Pelliculture : un cycle de cinq films inédits du réalisateur Nacer Khemir proposé par le Club Culturel Tahar Haddad. Le cycle a démarré mardi dernier avec le film «Scheherazade» et se poursuivra le 2 avril avec «L'Alphabet de ma mère», le 16 avril avec voyage à Tunis, le 23 avril avec «En passant avec André Miquel», et enfin, le 30 avril avec «A la recherche des Mille et une Nuits». Comme à son habitude Nacer Khemir s'intéresse aux contes et aux mythes arabes en les transposant au cinéma avec le souci de leur donner une vie à travers les personnages qui les incarnent. L'aventure a commencé pour lui avec « L'ogresse », conte tunisien que sa mère lui racontait lorsqu'il était enfant et qu'il a appris à raconter aux autres enfants en devenant lui-même conteur. Histoire envoûtante « Shéhérazade », le film dont il est question dans ce cycle est l'histoire de cette princesse qui racontait chaque nuit une histoire à son Sultan de mari, lui promettant la suite la nuit suivante et qui sauvait ainsi sa tête, car le Sultan, après avoir été trompé et pour ne plus l'être, avait décidé de faire exécuter ses épouses le lendemain de la nuit de noces. Ces récits, qui s'emboîtent les uns dans les autres, provenant d'Inde ou de Perse et colportés par les marchands, forment le corpus des contes des Mille et Une Nuits. Ils ont traversé les siècles, transmis oralement par des générations de conteurs, et font maintenant partie, non seulement de la culture arabe, mais aussi du patrimoine universel. Le réalisateur Nacer Khemir filme le conteur Nacer Khemir. Plongé dans la pénombre, éclairé presque uniquement par une multitude de petites bougies, symbolisant les feux du désert, le conteur est simplement assis sur une chaise et ensorcelle son auditoire en l'occurrence celui du théâtre municipal de Tunis. La magie du verbe opère tout de suite et envoûter le public qui voudrait que l'histoire ne finisse pas ou qu'elle s'étale le plus longtemps possible. Quelques séquences viennent illustrer le récit. Filmés avec soin, dans des tons en harmonie pour étayer le conte où la parole a le fin mot. Un dispositif, simple en apparence mais qui, revêt, en fait, une grande richesse et, surtout, souligne le caractère oral de tous ces contes. « Shéhérazade ou la parole contre la mort », surtitre à double sens donné au film, car aussi bien pour l'artiste que pour Shéhérazade, c'est la parole qui lui permet de continuer à exister. Le périple de Paul Klee « Voyage à Tunis » (sur Paul Klee) (2008), est une sorte de docu-fiction au cours duquel le cinéaste refait le parcours du peintre légendaire Paul Klee qui a séjourné en Tunisie. En avril 1914, le peintre Suisse Paul Klee partit pour un voyage en Tunisie. En avril 2007 le cinéaste tunisien Nacer Khemir, peintre lui aussi, admirateur de Klee, refait le même périple depuis Tunis jusque Kairouan avec le cinéaste Bruno Moll. Ensemble ils nous invitent à la découverte d'un monde à travers ses signes, ses lumières, ses images et : les tableaux de Paul Klee. « En passant avec André Miquel » (2011). Un film de témoignage et d'échange, entre récit et conversation, où l'évocation de soi devient une curiosité de l'autre. Pourquoi et comment un jeune Languedocien André Miquel se met-il un jour à rêver de l'autre côté de la mer ? Et à s'intéresser passionnément à la langue et à la culture arabe, au point d'en faire une vocation? « A la recherche des Mille et une Nuits » (1992). Avec la complicité de l'éminent professeur Jamal Eddine Ben Cheikh, auteur de la dernière traduction du fameux recueil de contes arabes, Nacer Khemir embarque le spectateur, comme en pleine mer, dans l'univers de la dualité du jour et de la nuit, du devoir et du désir. L'ambition de ce documentaire est de montrer de l'intérieur les mécanismes d'une civilisation. Parcours unique Du cinéma, de la peinture à la sculpture, de la calligraphie à l'écriture, Nacer Khemir a projeté un pont entre deux rives, entre le Nord et le Sud, l'Orient et l'Occident. Son oeuvre littéraire est constituée d'une douzaine d'écrits et continue sans cesse de s'accroître. Il a fait plusieurs expositions, entre autres au Centre Georges Pompidou et au Musée d'Art Moderne de Paris et dans d'autres villes françaises et européennes. Il raconte durant un mois les Mille et Une Nuits au Théâtre National de Chaillot, chaque soir une nouvelle histoire, 25 heures de récit dans une scénographie de Yannis Kokkos. Depuis « L'Histoire du pays du Bon Dieu », qui passe sur Antenne 2 en 1975, il a réalisé plusieurs longs métrages. En 1984 il gagne avec « Les Baliseurs du désert » le grand prix du Festival des trois continents à Nantes, le prix de la première oeuvre aux JCC, la palme d'or et le premier prix de la critique de la Mostra de Valence. Il remporte avec « Le Collier perdu de la colombe » le Prix spécial du jury à Locarno, grand prix 1991 du Festival de Belfort, prix spécial du jury du Festival francophone de St Martin. Il tourne aussi en 1991, pour la télévision française (FR3) « À la Recherche des Mille et Une Nuits ». En 2005, il réalise « Bab' Aziz Le prince qui contemplait son âme ».