16 agressions enregistrées contre 21 professionnels lors du mois de mars 2013 Les journalistes tunisiens sont-ils en train de gagner la sympathie de la société tunisienne et plus particulièrement, ceux qui n'ont pas cessé de les agresser lors des derniers mois ? A priori non. Rien ne change d'ailleurs, malgré la réduction du nombre d'atteintes exercées contre les acteurs dans le domaine. Au total 16 agressions ont été enregistrées contre les professionnels lors du mois de mars 2013, c'est ce qui a été relevé dans le rapport mensuel de l'Unité d'Observation des Agressions contre les Journalistes au sein du Centre de Tunis pour la Liberté et la Presse (CTLP). Malheureusement, les journalistes, les photographes, les cameramen...font face toujours à toutes les formes de violences : attaques physiques, menaces de mort, diffamation et campagnes de dénigrement sur les réseaux sociaux sans oublier la pression exercée par les responsables des supports médiatiques. 21 acteurs dans le domaine du journalisme dont, 4 femmes ont été agressés lors du mois de mars, dévoile le rapport du CTLP tout en précisant que les atteintes enregistrées ce dernier mois ne manquent pas de gravité. En effet des menaces de mort ont été adressées à plusieurs journalistes, à savoir ; Hamza Belloumi, Taoukik Ben Brik, Slim Boukhdhir et Sofiène Ben Farhat ainsi que Ahmed Nadhif. Par ailleurs, le même rapport soulève que les convocations des journalistes devant les tribunaux ont diminué le mois écoulé. Toutefois, plusieurs professionnels ont comparu devant la justice à l'instar de Sabeur Mkacher, Lotfi Laamari et Olfa Ryahi. La même source parle, également de l'intervention excessive du Directeur Général de l'Etablissement de la Radio Tunisienne dans la ligne éditoriale de la Radio Régionale à Monastir tout en parlant de la mutation abusive de Khaled Boumiza de la Radio Nationale vers la Station de la Radio Tunis Chaîne Internationale. Agressions contre les journalistes sportifs Ce n'est pas tout. Un nouveau phénomène a été souligné le mois dernier. Les journalistes sportifs commencent quant à eux à être l'objet d'agression de part et d'autre, d'où « la nécessité de suivre de près le secteur influencé directement par les problèmes qui se posent dans cette discipline », recommande le rapport du Centre de Tunis pour la Liberté de la Presse. Toujours dans le même cadre, le rapport parle des restrictions exercées contre la chaîne télévisée « Al Hiwar Attounissi ». Se référant aux déclarations du responsable de la chaîne, la même source rapporte que ce support a été boycotté par des publicitaires suite à des campagnes menées sur les réseaux sociaux pro gouvernement. Mais cela reste à vérifier car, « les consignes données aux responsables des grands publicitaires sont des ordres verbaux », signale Tahar Ben Hacine au CTLP. Comme de coutume, le Centre propose un ensemble de recommandations pour remédier à la situation. D'ailleurs trois revendications ont été formulées à la fin du rapport où, le centre appelle les autorités sécuritaire et judiciaire à enquêter, et de manière urgente, sur les plaintes déposées par les professionnels, et plus particulièrement celles concernant les menaces de mort. « Le Directeur Général de l'Etablissement de la Radio Tunisienne est appelé à ne pas intervenir dans la ligne éditoriale des radios publiques. Il est appelé également, à réaffecter les journalistes mutés abusivement à leurs postes d'origine à l'instar de Khaled Boumiza », demande le Centre de Tunis pour la Liberté de la Presse. Finalement, le CTLP incite tous les acteurs concernés par le secteur à arrêter des mécanismes transparents et efficaces pour répartir équitablement la publicité publique et pour lutter contre les tentatives de restrictions exercées contre certains supports médiatiques. Les mois se succèdent l'un après l'autre, alors que les journalistes continuent de subir le même sort. Agression, pression, censure directe et indirecte, menaces de mort... Ces pratiques anti-démocratiques sont devenues monnaie courante rien que pour faire peur aux journalistes et surtout faire taire la voix d'une presse libre, seul garant de la démocratie.