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«Les quotas partisans et les incompétences qui en sont le corollaire sont à l'origine de la détérioration de l'environnement»
L'invité de la semaine Houcine Rehili, spécialiste de l'environnement
Publié dans Le Temps le 16 - 04 - 2013

La dégradation de l'environnement n'est pas à démontrer, elle est perceptible à l'œil nu. Depuis le 14 Janvier, les ordures ménagères et les déchets de bâtiment jonchent nos rues, nos places publiques et même les zones vertes et enlaidissent notre paysage urbain au point que notre cadre de vie devient invivable.
Ce dossier très sensible qui inquiète, profondément, l'opinion publique, était aussitôt ouvert, aussitôt fermé par les autorités qui après quelques campagnes de propreté se sont, définitivement, tues sur la question nous donnant l'impression par là qu'ils reconnaissent leur défaite face à ce fléau qui menace la santé des citoyens. Pour en savoir plus, nous avons invité, pour vous, ce spécialiste de l'environnement, secrétaire général du centre Averroès pour les études et les recherches et multidisciplinaire dont les champs d'intervention sont, entre autres, le développement durable et le développement territorial.
Le Temps : comment jugez-vous l'état actuel de l'environnement ?
Mr Rehili : il est catastrophique à tous les niveaux, et les monticules d'immondices disséminées à longueur de vue dans les quartiers, les rues, les espaces verts, les zones industrielles, sur les places publiques... sont là pour l'attester. Tout le pays s'est transformé en un immense dépotoir où on en trouve de tout, les ordures ménagères, les déchets industriels et de bâtiment, les détritus dangereux... Cette situation alarmante et décevante est la preuve de l'échec du gouvernement provisoire dans le traitement de ce dossier qui, manifestement, ne s'est pas hissé au niveau des préoccupations des responsables de la Tunisie postrévolutionnaire.
Quelles en sont les causes, selon vous ?
Ces derniers ne réalisent pas encore sa grande importance et sa relation directe avec le cadre de vie des citoyens, c'est-à-dire la propreté de leurs villes et la saine gestion de leurs ressources naturelles. Car toutes ces ordures jonchant les trottoirs et les rues et tous ces déchets industriels déversés dans la nature auront des répercussions sur la qualité des eaux et du cadre de vie, d'une façon générale, et constitueront, donc, un terrain favorable à la multiplication des moustiques d'autant plus que l'été, qui risque d'être très chaud, est pour bientôt.
Est-ce que vous entendez par là que la situation d'avant le 14 Janvier était meilleure ?
La comparaison n'a pas lieu d'être, parce que nous sommes dans une période de transition démocratique. Je dirai qu'avant le 14 Janvier il y avait des compétences et des programmes qui, en dépit de leur caractère folklorique, dissimulaient ce qui est, aujourd'hui, mis à nu. Avant, on s'occupait des grands axes, ce qui faisait que, lorsqu'on se promenait dans les villes, on ne voyait pas les ordures grâce, en premier lieu, au fait que les municipalités assumaient une partie du rôle qu'elles étaient appelées à jouer consistant à rassembler les immondices et leur bonne gestion. La collectivité nationale a mis à la disposition des autorités de grandes capacités qui ne sont pas exploitées comme il se doit et la situation, à ce niveau, ne fait qu'empirer. Les délégations spéciales placées à la tête des municipalités n'ont aucun savoir au niveau de la gestion des ordures qui requiert des compétences, 8O% de ces délégations n'ont rien à voir, ni de près ni de loin, avec le travail municipal, elles sont désignées pour des considérations purement électorales et politiques, leur but n'est aucunement de servir l'intérêt national. On a écarté toutes les compétences dans les administrations concernées par la gestion du cadre environnemental tel que l'office national d'assainissement ONAS), et on les a remplacées par des gens qui ne sont même pas capables de discerner l'environnement de l'espace et qui ne se représentent, donc, pas les dangers réels que nous courons et qui menacent nos ressources naturelles, nos eaux, notre sol et l'air que nous respirons, ce qui pourrait altérer, très sérieusement, notre santé. Les autorités actuelles ne prennent pas au sérieux l'importance capitale de l'environnement, cette négligence de leur part d'une question aussi vitale dénote un manque de conscience criant dont les retombées risquent fort d'être néfastes. Il est vrai que l'ancien régime se servait de l'environnement pour soigner son image de marque, mais il le faisait d'une manière intelligente, puisqu'il réussissait à donner l'impression qu'il en prenait soin et le citoyen ordinaire en était persuadé ne serait-ce que par la propreté de son environnement immédiat. Alors qu'aujourd'hui on en use juste pour l'instrumentalisation politique et on ne fait rien pour l'environnement, ce qui fait que les délégations spéciales n'ont réussi ni dans l'un, ni dans l'autre.
