qu'à les empêcher de « ikhwaniser » la vallée du Nil.
Et ce n'est pas le voile islamique ou la dévotion religieuse qui sont en jeu. La majorité des opposantes aux Ikhwan sont voilées et la plupart des opposants sont musulmans pratiquants. Mais il s'agit d'un autre islam. Un islam ouvert et tolérant, reflétant la culture millénaire de l'Egypte face à l'islam wahhabite et taliban.
La vraie bataille est donc d'ordre culturel : d'un côté, les modernistes et les « libres penseurs », de l'autre les fondamentalistes et les adeptes de la « pensée unique ». Les premiers ont déclenché la révolution mais les seconds en ont profité. Ils ont remporté les élections législatives et présidentielles sans oublier le référendum contesté sur la Constitution. Avec leurs alliés salafistes, les Ikhwan estiment que leur heure est arrivée.
Dans la grande manifestation qu'ils avaient organisée devant l'université du Caire, n'ont-ils pas annoncé au reste des Egyptiens qu'en ce samedi 17 moharrem 1434 (1er décembre 2012) « l'Islam était enfin entré en Egypte ». Une manifestation qui a été l'occasion de descendre en flammes tous les journalistes, intellectuels et surtout artistes considérés comme des ennemis jurés de l'islam. C'est en effet les « artistes » qui font le plus de résistance multiforme aux sentences uniformes.
Une liste noire d'artistes
En tête de la liste noire dressée par les islamistes, figure celui qu'ils qualifient de « guignol » et d'« efféminé » : l'humoriste Bassem Youssef. Sur la chaîne satellitaire privée égyptienne CBC, son programme satirique Al Bernameg pulvérise tous les records d'audience en Egypte et dans le monde arabe. Ce chirurgien devenu humoriste grâce à la révolution et à Internet aurait même allègrement dépassé les 20 millions de téléspectateurs grâce à sa cible favorite : le président Mohamed Morsi ou « SuperMorsi », comme il se plait à le moquer.
Des poursuites judiciaires ont été engagées contre Bassem Youssef qui poursuit, en attendant, plus férocement que jamais. Il est vrai que la chaîne Kharabeesh qui produit des dessins animés sur Internet a déjà lancé un SuperMorsi il y a un an, qui a été vu plus de 700 000 fois.
Le président égyptien est aussi devenu rappeur malgré lui, grâce à un montage audio basé sur une chanson de Oka et Ortega, deux chanteurs très populaires en Egypte. Faible par rapport à Bassem Youssef dont un des épisodes a largement dépassé les 2 millions de vues sur YouTube. Pour les islamistes, dont certains viennent de décréter que le président était « Emir des croyants », les attaques contre Mohamed Morsi sont tout simplement un « blasphème » méritant la peine prévue par la charia : la flagellation.
Menaces et agressions envers les artistes
Mais les islamistes n'ont pas attendu le sarcasme de Bassem Youssef pour s'en prendre à « l'art dénué de morale » qui « véhicule des valeurs contraires à l'islam ». Beaucoup de candidats Ikhwan ou salafistes en avaient fait un thème de campagne aux législatives de 2011-2012.
Un exemple parmi tant d'autres, le Prix Nobel égyptien de littérature, Naguib Mahfouz, a été taxé de « mécréant dont les livres font la promotion de l'homosexualité et de l'athéisme ». Le groupe musical Eskendrella qui avait animé les longues nuits de la Place Tahrir durant le soulèvement contre Moubarak a été agressé par des islamistes pour avoir continué à chanter la révolution après l'arrivée des Ikhwan au pouvoir.
Le président Morsi a bien tenté l'approche « dialogue » qu'il affectionne en se réunissant en septembre avec des artistes au risque de se faire critiquer par des cheikhs salafistes. Comme avec les hommes politiques de l'opposition, le raïs les a entendus mais n'a tenu aucun compte de leurs revendications.
Dès qu'ils en ont l'occasion, les islamistes et le gouvernement effacent les graffitis, cette invention remontant aux Pharaons, pour parfois les remplacer par des versets du Coran. Les cheikhs de nombreuses mosquées vouent les artistes aux gémonies dans leur prêche du vendredi. Les artistes et les journalistes sont poursuivis en justice par des avocats Ikhwan quand ce n'est pas par la présidence elle-même.
Pour l'instant, seuls des blogueurs relativement inconnus ont été condamnés à des peines de prison. Mais l'épée de Damoclès reste suspendue sur la tête de tous les partisans de la liberté d'expression et de création. Une épée qui pourrait commencer à décapiter si les islamistes remportent les élections législatives prévues dans deux mois. Rien n'empêchera alors un Parlement dominé par les islamistes et doté d'une Constitution sur mesure, de forger un arsenal législatif répressif. Pour les artistes et autres créateurs, c'est une raison de plus pour descendre dans la rue et manifester contre les islamistes ce vendredi 25 janvier. (MFI)


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.