Le ministère de la Santé publique conteste les chiffres du laboratoire et évoque un taux de prévalence de 0,001% "Le médecin et secrétaire général d'un parti politique qui a évoqué ce taux de prévalence très élevé n'a jamais voulu livrer l'étude, ni la méthodologie utilisée par le laboratoire au ministère", précise Dr. Mondher Lounissi, chargé de mission au Cabinet du ministère de la Santé publique. Le secrétaire général de l'Union Populaire Républicaine (UPR), Lotfi Mraihi, a lancé, hier, une véritable bombe en déclarant que le taux de prévalence de l'hépatite C s'élève à 8,23% dans la délégation de Thala ( gouvernorat de Kasserine), soit un seuil épidémique 40 fois supérieur à la moyenne nationale. Intervenant dans l'émission "Expresso" d'Express FM, M. Mraïhi, qui est par ailleurs médecin, a indiqué que ce taux est issu d'une enquête réalisée en juillet 2011 auprès d'un échantillon représentatif de la population de Thala par un laboratoire local partenaire du groupe français Roche. M. M'raïhi, qui affirme avoir informé le ministère de la Santé publique des résultats de cette enquête, a fait savoir que le taux de prévalence enregistré à Thala est,énorme par rapport à la moyenne nationale en l'occurrence 0,2%. Il a aussi précisé que le taux enregistré à Thala est parmi les plus élevés dans le monde (15% en Egypte, 3,2% en Chine, 4% en Inde...), notant que "le laboratoire en charge de ce dossier a décidé d'arrêter les opérations de dépistage de l'hépatite C à Thala par peur des représailles". Selon M. M'raïhi, ce taux s'explique par l'état délabré des équipements médicaux dans la ville et par le fait que le personnel médical, par manque de moyens, ne prend pas les précautions d'usage pour éviter les contagions. L'hépatite C est une maladie contagieuse du foie, qui résulte d'une infection par le virus de cette maladie. Elle se manifeste avec une gravité variable, qui peut aller d'une forme bénigne qui dure quelques semaines à une maladie grave qui s'installe à vie comme la cirrhose ou le cancer du foie. La transmission du virus de l'hépatite C s'effectue le plus souvent par exposition à du sang infectieux dans des situations suivantes telles que la réception d'une transfusion sanguine, de produits sanguins ou d'un greffon contaminés; les injections réalisées avec des seringues contaminées, les blessures par piqûre d'aiguille en milieu de soins et l'utilisation de drogues injectables L'hépatite C peut se transmettre aussi lors de rapports sexuels avec une personne infectée ou encore lors du partage d'objets personnels contaminés par du sang infectieux, ce dernier mode de transmission étant moins courant. Enquête épidémiologique M. M'raïhi a, par ailleurs, plaidé pour une intervention rapide du gouvernement dans la délégation de Thala à travers la mise en place d'une unité spécialisée dans le dépistage et le traitement de l'Hépatite et le lancement d'une enquête épidémiologique sur la prévalence de l'hépatite C dans cette zone. Contacté à ce sujet, le ministère de la Santé publique a, toutefois, contesté les chiffres avancés par M. M'raïhi et mis en doute la véracité de ses propos. "Il y a environ une semaine , nous avons été contactés par M. M'raïhi qui voulait nous fournir des informations très importantes. Je l'ai très vite joint par téléphone et il m'a parlé de la prévalence élevée de l'hépatite C à Thala selon une étude réalisée par une institution de recherche. Suite à quoi , je lui ai demandé de nous livrer les résultats de l'étude et la méthodologie utilisée par ses auteurs", raconte le Dr. Mondher Lounissi, chargé de mission au cabinet du ministre de la Santé publique et professeur à la Faculté de médecine de Tunis. Et de poursuivre: " suite à notre entretien, M. M'raïhi m'a promis d'envoyer l'étude par fax, chose qu'il n'a jamais faite". Selon lui, les données du ministère de la Santé publique arrêtées au 31/12/ 2012 et relatives aux cas d' hépatite tous types confondus dans la délégation de Thala font ressortir un taux de prévalence 0,001% en 2012 (4 cas seulement en 2012 contre 36 cas en 20011 et 24 cas en 2010)., soit un taux de prévalence largement inférieur à la moyenne nationale( 0,2%). Dans tout le gouvernement de Kasserine, 31 cas d'hépatites tous types confondus ont été enregistrés en 2012, soit un taux de prévalence de 0,007%. Dr. Lounissi ne comprend pas, sur un autre plan, le bien-fondé de la décision du laboratoire d'arrêter ses opérations du dépistage comme le prétend M. Mr'aïhi. "Ce laboratoire n'a rien à craindre s'il est sûr que sa méthodologie répond aux normes scientifiques", a-t-il déclaré, tout en révélant que le ministère envisage de lancer bientôt une étude épidémiologique sur la prévalence et les causes des hépatites A, B et C à l'échelle nationale. Walid KHEFIFI NB : cette information est sortie en exclusivité sur notre journal en ligne Assabah News