.Retrait britannique de Bassorah Le Temps-Agences- Le président américain George W. Bush a entamé hier une visite en Irak peu avant des décisions stratégiques sur le conflit, alors que son plus sûr allié, la Grande-Bretagne, a procédé à un retrait hautement symbolique de la deuxième ville du pays, Bassorah. M. Bush, accompagné de la secrétaire d'état Condoleezza Rice, est arrivé sur la base aérienne d'Al-Assad, à l'ouest de Bagdad, où l'attendait le secrétaire à la Défense Robert Gates et de hauts responsables militaires. Il doit rencontrer le Premier ministre Nouri Al-Maliki, des membres de son gouvernement et des responsables tribaux. Cette visite intervient alors que l'administration Bush doit défendre sa stratégie en Irak devant un Congrès de plus en plus hostile et une opinion publique toujours très sceptique face à une guerre qui a provoqué la mort de plus de 3.700 soldats américains et de dizaines de milliers d'Irakiens. Une échéance cruciale attend le président dans une semaine lorsque les hauts responsables militaires et diplomatiques américains en Irak doivent présenter devant les membres du Congrès leur évaluation de la situation. Le général David Petraeus, commandant des forces américaines en Irak, et Ryan Crocker, l'ambassadeur des Etats-Unis à Bagdad, doivent expliquer les 10 et 12 septembre si l'envoi de renforts militaires décidé en février par le président Bush a porté ses fruits. La Maison Blanche doit aussi rendre compte de la situation au Congrès le 15 septembre pour convaincre les parlementaires de continuer à financer la guerre. Le chef d'état-major général américain, le général Peter Pace, le chef des opérations militaires américaines au Moyen-Orient, l'amiral William Fallon, et le général Petraeus, attendaient le président américain en Irak, selon les journalistes accompagnant M. Bush. "Il s'agit de la dernière grande rencontre des conseillers militaires du président et des dirigeants irakiens avant que le président ne décide de la marche à suivre", a expliqué un porte-parole du Pentagone, Geoff Morrell. "C'est une réunion décisive. Cette réunion va le rapprocher d'une décision s'il ne l'a pas déjà prise", a ajouté le porte-parole. Il s'agit de la troisième visite du président Bush en Irak depuis le début de l'intervention américaine dans ce pays en mars 2003 : il avait effectué un premier voyage en novembre 2003 et un autre en juin 2006. Le président américain, dont l'emploi du temps en Irak n'a pas été communiqué, doit ensuite se rendre en Australie pour un sommet de l'APEC. Sa visite coïncide avec le retrait britannique de la ville de Bassorah, dans le sud du pays, alors que le ton s'est envenimé entre Londres et Washington, qui se sont lancés ensemble dans l'aventure irakienne. Fin août, le Pentagone a exprimé son "inquiétude" sur le départ des Britanniques de Bassorah, où règne "quasiment une situation mafieuse" et où la sécurité est menacée par "des intérêts criminels". Principale voie d'exportation du pétrole irakien et comptant deux millions d'habitants, Bassorah est le théâtre d'une violente rivalité entre les principales formations chiites, le mouvement du chef radical Moqtada Sadr, le Conseil suprême islamique d'Irak d'Abdel Aziz Hakim et le parti Fadhila. Les forces de sécurité, la police en particulier, y sont notoirement infiltrées par des milices affiliées à ces différents partis chiites. Face aux critiques américaines, le Premier ministre britannique Gordon Brown a défendu l'engagement de ses soldats en Irak, déclarant qu'ils leur restaient "un travail important à faire". Mais deux ex-généraux britanniques ont critiqué la gestion de l'après-guerre par l'armée américaine, "totalement défectueuse", et la stratégie du Pentagone en Irak, en "faillite intellectuelle". A Bassorah, majoritairement chiite, 500 soldats britannique ont quitté un palais qui leur servait de quartier général pour se replier vers une base aérienne fortifiée, en dehors de la ville, et rejoint 5.000 militaires qui assurent l'entraînement des forces irakiennes. Le nombre total des militaires britanniques en Irak doit passer de 5.500 à environ 5.000 d'ici fin 2007 et le gouvernement Brown est sous une pression croissante de son opinion publique pour accélérer leur départ. Londres espère pouvoir transférer dès l'automne aux Irakiens le contrôle de l'ensemble de la province de Bassorah.