L'aventure a commencé depuis le 17 mars dernier pour se poursuivre jusqu'au 26 du mois courant dans la ville lumière qui vit depuis quelques semaines au rythme de l'art tunisien avec l'espoir de voir cette manifestation toucher pour les sessions à venir, d'autres villes françaises comme Nice, Lyon ou Toulouse pour ne citer que celles-ci. Une belle entreprise en effet, rendue possible grâce à la volonté de deux structures dynamiques établies à Tunis, (Jackpot Production de Mohamed Boudhina) et à Paris, (Tuni Culture, présidée par Syrine Ben moussa), unies par une seule et même ambition ; donner de l'éclat au talent des artistes tunisiens vivant dans nos murs et hors de nos frontières pour donner des spectacles et des meilleurs sur la scène artistique tunisienne. Le festival Tun Art Day est venu, nous annonce-t-on après des décennies de disette intellectuelle et artistique pour braver ces temps et damer le pion à ceux qui entendent faire la loi avec leur propre vision du monde et permettre à nos citoyens établis à l'étranger, de partager des moments de détente en compagnie de nos chanteurs, musiciens et comédiens parmi des plus connus à l'échelle internationale. Pour le rendez-vous des artistes tunisiens à Paris, on a invité à se produire au Théâtre du Gymnase Marie Bell et au Théâtre la Reine Blanche, Raja Farhat dans « Bourguiba, dernière prison 2 », Sezam Project et Nawel Ben Kraiem, Syrine Ben moussa « Entre les deux rives-fusion flamenco » ; Lotfi Abdelli dans « Made in Tunisia is back » ; Wajiha Jendoubi dans « Efcha mon amour » ; les frères Mraihi dans « Perpetual motion » et prochainement, Taoufik jebali qui présentera dimanche 12 mai, « klem Ellil zéro virgule » . Le programme qui s'étale jusqu'à la fin du mois courant, comprend deux autres spectacles ; « Stand by » avec Faycel Lehdhiri et Bassam Elhamraoui, (le 17 mai) et la clôture sera assurée le 26 mai par Bendir Man, le groupe Samsa (Sana Sassi et Skander Guetari), sans oublier « Kif Kif » avec Hatem Karoui et Sabri Mosbah. A en juger par l'affluence du public, en majorité des Tunisiens et Magrébins établis à Paris, c'était complet, ont annoncé les organisateurs ; Raja Farhat et Syrine Ben Moussa se sont produits à guichets fermés. Même les spectacles de Lotfi Abdelli et Wajiha Jendoubi programmés respectivement les 21 et 28 du mois dernier dans le cadre de Tun Art Day, ont cartonné pour le jeu magistral, et l'humour ravageant dont sont capables nos deux comédiens qui ne sont plus à présenter. « Made in Tunisia is back” Situé au 38, Boulevard de bonne nouvelle au 10 ème arrondissement, le Théâtre du Gymnase Marie Bell qui est l'un des monuments historiques de la ville de Paris, construit en 1820 et qui a permis la création de nombreuses œuvres de célébrités dont Marcel Pagnol, Jean Cocteau, Sacha Guitry et Jean Genet, a abrité en ce dimanche ensoleillé du 21 avril , le one man show de Lotfi Abdelli, « Made in Tunisia is back », au milieu des youyous lancés un peu partout dans le Théâtre en signe de joie et de fête. Ils étaient tous là ; des jeunes cadres et des étudiants des grandes écoles, toutes disciplines confondues pour soutenir Lotfi Abdelli et applaudir ses prouesses au cours desquelles il a étalé tout son talent et savoir faire pour dénoncer et passer au peigne fin, les travers d'une société en pleine révolution, depuis la question identitaire jusqu'à la crise économique, en passant par les manigances de ceux qui se sont entichés du pouvoir sans tenir leurs promesses. familier des scènes françaises, Lotfi Abdelli était très à l'aise ce jour là, tout comme la soirée de la veille (20 avril), quand on a affiché complet au Colisée à Tunis avec 1300 spectateurs au moins. En le voyant jouer à Tunis ou à Paris, on a l'impression que rien ne pourrait altérer son enthousiasme ni sa passion pour l'art de la scène. Encore moins, les actes d'intimidation et de sabotage orchestrés à son encontre par quelques obscurantistes qui polluent notre air ! A Paris, le show de Abdelli était attendu impatiemment, d'après ce que nous ont raconté une mère, Nadia Ben Azzouz et son fils Mehdi El Bahri que nous avons rencontrés avant le début du spectacle, dans l'un des cafés des Grands Boulevards, tout près du Théâtre du Gymnase. « Au moment de la Révolution, j'étais à Tunis mais depuis 2012, je me suis installée à Paris, nous a confié la mère qui a appris la tournée du comédien, sur Internet. Et d'ajouter, « ça me fait mal de voir notre pays sombrer dans un tel chaos sur un fond de salafistes qui font la loi en empêchant des artistes de se produire sur scène…Si on est là, mon fils et moi, dit-elle, c'est pour soutenir notre artiste et être solidaire avec tous ceux qui œuvrent à ce que le pays avance, aussi bien sur le plan économique que social… » « Efcha mon amour » Tel que présenté, le spectacle de Wajiha Jendoubi, « Efcha mon amour » retrace le profil d'une femme qui dort et se réveille soudainement, envahie de poils suite à un déséquilibre hormonal provisoire… dans sa quête de remède, elle découvre que le pays est en elle même…Un spectacle hilarant à vous couper le souffle dans la mesure où l'artiste passe en revue toutes les franges de la société tunisienne dans ses nouvelles mutations postrévolutionnaires, en pointant du doigt, là où ça fait mal ! Là aussi à notre avis, un nouveau pari réussi de Wajiha qui a donné le meilleur d'elle-même en s'investissant à fond dans son nouveau spectacle et en marquant d'une pierre blanche son passage à l'occasion du rendez-vous des artistes tunisiens à Paris qui se déroule sous l'œil bienveillant de Syrine Ben Moussa, présidente de l'association Tuniculture, assistée dans ses tâches, par Skander Guetari (vice président), Amel Ben Brahim, secrétaire générale, et Nesrine Ayoub (trésorière). Une jeune équipe qui veut rassembler nos compatriotes tunisiens autour de l'art et la culture…A saluer !