« Tunis, le 6 février 2013. A El Menzeh 6, un quartier résidentiel proche d'un centre commercial très fréquenté. Il est 8 heures du matin moins quelques minutes, devant le domicile de Ckokri Belaïd. Un inconnu (peut-être deux) se dirige(nt) vers lui alors qu'il venait tout juste de monter dans la voiture qui l'attendait, conduite par son camarade. L'inconnu tire plusieurs balles à bout portant ne lui laissant aucune chance. Gisant dans une mare de sang, inerte, Chokri Belaïd est transporté à la clinique d'Ennasr, où il décède moins d'une demi-heure plus tard… », rappelait Om Zied avec beaucoup d'émotion et face d'un public affecté par les conditions d'assassinat de Chokri Belaïd secrétaire général du Parti des Patriotes Démocrates Unifiés. C'était hier, à l'espace El Teatro et à l'occasion du lancement d'une initiative pour la Recherche de la Vérité sur l'Assassinat de Chokri Belaïd (IRVA), que la militante des droits de l'Homme a pris la parole dans une salle archicomble. Qui a commis ce crime ? Qui a planifié et ordonné d'assassiner Chokri Belaïd ? 80 jours se sont écoulés depuis ces faits inoubliables alors qu'aucune information fiable n'a jusqu'à présent été dévoilée. « Ses assassins et leurs complices sont toujours en cavale. Eux seuls détiennent la réponse à la question que des millions de Tunisien-ne-s se posent depuis ce funeste », se désolent Om Zied et les membres du comité IVRA, à savoir : Basma Khalfaoui, Naziha Rjiba (Om Zied), Leila Toubel, Kamel Jendoubi, Kamal Laabidi, Ghazi Gherairi, Taieb Laguili, Karim Bouzouita et Haytham El Makki. C'était visible. Les amis proches de Chokri Belaïd, ses camarades, les militants des droits de l'Homme, sa veuve sont très déterminés à connaître qui l'a assassiné. Ils se sont d'ailleurs, engagés pour être « ensemble, pour la vérité et contre l'oubli ». Besma Khalfaoui l'a bel et bien confirmé à maintes reprises. « Tu es absent physiquement mais ton âme est toujours présente », déclare l'épouse de Chokri avec beaucoup de confiance. « Nous avons tenu une promesse. On ne t'oubliera pas », enchaîne Besma Khalfaoui qui précise que IRVA a été créée car « aucune information, ni piste, ni preuve n'a été identifiée », pour savoir qui a assassiné Belaïd. « Nous exigeons que la vérité sur ce crime soit faite et que la responsabilité des commanditaires et des exécutants soit établie, reconnue et jugée », se mettent d'accord les membres du comité. A quand la vérité ? En prenant cette initiative, les membres d'IRVA ont pour finalité de « participer à l'établissement de la vérité à travers les appels à témoins, le recueils de témoignage et la mise en perspective de ce crime dans l'histoire récente de la Tunisie ». L'Initiative pour la Recherche de la Vérité sur l'Assassinat de Chokri Belaïd, veillera également à ce que « l'enquête soit menée de façon indépendante, impartiale objective et exhaustive, et à garantir que les résultats obtenus soient rendus publics avec diligence et que les responsables de ce crime comparaissent devant la justice conformément aux standards internationaux du procès ». Le comité a pour objectif aussi, de « diffuser l'information par la constitution de dossier et l'utilisation de tous les supports disponibles pour porter à la disposition de tous les informations et données collectées ». IRVA envisage par ailleurs, « d'initier et de soutenir des actions en justice à tous les niveaux ‘national et le cas échéant régional et international) et d'entreprendre les actions nécessaires afin de sensibiliser et mobiliser les organisations et les personnalités nationales et internationales ». Le travail du comité ne sera pas certes facile à concrétiser. Mais il était clair que tous les membres sont déterminés à dévoiler la vérité car, « il n'y aura pas de transition démocratique en Tunisie sans répondre à la question « Qui a assassiné Chokri Belaïd ? », déclare Ghazi Ghrairi. D'ailleurs, « rien ne peut être érigé à partir de l'oubli », selon Kamal Jendoubi. Dévoiler la vérité, est plus qu'indispensable pour prouver que l'actuel gouvernement provisoire a pour objectif d'assurer une vraie transition vers la démocratie qui tarde malheureusement à se réaliser. A quand la vérité ?