Mais les autorités ont entrepris des campagnes visant à faire face à ce fléau des ordures.
Je voudrais rappeler qu'au début de l'année 2012, Mr Hamadi Jebali nous a surpris par une visite inopinée à Tunis ouest et sa soi-disant découverte surprise de monticules d'immondices et a décidé l'organisation de campagnes de propreté. Cela montre à l'évidence que ces responsables ne nous partagent pas le même milieu bien que, depuis le 14 Janvier les ordures, les moustiques et les eaux industrielles polluées ont dévasté notre pays ravagé nos fleuves et même nos barrages du nord ouest par la margine qui est une matière polluante dégagée par les pressoirs à huile d'olive. Ces barrages, qui constituent 8O% des ressources en eau potable pour le grand Tunis, sont menacés par cette margine et les déchets industriels qui y sont déversés en grande quantité. Par conséquent, la responsabilité directe de cet état désastreux incombe au gouvernement provisoire et ses structures désignées que ce soit dans l'administration publique ou dans les délégations spéciales.
Donc, cette catastrophe environnementale est due essentiellement à la mise à l'écart des compétences et à leur remplacement par des gens qui sont étrangers au domaine.
Absolument ! Premièrement, le régime déchu et ses appareils ont opté, dans le traitement des déchets, pour un procédé facile mais coûteux : l'enterrement des détritus dans des décharges de contrôle bien qu'en Europe, on ait rompu définitivement avec ce procédé, depuis 2000, et qu'on ait passé, directement, à ce qu'on appelle le dépouillement sélectif et la valorisation des déchets dans tous les domaines et en particulier la valorisation de chaleur. Les ordures sont une production qui se fait au quotidien et qui n'a pas de fin, et la fermeture d'un dépotoir et l'ouverture d'un autre ne constitue, donc, pas une solution, il faut plutôt réfléchir à propos d'un moyen efficace pour les réduire au maximum. Les autorités actuelles appliquent le même programme à l'envers de Ben Ali et ne se sont pas posé une seule question à propos de l'intérêt de la poursuite des mêmes plans. Et malgré le sit-in observé par la population, la fermeture de la décharge de « Borj Chakir » pendant 50 jours et l'accumulation des ordures au cours des mois de février-mars et la réclamation de la fermeture des décharges de Monastir, de « Ain Errahma » à Nabeul, de Sfax, de « Guellala » à Djerba, qui a provoqué des confrontations violentes, les responsables actuels font la sourde oreille et persistent à continuer dans la même voie, ce qui montre d'une manière claire et nette qu'ils s'inscrivent dans la continuité de leurs prédécesseurs de l'avant 14 Janvier, ils ne sont venus au pouvoir que pour reproduire et enraciner la rétrogradation qui existait auparavant.
Quels sont, selon vous, les moyens techniques susceptibles d'assurer la bonne gestion des déchets ?
