Nous voilà, enfin, dans le dernier carré, celui de la terreur où les Islamistes toutes tendances confondues nous ont écroués. Les voilà en train de mettre au point le projet annoncé, il y a quelques mois par leur guide et chef spirituel, Rached Ghannouchi, sur une vidéo où il enseignait aux jeunes jihadistes, qui lui rappelaient sa jeunesse, la manière de réaliser leur coup d'Etat wahabite orchestré par Qatar. « Armez-vous de patience, allez former des camps d'entrainement et préparez-vous pour le jour j ; ne soyez pas précipités pas pour ne pas commettre l'erreur fatale du FIS en Algérie », leur dit-il. L'Etat profond Depuis cette date, ils ont mis à exécution un plan d'action qui s'est avéré payant, puisqu'ils ont réussi à mettre la main sur l'Etat profond comme prévu. L'envahissement de l'administration était assuré, principalement, en deux phases : la première était effectuée par le haut en y nommant 1300 cadres supérieurs, la seconde, par le bas, en recrutant, en catimini, des milliers de fonctionnaires et d'employés, représentant près de 90% du nombre total, sous le couvert des familles des martyrs et des blessés de la Révolution qui ont, vivement, protesté contre leur instrumentalisation dans une affaire où ils étaient, complètement, mis à l'écart. En effet, ils ont affirmé ne pas avoir bénéficié de ces postes de travail qu'on leur attribuait, abusivement, et réclamé des autorités qu'elles rendent publique la liste nominative des recrutés. Maintenant, on peut dire que les Islamistes ont achevé leur mainmise sur les rouages de l'Etat d'autant plus qu'ils sont parvenus, auparavant, à récupérer, sans encombre, la plupart des gouvernorats, des délégations et des délégations spéciales à la tête desquels ils ont placé leurs partisans. La machine en marche Les explosions répétitives du mont Echâambi sont fêtées par ces bandes d'Islamistes partout dans le pays. La plus insolente et la plus provocante est, sans conteste, celle de la cité El Khadra où ils ont installé une tente juste à côté de la caserne des forces de l'ordre qui, à la surprise générale, n'ont pas bronché. Ils se réjouissent des malheurs de nos agents et soldats qu'ils considèrent comme étant l'armée des impies qu'il faut exterminer. Mais où va-t-on avec cette impunité ? Comment ne procède-t-on pas à leur arrestation ? N'ont-ils pas enfreint la loi ? Ne menacent-ils pas la paix sociale par leur comportement extrêmement hostile à l'égard des citoyens paisibles qui représentent la majorité de la société ? En fait, s'ils se permettent de braver les gardiens de la paix, ceux qui sont censés protéger le pays et son peuple, qu'est-ce qui les empêcherait d'attenter à la vie de ce dernier qui est, totalement, désarmé ? Après tout, ce ne sont pas les armes qui manquent, les dépôts dispersés sur l'ensemble du territoire national en regorgent. D'ailleurs, le silence observé par le ministère de l'Intérieur quant à l'identité de leurs détenteurs et de leurs projets non avoués ne peut que conforter la thèse selon laquelle elles seront dirigées contre les Tunisiens. Cela ne relève pas de la spéculation de l'esprit, puisque l'un des rescapés de la Syrie était très explicite là-dessus : « nous déclarerons le jihad en Tunisie si jamais les laïcs gagnaient aux élections ». Il l'a dit sur un plateau de télévision et dans une émission de forte audience et à une heure de grande écoute, et pourtant, il n'a été arrêté que plusieurs jours après et il est fort probable qu'il soit relâché à l'image de plusieurs de ses frères. Alors que le journaliste Zied El Héni était attendu par des agents de la police à sa sortie du studio de télévision où il venait d'apporter un témoignage qui était de nature à éclairer le juge d'instruction sur l'assassinat de Chokri Belaïd. Ces deux poids deux mesures de la part des autorités mettent à nu la complicité de ces dernières dont les déclarations qui se veulent rassurantes ne trompent plus personne. Tout le monde est édifié sur les vraies intentions du