Maintenant qu'il a bénéficié de la confiance de l'Assemblée nationale constituante et avoir pris officiellement ses fonctions, le gouvernement Laârayedh peut mesurer, d'emblée, la complexité de la tâche et le poids des défis qui l'attendent. La conjoncture exige, effectivement, des solutions urgentes à un cumul de problèmes, de situations confuses et de graves dépassements qui ont altéré le prestige de l'Etat et fragilisé son autorité. D'où la question qui taraude les Tunisiens : le nouveau gouvernement, le dernier de la période transitionnelle peut-il réussir, alors que l'erreur n'est plus permise et que le temps presse, neuf mois, avant les élections, selon les prévisions les plus optimistes ? Un certain temps est nécessaire pour rétablir la confiance, endiguer la violence, remettre l'économie en marche et redonner espoir aux Tunisiens. Le chef du gouvernement est en tout cas conscient de la délicatesse de la conjoncture et semble avoir arrêté les priorités de l'étape et le plan de travail de son équipe. A l'entendre il existe une sincère volonté de rompre avec les habitudes désuètes, le favoritisme et les tentations d'hégémonisme de certaines parties au pouvoir. Mais les bonnes intentions suffiraient-elles pour sortir de l'ornière quand elles s'affrontent à l'amère réalité du pays ? Ali Laârayedh est en droit, dans ces temps de grandes turbulences, de bénéficier d'un capital de confiance pour entamer sa mission dans de bonnes conditions. Comme il est dans l'obligation de réussir pour prémunir le pays des dangers qui le guettent. Mais ce n'est pas de la seule responsabilité de son gouvernement, elle est aussi de celle de tous les Tunisiens, Assemblée nationale Constituante, Présidence de la République et aussi opposition en tête. Car il s'agit de l'avenir de la Tunisie et d'un processus démocratique dans la tourmente.