Les déchets reposent sur une logique très simple qu'on appelle 3RVE, qui signifie commencer par réduire, réutiliser et recycler, valoriser, ensuite, et éliminer, enfin, les déchets des décharges qui constitue, donc, la dernière étape du processus, ce qui de nature à en renduire, considérablement, la quantité. Nos responsables se sont situés aux antipodes de cette logique en allant, directement, vers l'ouverture de chantiers et la création de dépotoirs dont le coût dépasse, parfois, les 20 mille dinars auxquels il faut ajouter le coût de la collecte et du transport, ce qui fait que celui du tonne s'élève à 30 dinars qui représente l'un des coûts les plus élevés au monde qui se dirige vers 0 décharge et où le coût était de l'ordre de 10/12 dollars, c'est-à-dire l'équivalent de 15 dinars, ce qui serait acceptable, mais, nous, nous en payons, pratiquement, le double. Nous avons de grandes difficultés au niveau des grandes distances, de l'absence de maîtrise du sujet et les déficiences des municipalités qui s'ajoutent à la répartition des déchets sur deux appareils, l'un appartenant au ministère de l'intérieur, l'autre au ministère de l'environnement. Le but de ce départage est l'augmentation de la corruption.
Comment cela ?
La responsabilité des déchets revient, directement, à la seule municipalité qui, aujourd'hui, ne s'occupe plus que de leur collecte dans des centres de tri avec ses moyens très modestes, et le reste c'est l'Agence Nationale de la Gestion des Déchets (ANGD) qui s'en occupe et qui dépend du ministère de l'environnement. Il s'agit là d'un répartement qui existait avant dans le but de multiplier le nombre d'établissements et d'augmenter par là les sources de corruption et de malversation. Pourquoi continuent-ils dans la même voie et ne rendent-ils pas leur rôle aux municipalités auxquelles incombe la responsabilité des quartiers et leur propreté ainsi que la collecte et la gestion des déchets à toutes les étapes d'autant plus que loi organique des municipalités les y oblige. Après le 14 Janvier, on s'est attendu à ce qu'on en change le système avec l'insistance autant que faire se peut sur la valorisation des déchets et la limitation de leur coût et de leur quantité. Malgré toutes les potentialités dont nous disposons, nous sommes, aujourd'hui, incapables d'assurer une bonne gestion de ces déchets, car, d'une part, ces derniers sont, administrativement, divisés en deux au niveau de la collecte et du transport, d'autre part, l'agence nationale de gestion des déchets crée les décharges et puis elle les concède à des entreprises privées que payent les contribuables. Le corollaire d'une telle politique c'est l'effondrement du système des déchets et son éclatement en des systèmes multipartites. Donc, lorsque la municipalité déclare qu'elle manque de moyens et que l'entreprise privée réclame des augmentations, il est normal qu'on se trouve dans un système enchevêtré et complexifiée, et tout système fonctionnant avec une pluralité d'entités est condamné à l'échec.
Le secteur de l'environnement est itinérant, étant donné qu'il relève, parfois, du ministère de l'environnement, parfois, du ministère de l'agriculture et, parfois, du ministère de l'équipement. Lequel, d'après vous, est le mieux indiqué parmi tous ces trois pour l'abriter ?