gouvernement qui multiplie les astuces juste pour gagner du temps. Il ne peut pas en être autrement quand son chef demande aux médias de tempérer leurs propos et de ne pas exagérer les événements des explosions du mont Echâambi comme s'ils étaient anodins. Le renard dans le poulailler Cette escalade de la violence était alimentée non seulement par les discours haineux tenus dans certaines mosquées par des ulémas extrémistes, mais également par des dirigeants du parti au pouvoir à l'image du ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. On a, vraiment, du mal à lui appliquer ne serait-ce qu'un seul terme de cette longue dénomination de l'institution prestigieuse chargée de cultiver les esprits et dont il a la charge. On ne peut pas trouver de place au sein de ce temple du savoir et du raffinement à quelqu'un qui incite une foule déchaînée à la violence en disant qu'« on est une organisation armée et on prendra les armes contre nos ennemis ». C'était le discours exact qu'il a tenu et que le journaliste Zied El Héni a diffusé sur une vidéo. Des propos pareils nous rassurent-ils sur l'avenir du pays ? Peut-on encore espérer que la transition démocratique aboutisse ? Est-il possible d'attendre de gens qui appellent à la violence et qui ne cessent de l'orchestrer qu'ils organiseront des élections libres, honnêtes et transparentes ? Doit-on croire les ennemis de la démocratie de respecter les règles du jeu démocratique ? Il faut être naïf pour le croire. Diversion Tout donne à penser que ce qui se passe au mont Echâambi est un plan d'une grande envergure et bien coordonné entre plusieurs parties qui se sont réparties sur l'ensemble du territoire national et qui se sont bien réparties les tâches. L'expert des groupes islamistes, Alaya Allani, a avancé cette thèse en précisant que l'intention des terroristes campant dans ce mont pourrait être d'attirer vers eux l'armée et les forces de l'ordre afin d'en vider d'autres régions pour donner l'opportunité à d'autres groupes « frères » de perpétrer des actions terroristes similaires. Le projet avorté des « ligues de protection de la Révolution » d'attaquer le siège de l'UGTT n'intégrerait-il pas cette logique et ne ferait-il pas partie de cette tactique ? L'avenir nous le dira. Mais ce que le présent nous dit et d'une manière non équivoque c'est que le silence des autorités sur ce qui se passe et la nonchalance vis-à-vis de ces terroristes et dont la manifestation la plus éloquente est leur refus d'envoyer, depuis le déclenchement des événements, la BAT (Brigade Antiterrorisme), la première équipe formée en la matière, pour soutenir l'action des forces présentes sur les lieux des crimes récurrents, ne sont pas fortuits, ils sont bien révélateurs. Cette attitude du gouvernement nous rappelle celle qu'il a affichée dans l'affaire de Chokri Belaïd où sa complicité du moins dans l'évasion des soupçonnés vers la Libye (voir notre article du 18 avril) est établie par nombre de preuves présentées par plusieurs journalistes. D'ailleurs, les témoignages de complicité dans les crimes du mont Châmbi ne manquent pas aussi, elles sont fournies par des agents de l'ordre qui ont affirmé, dans les médias, que leur action contre les terroristes était, systématiquement, enchaînée par les consignes émanant de leurs supérieurs hiérarchiques. Et comme d'habitude, les dirigeants du parti au pouvoir viennent nous réciter leur condamnation de la violence d'où qu'elle vienne qui devient un stéréotype destiné à la consommation médiatique. L'exorcisme Et comme à l'accoutumée, on fait venir l'un de ces prédicateurs de la haine qui, il n'y a pas longtemps, prêchait la soumission à Moubarak sous peine de commettre un sacrilège. Cette invitation sert comme ses précédentes à détourner l'attention des Tunisiens de leurs vrais problèmes et, par la même occasion, à assener, de nouveau et pernicieusement, des coups au tourisme. La question n'a plus besoin d'être démontrée, il suffit de voir que Hammamet, la ville touristique