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Tenue incorrecte exigée, ou la grande lessiveuse !
Théâtre Monstranum's, de Ezzeddine Guennoun
Publié dans Le Temps le 05 - 02 - 2013

Ah ! Non ! Mme Leïla Toubel et M. Ezzeddine Guennoun ! Trop, c'est trop ! Vous nous manquez à chaque fois de respect, à nous autres, honorables, respectables, vénérables spectateurs qui nous mettons sur notre trente et un pour aller voir vos pièces dans ce modeste théâtre d'El Hamra, que vous surchauffez, paraît-il à dessein, comme la chambre de sudation d'un bain maure !
L'autre soir, pour ne pas attraper froid à la sortie, nous enlevâmes nos manteaux en nous installant sur les sièges que vous nous avez réservés. Mais une heure et demie après, en quittant l'espace, nous avions le sentiment que votre « Monstranum's » nous avait mis à poil, avait enlevé tous nos cache-misère et fait tomber tous nos masques ! A 5, 10, ou 12 dinars vous nous avez révélés à nous-mêmes, dans notre hideuse nudité, sans fards, sans mascara, sans même nous remettre les « effets » dont nous couvrions notre veulerie, notre bassesse et notre infamie ! Quelle honte de ressortir dans la rue, ainsi dévêtus, ainsi démaquillés, ainsi confondus ! Au Théâtre El Hamra, c'était en effet, la grande lessive à l'occasion de la représentation de « Ghilène » (Monstranum's) !
La foire aux sièges
Dans une lecture excessivement réductrice de la pièce, nous dirions qu'elle pose le problème de la justice transitionnelle et dénonce les manoeuvres farcesques visant à « laver de tout soupçon » les corrompus de l'ancien régime. Une leçon de repentance, quoi, et de perfidie ! Tout le monde se refait une virginité, aujourd'hui. Des ablutions, un habit de moine ou d'abbesse, un chapelet, quelques chiffres griffonnés sur le chèque de l'absolution, et vous êtes sortis d'affaire, blancs comme neige ! Pour évoquer notre Révolution dénaturée et confisquée, Ezzeddine Guennoun transforme la scène de son théâtre tour à tour en arène de fantasia, de corrida, de féria, de rodéo, en piste de danse, ou de patinage artistique, en manège, en carrousel, en aire de voltige et d'acrobatie aérienne, chacun y déploie ses talents propres pour apprivoiser la Mégère et se l'approprier ! C'est désormais la foire aux sièges, le forum des nouveaux crabes, la ruée des jeunes requins, la cavalcade des opportunistes d'hier et d'aujourd'hui ! Le mur du décor, bariolé, défiguré, souillé, criblé, éventré, raconte ce chaos post-révolutionnaire et dénonce l'effroyable guerre des vanités « démocratiques ».
Une féerie et des leurres
Le spectacle sur scène réunit tous les arts pour rendre compte des anciennes et des nouvelles mascarades politiques, sociales, religieuses, économiques, etc. garantes de la longévité des dirigeants sur leurs trônes respectifs. Sous nos yeux complices ou complaisants, se jouent alors successivement (si ce n'est simultanément) d'étranges comédies, de fantasmagoriques ballets et des opéras inquiétants ; nous nous laissons entraîner jusqu'à l'ivresse, jusqu'à la syncope, par le vertigineux tourbillon chorégraphique des sièges à roulettes, le tout sur des airs de tango, de valse viennoise, de liturgie, de sérénade ou de sarabande. Au terme de la diabolique féerie, nous nous réveillons sur le spectacle d'un joyeux festin : les prétendus vainqueurs de la Révolution portent leur toast à la santé des imbéciles qu'ils ont éberlués ! Que ces derniers crient après ça à la « confiscation », à la « spoliation », à l' « usurpation » de leur idéal, les ravisseurs « légitimes » courent encore et toujours, impunément ! Qui faut-il désormais accuser d'avoir détourné la Révolution ? Monstranum's (une pièce jouée aux doigts de la main aussi) désigne comme responsables de l'ignoble kidnapping tout autant les voleurs que les volés, les prédateurs que leurs proies! Autrement dit, nous autres gentils occupants du parterre, qui avions bonne conscience en affluant au théâtre d'El Hamra pour applaudir une belle pièce politiquement engagée et le jeu prodigieux des acteurs qui la jouaient, nous autres qui étions auto-dédouanés des crimes d'avant et d'après la Révolution, qui croyions être exonérés de bassesse et de vilénie, nous étions donc dans le coup ! Et cela nous donnait l'air d'être veules, mesquins, petits ! Le merveilleux poème de Leïla Toubel et la magnifique et ingénieuse mise en scène d'Ezzeddine Guennoun nous crachent toutes nos vérités à la figure, non pas pour davantage nous accabler, mais pour nous appeler à plus d'authenticité, à plus de généreuse spontanéité dans l'amour de ce cher pays martyrisé par nos propres « démons ». Leïla Toubel a soif de cette sincérité première, de cet élan désintéressé qui font les vraies Révolutions. Or, dans leurs sièges un peu trop remuants, les personnages de sa pièce ne trahissent quasiment que de la fourberie, que de la duplicité, que de l'hypocrisie. Ils restent faux, même sur leur sellette de repentis, même dans leur confessionnal, même devant leur Dieu ! Peut-être qu'ils n'ont pas tort : après tout c'est bien grâce à leurs tartufferies qu'ils s'enrichissent, conservent leurs privilèges et se maintiennent sur leurs trônes adulés. Vive donc la mascarade, vive donc la fausseté, puisqu'elles mènent droit au Paradis ? Non, rétorquent à l'unisson les créateurs de Monstranum's ! Le « Printemps arabe » se trompe sans doute d'Eden !


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