Ce va et vient entre les différents ministères reflète la logique de Ben Ali qui, après le sommet de Rio 1992 et l'apparition de la mode de l'environnement, a mis en place un ministère pour l'environnement et après celui de Johannesburg en 2002, quand a commencé la lutte pour les sources d'eau et d'énergie et avec la diminution d'intérêt pour l'environnement et le refus de signer l'accord de Kyoto par les Etats Unis d'Amérique et la Chine, il a supprimé ce ministère et réaffecté l'environnement au ministère de l'agriculture. Les ministères de l'environnement avec Ben Ali étaient, toujours, liés au pillage des investissements étrangers sous la couverture de l'environnement et on ne consentait de dépenses que pour des projets fictifs ne dépassant pas le simple décor tels que donner ce nom à des rues et leur plantation de fleurs. Après le 14 Janvier, la mentalité n'a pas changé et on sait, toujours, pas où est-ce que l'environnement doit se trouver, il reste le maillon le plus faible. Au début, on l'a placé au ministère de l'agriculture, puis, on lui a créé un ministère à la tête duquel on a nommé une ministre qui n'a aucun rapport avec l'environnement et on a fait venir des responsables dans les institutions environnementales n'ayant aucune expérience dans le domaine et ne sachant pas faire la différence entre l'environnement et l'espace. Dans le gouvernement Jebali, on a mis en place ce ministère juste pour élargir le nombre de portefeuilles ministériels et satisfaire tous leurs partenaires, son invention était, donc, dictée par un esprit de quotas. Et dans le gouvernement Laârayedh, lorsqu'on a décidé de réduire le nombre de ministères, on a supprimé celui de l'environnement et on a attaché ce dernier au ministère de l'équipement. On comprend mal le rapport entre les deux domaines. C'est une question à laquelle ils sont incapables d'apporter de réponse, parce qu'ils ignorent l'importance de la question environnementale et celle du développement durable qui a une relation horizontale avec tous les secteurs, dans l'environnement, le bâtiment, l'équipement, l'industrie, l'agriculture... L'environnement intervient dans tous les domaines, car c'est la conception environnementale correcte qui garantit la sauvegarde de nos ressources naturelles. Si, aujourd'hui, on n'a pas d'eau, ni de sol pour produire de la nourriture, ni de l'air à respirer, cela veut dire que notre santé et nos besoins vitaux sont menacés. C'est l'absence de cette conception de tout un système de développement durable qui laisse l'environnement balloter entre ces différents ministères et le condamne à être géré par des anonymes n'ayant aucun rapport avec le sujet. Ce qui importe au pouvoir c'est la gestion d'un établissement public et le paiement des salaires des fonctionnaires, mais sur le terrain, il n'y a aucun acte.
Vous avez parlé de la différence entre l'environnement et l'espace. Si vous nous expliquez davantage cette ligne de démarcation entre les deux domaines.
L'environnement c'est tout ce qui est écosystème, un système naturel, vivant ; l'espace c'est physique tel que le sol, les montagnes, les fleuves et les forêts. Donc, la protection de l'environnement passe par celle de l'espace, c'est-à-dire que sans ce dernier, on ne peut pas trouver des animaux, de la nourriture, du pâturage... L'ignorance de ces données basiques par ces responsables ne leur permet pas de venir à bout de la pollution, ni de concevoir des programmes préventifs et protectionnistes pour éviter de vivre dans ces conditions dégradantes. Les délégations spéciales des grandes villes ne se représentent pas la dimension du rôle de la municipalité dans la lutte contre la construction anarchique, ni ne savent comment collecter les déchets et les répartir en déchets domestiques, industriels et de bâtiment qu'on trouve dispersés partout et qui inondent notre espace urbain. On a l'impression que la Révolution consume ses potentialités, étant donné qu'on écarte les compétences et on fait venir à leur place des gens n'ayant aucun savoir dans le domaine de l'environnement au nom du quota partisan, leur devise en cela c'est la caravane poursuit son bonhomme de chemin et les chiens aboient.
Si vous nous parliez du centre de « Jradou »
Je me demande comment peut-on fermer ce centre de traitement des déchets dangereux et industriels sans réfléchir à propos du sort de 150 000 tonnes de ces déchets produits chaque année ? Où vat-on les traiter ? L'industriel ne peut pas les collecter à l'infini, alors, il va se trouver contraint de guetter l'occasion pour les déverser dans les marécages, les fleuves, les puits, des zones sableuses, ce qui intoxiquerait les nappes d'eau. Ce centre est fermé depuis janvier 2011 suite au sit-in observé par les populations locales, cela nous renseigne sur la manière dont Ben Ali exécutait les programmes, il les appliquait bon gré mal gré. Il y a toute une structure qui faisait défaut, et au lieu d'en créer une autre par le dialogue et la partenariat avec les citoyens dans toutes les régions, on a créé une logique de quota partisan et procédé à la mainmise sur les rouages de l'administration dans un but d'instrumentalisation politique et non pour réaliser une transformation qualitative. Aujourd'hui, les gens haïssent la Révolution, car, dans leur esprit, elle est liée aux ordures, aux moustiques, aux coupures d'eau, à la perte des moissons, au vol du bétail, à un environnement détérioré, à l'absence d'une conception environnementale, à la faillite du développent durable... On parle de tout sauf des sources naturelles.
