L'Ouest tunisien est plus pittoresque et recèle davantage de sites naturels et historiques, de curiosités que le littoral Est. « La route de l'Ouest » peut commencer sur la « côte du corail », en descendant d'un avion sur l'aéroport international de Tabarka et nous conduire à travers deux régions différentes jusqu'à Thala la rebelle et Haïdra la byzantine. La Khroumirie : la verte Tunisie La khroumirie est belle et intéressante toute l'année. L'été, c'est la saison rêvée du tourisme ! La « côte du corail » offre aux baigneurs une succession de grandes plages de sable bordées de forêts ou de petites criques au bord d'une mer turquoise. Pêcheurs et chasseurs sous-marins s'y régaleront. Des championnats internationaux de pêche sous-marine se déroulaient naguère à Tabarka. Pourquoi n'existent-t-il pas de parties de pêche au « tout gros » : thon, liches, limons, grands serres ? Les promeneurs, les randonneurs disposent de l'ombre fraîche des immenses forêts d'altitude d'Aïn Draham où les nuits d'été, sont bien agréables. La station thermale de Hammam Bourguiba permet de se détendre, de se soigner, bien confortablement. Les amateurs de nature pourraient peut-être préférer venir au printemps quand, sous les chênes majestueux et les grands pins élancés, les sous-bois parfumés abritent mille ruisseaux. En mars, les bécasses et les palombes sont encore là. Les cigognes sont revenues, les rapaces, les martinets et les hirondelles aussi. Mille fleurettes parfumées et de très belles orchidées sauvages s'épanouissent, des dunes du littoral aux sommets des monts. Les chasseurs pourront choisir l'automne et l'hiver, pour aller écouter le brame des grands cerfs de Berberie en rut puis pour participer à une battue au sanglier avant de revenir bavarder devant un grand feu de cheminée. En hiver, au moment où les estivants ont disparu, les pêcheurs à la ligne européens pourraient s'adonner à leur passion : la pêche dans les lacs des nombreux barrages. Ils en sont privés chez eux par le froid hivernal. Les amateurs de nature pourront aller jusqu'au Parc National d'El Feïja. Ses milliers d'hectares de forêts touffues et de landes parfumées servent d'écrin aux cerfs de Barbarie endémique et à bien d'autres animaux. Un écomusée intéressant, des pistes et des aires de repos y ont été aménagés. Les amateurs d'histoire n'ont que l'embarras du choix. Les plages du littoral, celle de Zouara en particulier, recèlent des vestiges préhistoriques. Les monts abritent de très nombreux tombeaux rupestres berbères dont certains – ceux de Kef El Blida – sont ornés de superbes peintures pariétales. Dans la vallée de la Majerda chacun retrouve soit Bulla regia, soit Chemtou. Chemtou, l'antique Simithus ! Son marbre : marmor numidicum, aux reflets dorés, connu tout autour de la Méditerranée, était extrait de grandes carrières. Il était travaillé dans un « camp » voisin, le plus grand d'Afrique du Nord. Sous le dallage du forum romain une bazina, un tombeau princier, a été découverte. Les sculptures du linteau de la porte du « temple » reflètent une influence égyptienne. Un beau musée accueille les visiteurs. Bulla regia, numide d'abord, puis lentement, volontairement romaine se protège des sirocos brûlants en dotant ses villas, ornées de magnifiques mosaïques figuratives, florales ou géométriques, d'un niveau souterrain d'une « modernité » surprenante. Le haut tell : la Tunisie dorée Les vacanciers chanceux mettent cap au Sud vers le Haut Tell ! La Tunisie des blés dorés, on la rencontre à la sortie de Jendouba. Elle s'étale au soleil sur cette belle plaine, formée des alluvions de l'oued Medjerda qui s'y attarde longuement en nombreux méandres. Ensuite, on rencontre le Mellèg : l'antique frontière entre les Numides et les Maures de Bocchus. Il est barré quelques kilomètres plus loin. Les flâneurs iront