A l'instar de son aînée, l'Union des Plasticiens Tunisiens (UPT), la Fédération Tunisienne des Arts Plastiques, née après la révolution organise annuellement une grande exposition au Palais Kheireddine. Elle en a déjà deux à son actif « Révélations » et « Variations ». Si on ne comprend ni l'intérêt, ni la différence entre les deux associations UPT et la FTAP, on ne peut que se féliciter de la multiplication des manifestations d'arts plastiques qui semblent gêner quelques fondamentalistes illuminés et qui considèrent l'art comme une injure. Les artistes se solidarisent et activent de plus en plus leur production pour marquer leur présence sur la scène tunisienne. L'exposition, qui se tient actuellement au Palais Kheireddine, réunit des œuvres dans différentes disciplines artistiques : peinture, sculpture, tapisserie, céramique, photographie et installation, réalisées par de jeunes artistes diplômés des écoles de beaux arts et quelques plasticiens étrangers résidents en Tunisie comme l'Américaine Jo Ann Morning, la Française Anne Marie Caria, le Tuniso-Algérien Noureddine Saidi et l'Irakien Ali Ridha qui a commencé sa carrière en Tunisie. L'exposition regroupe aussi plusieurs jeunes talents dont Asma Ben Hassine, Dalizar Chtourou, Akram Toujani, Riadh Souissi, Houda Ajili, Houda Rajeb, Kamel Brahim, Wissem Ben Hassine, Meriem Barka, Samir Fitouri et la liste est longue de ces artistes à la recherche d'un nouveau langage plastique adapté à la situation actuelle dans laquelle ils se débattent. Le cas de Mourad Harbaoui, présent à toutes les manifestations, et dont l'œuvre vire vers l'expressionisme avec une touche dramatique reflète justement les inquiétudes vécues par ses confrères et lui-même et ce, à la lumière des attaques successives qu'ils subissent de la part des ennemis de l'art. Il est difficile de s'attarder sur toutes les œuvres mais on peut souligner que les vétérans de la peinture tunisienne comme Abdelmajid Bekri, Abdelmajid Ben Massoued, Abdelmajid Ayed, ou encore Ali Batrouni et Khélil Gouia tentent de faire évoluer leur expression en peaufinant et la thématique et l'esthétique dont l'inspiration émane d'un patrimoine tunisien attaché à la fois à son identité berbère mais aussi à la modernité actuelle. Ce qui donne une belle fusion entre les époques et les langages artistiques variés. La photographie en pleine ascension de nos jours et surtout après la révolution, gagne de plus en plus du terrain. Depuis les vétérans tels Mohamed Ayeb, Néjib Chouk, Brahim Bahloul, et Abdelbacet Touati, aux plus récents comme Karim Kamoun, Wissem Jelassi, Oumaima Khalil, Tahar Ajroudi etc. investissent le champ en essayant de mettre en valeur l'aspect artistique pour éviter les écueils du réalisme cru. Par ailleurs, un hommage posthume sera rendu au grand peintre et sculpteur Amor Ben Mahmoud (1934-2009) qui a réalisé plusieurs monuments dont le plus célèbre celui de Séjoumi, dédié aux martyrs de l'indépendance de la Tunisie. Il est à rappeler que le FTAP a organisé, depuis sa création, il y a deux ans, une intervention artistique sur les piliers du pont de la République encore visible aujourd'hui sans compter les colloques de réflexion : un premier sur « le marché de l'art » (novembre 2011) et un deuxième sur « l'interférence des limites et l'éclatement des genres » (décembre 2012).