L'image qu'on nous a toujours donnée de l'imam, depuis que nous étions tout jeunes, c'est celle d'un homme digne, mais affable qui aime la paix et cherche le bien de tous. C'est tout à fait normal, car il agit au nom de l'Islam, qui est une religion de paix. Islam vient de Salam, qui signifie en arabe le salut et la paix. Quant au terme Imam, il étymologiquement issu du mot Amma, signifiant prendre une direction, se fixer une but, et en l'occurrence, c'est la direction de Dieu. C'est le cas de tout le peuple musulman, réuni dans la Oumma, la nation qui a choisi la direction de Dieu. Un imam ne peut jamais être hargneux ni provocateur, car la hargne et la grogne n'existe pas sur le chemin de Dieu et encore moins dans les mosquées, qui sont les maisons de Dieu. « Des maison que Dieu a permis d'élever et où Son Nom est évoqué ». Mais lorsque la mosquée devient un lieu de tension et de provocation, cela risque de la dénaturer, et la détourner de la finalité pour laquelle elle a été érigée : « Le glorifient en elles matin et après-midi, des hommes que ni le négoce, ni le troc ne distraient de l'invocation d'Allah, de l'accomplissement de la Ṣalāt et de l'acquittement de la Zakāt » A fortiori lorsque l'Imam lui-même, qui est censé donner l'exemple, use de la force et se considère comme le maître absolu des lieux. Or l'imam c'est le guide des fidèles vers la voie de Dieu. Un imam pas comme les autres Dans la présente affaire, Houcine Laâbidi, a investi la mosquée Ezzeïtouna, pour s'imposer en tant qu'Imam. Les habitués de cette mosquée, s'étaient étonnés de ce chamboulement qu'il y a eu, alors que les imams répondaient à certains critères qui étaient suivis depuis des siècles. Le choix de l'Imam se fait en dehors des motifs politiques. A la mosquée Ezzeïtouna, les Imams qui s'étaient succédé, étaient tous de rite malékite. Mais cette fois-ci Houcine Laâbidi a fait exception à la règle : En investissant la mosquée, il s'est proclamé imam, et se mit à faire des prêches à caractère politique. Il avait de prime abord condamné les œuvres de certains artistes qu'il jugea de blasphématoires. Dans une interview donnée à un quotidien de la place, voilà quelques mois, le même imam, était à un moment donné sorti de ses gonds en intimant à la journaliste qu'il avait en face de lui de se taire pour l'écouter. Bien plus il lui dit de l'appeler « Sidi » (Maître ) ou de quitter les lieux. Voyant que la journaliste refusait d'obtempérer, il la renvoya de son bureau, en lui lançant ; « Sors, quelle idiote, quelle mauvaise éducation ! » Présomptueux et imbu de sa personne, il affirme qu'il est une personnalité « mondialement connu, et qu'il a le même rang que le Cheikh de la mosquée Al Azhar ». Une horde sous les ordres de l'Imam Le 7 janvier les établissements de la Khaldounia furent attaqués par une cinquantaine de personnes, auxquelles le cheikh Laâbidi a donné l'ordre d'occuper les lieux. Les serrures ont été changés, et l'imam s'est rendu maître de l'établissement qui a vu défiler depuis sa création, au début du siècle dernier, les professeurs les intellectuels et les professeurs plus éminents, tels que, Bechir Safar, Mohamed Lasram, Andeljelil Zaouche, Sadok Zmerli, Cheikh Fadhel Ben Achour, Béchir Goucha, Mohamed Souissi, et j'en passe. Ces professeurs ont contribué à dispenser au sein de cet établissement un enseignement zeïtounien moderne, où les matières scientifiques étaient à l'honneur. C'est donc ce même établissement qui a été investi par cette horde, pour l'occuper abusivement. Recours à la force publique Le représentant du contentieux de l'Etat, ayant introduit un premier recours contre l'imamat de Houcine Laâbidi, a été débouté de sa demande par le tribunal de première instance. Il interjeta appel, et la cour a dans sa décision du 29 janvier, ôté toute qualité d'Imam à Houcine Laâbidi. Ce dernier, ne l'entend pas de cette oreille, puisque , il refuse d'obtempérer à la décision des référés du 23 janvier ordonnant la restitution des locaux de la Khaldounia, et à tous les occupants sans droit ni titre de les libérer. il ne restera que le recours à l'appel de la force publique, sur ordre du procureur conformément à la loi, et personne n'est au-dessus de la loi !