par excellence, devient un itinéraire obligé et une destination de prédilection pour ces prôneurs de l'excision des femmes. Alors que tout le monde sait que ces Islamistes ont en aversion ces endroits côtiers synonymes de nudité et de souillure et occupés, donc, par les suppôts de Satan, conformément à leur dogme. Et après ces exorcismes, le ministre du Tourisme passe sa tête par la lucarne pour nous annoncer que le tourisme connaît une courbe ascendante et que la saison s'annonce bien et ce en dépit de la campagne de dénigrement menée par France 2 !!! Mais de qui se moque-t-on ? Cette chaîne de télévision étrangère n'a rien inventé et n'a fait que relater ce qui s'est, réellement, passé. Et même si vous parvenez à la démentir, vous ne pouvez pas faire de même avec les quatre journalistes qui étaient agressés soit physiquement, soit verbalement par ces fanatiques déchaînés lors de leur dernier meeting. Hammamet est devenue un lieu risqué non seulement pour les touristes, mais également pour les Tunisiens eux-mêmes. Il est, donc, clair que les Islamistes sont en train d'appliquer le syllogisme de leur ex philosophe, Abou Yaârab Marzouki, encore un Marzouki : le tourisme c'est du concubinage, Hammamet est une ville touristique donc Hammamet est concubine. Et vous savez très bien quel est le châtiment prescrit contre ces libertaires, ces mères célibataires dénoncées, d'ailleurs, par une autre puritaine, la députée Souad Abderrahim. Ils sont en train de changer le comportement de cette ville libertine pour la remettre sur le droit chemin et changer, ainsi, sa vocation. Symbiose et riposte Pendant que nos braves soldats et agents de l'ordre se battent contre le terrorisme et défendent la géographie, eux, ils essayent de travestir cette géographie, de la compromettre et de se dissimuler dans les plis de la préhistoire. Il n'y a plus l'ombre d'un seul doute qu'ils n'appartiennent ni à notre terre, ni à son histoire, notre drapeau est rouge et blanc, le leur est tout noir, nos femmes sont libres, les leurs soumises et ensevelies dans le noir également. Cette démarcation qu'ils ont amorcée est, dorénavant, partagée, nous ne sommes pas de leur bord, ni eux du nôtre. La société civile qui a, longtemps, bercé l'espoir et n'a pas désespéré de les voir un jour revenir à la raison, ne croit plus à ces chimères. Elle réalise, enfin, qu'ils sont irrécupérables et déterminés à aller jusqu'au bout dans leur projet haineux, alors, elle décide de réagir pour se protéger contre ce fléau terroriste. C'est ce que les citoyens ont affiché à travers les différentes manifestations organisées dans plusieurs villes dont, notamment, Kasserine pour exprimer leur solidarité envers les forces de l'ordre qui en ont assez de cette politique des consignes et qui ont pris la décision de tout révéler demain à l'ANC à propos de l'implication de ce qu'ils appellent « la police salafiste » dans l'assassinat sauvage de leur collègue à Djebel Jeloud et d'autres questions relatives au secteur sécuritaire extrêmement fragilisé. C'est ce qu'a affirmé sur les ondes de Mosaïque fm le chargé des affaires juridiques au sein de l'Union des syndicats des forces de l'ordre, Sahbi Jouini. Ces derniers réclament de constituer une sécurité républicaine qui soit au service de la patrie et du peuple et d'agir dans le cadre de la loi et de ne pas être à la solde d'aucune mouvance politique. Cette symbiose entre eux et la société civile formera, certainement, une vraie force de frappe et un rempart contre les ennemis de ce pays qui veulent le démolir. Plus de concession ! Scande haut et fort Tahar Ben Hassine, le patron de la chaîne de télévision Al Hiwar Ettounsi. « Il est temps de passer à l'action et de remettre en place les comités de quartiers qui existaient à l'aube de la révolution pour nous protéger contre ces hordes, sinon ils vont nous exterminer tous», souligne-t-il avec insistance. La situation est-elle si alarmante ? Doit-on répondre favorablement à son appel ? A vous de voir…