Qu'en est-il au juste de l'enterrement des déchets nucléaires en Tunisie ?
Il y a plusieurs rumeurs qui circulent à ce propos et qui sont alimentés par le traitement superficiel, naïf et pas sérieux du tout de ce dossier de la part du gouvernement provisoire. A preuve les investigations entreprises à « El Hamma » avec un équipement de fortune appartenant au centre des radiations nucléaires de « Sidi Thabet ». Je ne pense pas qu'on ait les moyens scientifiques, ni les compétences requises pour enquêter sur des dépassements de ce genre, il se peut qu'il y ait des déchets enterrés, mais qui pourraient nous échapper, car une telle opération se fait d'une manière professionnelle, dans des endroits éloignés, à de grandes profondeurs et qui pourraient être fermés avec du béton. Donc, avec des investigations superficielles, on ne peut pas s'assurer de l'existence ou de l'inexistence de ces déchets nucléaires. C'est un sujet qui demande davantage d'instructions et s'il le faut on doit creuser dans les endroits douteux, extraire toutes les matières trouvées et les analyser. C'est de cette façon-là qu'on pourrait affirmer ou infirmer leur présence mais pas autrement. Le traitement du dossier par le gouvernement montre son incompétence dans une affaire dont il n'est pas responsable, puisqu'elle remonte au milieu des années 80. Si ces responsables avaient le sens patriotique, ils auraient procédé à l'éclaircissement de l'affaire en mettant à la disposition des scientifiques tous les moyens nécessaires pour découvrir ce crime. Les sociétés internationales spécialisées dans l'enterrement de ces déchets nucléaires ne le font jamais à la surface, ils disposent de techniques sophistiquées leur permettant de les enfouir dans des profondeurs pouvant atteindre les 80/100 mètres avec l'utilisation de murs en béton que des moyens de détection ne pourraient pas franchir, seuls des opérations de creusement minutieux sont susceptibles de le faire.
Donc, d'après vous, ce sont les considérations politiques qui sont à l'origine de la détérioration de l'environnement.
C'est exactement cela. D'ailleurs, il n'y a pas que l'environnement qui est touché par les quotas partisans, d'autres secteurs le sont aussi tels que l'Entreprise Tunisienne des Activités Pétrolière (ETAP), la première entreprise publique qui maîtrise tout ce qui est énergie, qui est déclassée mondialement, eu égard à l'accumulation de ses résultats négatifs. Cette situation désastreuse est provoquée, bien entendu, par l'incompétence des responsables qui la dirigent qui sont arrivés après le 14 Janvier, et là, je ne parle ni des cadres, ni des agents, qui, eux, sont écartés par les premiers qui s'immiscent dans tout et les privent de toute prérogative. Il est de même de la question du gaz de schiste qu'on voudrait concéder à la société Schell et qui pose des problèmes d'ordre environnemental et juridique, étant donné que les cahiers des carburants ne prévoient pas les énergies non classiques. Avant de conclure un tel contrat, il faut, au préalable, légiférer un ensemble de lois pour nous protéger et protéger nos ressources, et s'assurer si on a exploité tout le potentiel des carburants classiques pour qu'on s'oriente vers ce type de carburants qui ont de graves conséquences sur l'environnement et les sources d'eau d'autant plus que le permis d'exploitation concerne la région de Kairouan connue par la haute qualité de ses eaux. Certes, le secteur de l'environnement est le plus touché, mais les autres ne sont pas épargnés à cause de l'incompétence et de l'instrumentalisation politique. Les nouveaux responsables ont accaparé le pouvoir sans pouvoir le gérer et les Etats se gèrent et ne se confisquent pas.


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