s'asseoir un moment, à l'auberge accueillante, au pied du barrage. Au printemps, les orchidées fleurissent tout autour. En été, quand le sirocco souffle, il fait frais ici et en automne ou en hiver, après une bonne partie de chasse, le « Chef » y prépare de délicieux « poissons du lac ». Puis, restaurée, rafraîchis, nous grimperons vers Cirta / El Kef, l'antique Capitale de la Numidie. On peut aussi préférer musarder en s'éloignant vers Oued Meliz, puis serpenter vers Touiref. Ensuite, on ira flâner, dans de grandes forêts, vers Sakiet Sidi Youssef, se recueillir un instant aux Monuments des Martyrs de la lutte pour l'Indépendance. On s'arrêtera un moment à la Réserve naturelle de Saddine et on montera lentement vers El Kef. El Kef ! N'en déplaise à … qui voudra, il – au masculin, évidemment ! – est l'antique capitale de la Numidie, le gardien de la frontière, le centre économique de la région, un pôle intellectuel et religieux et, plus récemment, un foyer actif de militantisme syndical et politique. C'est une « ville-musée ». Et … toutes les routes qui en sortent invitent à la promenade. Vers l'Est et Mustis, une bourgade berbère, réquisitionnée pour implanter les vétérans romains de la même tribu que le Consul Marius, vainqueur de Jugurtha. De là, on peut rejoindre la route de Makthar, le site de Lorbeus / Larès qui, au Moyen-Age, supplantera El Kef grâce aux revenus de la culture du safran. Un peu plus loin, on arrive au Sers et on rejoint Ellès aux énormes « dolmens à portique » uniques au monde puis on découvre le Kbour Klib qui pourrait être soit un cénotaphe dédié au roi Massinissa soit le monument commémoratif de la bataille de Zama. Elle pourrait s'être déroulée dans la plaine du Sers à ses pieds. Après un « saut » aux vestiges de Zanfour datant de l'époque romaine, on peut aller jusqu'à Makthar dont le site antique mérite une longue visite. Pour ne citer que quelques sites, mentionnons celui de Hammam Zouakra, où il est interdit, en latin, d'uriner sur le pied-droit de l'arc de triomphe sous peine de subir la colère de Mars, celui de la Kesra, village perché au flanc du plateau boisé et giboyeux, celui d'Uzappa / El Ksour aux dizaines de dolmens et le site préhistorique niché au sommet de la falaise de Kef El Quaria. En sortant d'El Kef, d'autres visiteurs prendront la route du Sud vers Obba / Dahmani, vers Zouarine et sa nécropole aux cent tumulus, vers Medeïna / Althiburos et les pentes couvertes de dolmens et de sarcophages d'époque romaine des collines de Sidi Baraket. Ils iront éventuellement visiter la nécropole à dolmens, proche du marabout de Sidi H'med El Khadhra à quelques kilomètres d'El Ksour. D'autres voyageurs quitteront El Kef vers le Sud-Ouest. Ils salueront les dents du Gharn El Afaya, dont l'une porte une Kalâa berbère. Elles s'élèvent au-dessus d'immenses champs de céréales : Le Tell : le pays du blé ! Après Tajerouine, ils découvrent les collines éclatées, couleur de rouille, de Jérissa, le massif dentelé du Jebel Slata puis les tables jumelles du Kef Rebiba et de la Kalaat Esnan : une centaine d'hectares de rochers perchée au sommet de falaises d'une centaine de mètres de haut, un résumé de l'histoire du pays ! Dans l'azur, l'aigle tournoie au-dessus des corbeaux. La nuit, les ricanements des dernières hyènes rayées, typiques d'Afrique du nord, font fuir les chacals. Et les promeneurs qui flânent dans les forêts à la recherche de … plantes aromatiques, médicinales ou d'orchidées inconnues, croisent régulièrement les mangoustes, les genettes et les sangliers. De là, on gagnera Thala la toujours rebelle et Haidra / Ammaedara berbère, romaine puis byzantine. Son énorme forteresse devait résister aux assauts berbères. Ces deux bourgs sont les points de départ d'un autre voyage en Tunisie : celle des montagnes, des steppes et du Jérid.