Le «Cinéma de la paix» est une manifestation à vocation artistique et culturelle mais sa singularité réside dans le fait qu'elle porte un message humaniste, de ce fait, ce rendez-vous annuel propose des films non-commerciaux, visant à promouvoir l'image de la culture cinématographique alternative. Organisée sous l'égide de la fédération tunisienne des ciné-clubs, la manifestation se déroulera durant cinq jours du 13 au 17 mars 2013 à la salle du 7ème art. Le thème de la première journée est « la mémoire collective ». Le film proposé à cet effet est un documentaire « Maudit Soit le Phosphate » de Sami Tlili. Les événements ont lieu le 5 janvier 2008. Un sit-in organisé par des chômeurs devant le siège de la commune de Redeyef dans le Sud-Ouest de la Tunisie marqua le début d'un mouvement de désobéissance civile qui dura 6 mois. Vingt et un ans après «le coup d'état médical» qui le mit au pouvoir, Ben Ali assista à son premier soulèvement populaire. « Thérapie de l'amnésie » est la thématique qui sera abordée le deuxième jour. « Fix me » de Raed Andouni sera projeté à cette occasion. Raed, auteur réalisateur palestinien, a mal à la tête, au sens propre comme au figuré et ça l'empêche de travailler. Au risque de déconcerter sa propre famille et ses vieux amis, il décide de se faire soigner. La salle de consultation est séparée d'une pièce mitoyenne par un miroir sans tain. Ce dispositif qui sert habituellement à la formation des internes, permettra à Raed de filmer sa thérapie et au spectateur de pénétrer la psyché de cet étrange personnage, sorte de cousin palestinien de Woody Allen, et de découvrir son monde. Le thème de la troisième journée est placé sous le signe « Ethique de la politique ». « Palazzo delle Aquile » de Stefano Savona est une chronique de l'occupation de la mairie de Palerme par 18 familles qui s'offre en épopée du droit au logement et de la démocratie telle qu'elle se parle. « La quête de la mémoire » est l'intitulé de la quatrième journée au cours de laquelle sera projeté le film « Nostalgie de la lumière » de Patricio Guz. Au Chili, à trois mille mètres d'altitude, les astronomes venus du monde entier se rassemblent dans le désert d'Atacama pour observer les étoiles. Car la transparence du ciel est telle qu'elle permet de regarder jusqu'aux confins de l'univers. C'est aussi un lieu où la sécheresse du sol conserve intacts les restes humains : ceux des momies, des explorateurs et des mineurs. Mais aussi, les ossements des prisonniers politiques de la dictature. Tandis que les astronomes scrutent les galaxies les plus éloignées en quête d'une probable vie extraterrestre, au pied des observatoires, des femmes remuent les pierres, à la recherche de leurs parents disparus. Sous le thème « Mémoire immortalisée » « Leaving Baghdad » de Koutaïba Al-Janabi se veut un road movie poignant qui se déroule en Irak à la fin des années 90, en pleine dictature du régime de Saddam Hussein. Sadik, le caméraman privé de Saddam, cherche à fuir son pays, chargé de lourds secrets. Il est poursuivi par la police irakienne... La cinquième journée sera consacrée au thème de « Le devoir de la mémoire » Le film qui sera présenté est « Chanson pour Amine » de Alberto Bougleux qui raconte le drame des disparitions forcées à travers la vie de Nassera Dutour, mère algérienne qui depuis la disparition de son fils Amine en 1997, a décidé de consacrer sa vie à la construction d'un mouvement des familles de victimes. Elle lutte aujourd'hui pour le droit à la mémoire, la vérité et la justice. « Mémoire d'une militante » est le thème de la deuxième séance au cours de laquelle sera projeté « Une vie en dents de scie » de Mounir Baaziz. Portrait d'une femme qui milite au sein de l'Association Tunisienne des femmes démocrates. C'est aussi le portrait d'une génération de femmes qui a lutté sous le régime de Bourguiba puis sous la dictature de Ben Ali et qui continue le combat sous la menace d'une remise en question de ses acquis. La 13ème édition de « Cinéma de la paix » se terminera par un concert de musique au palais El Abdiliya.