- Grève, aujourd'hui, des hommes à la robe noire sur tout le territoire Une grève des « défenseurs de la veuve et de l'orphelin» est annoncée pour aujourd'hui sur tout le territoire de la République. Cette interruption collective n'est la conséquence d'aucune revendication à l'encontre des pouvoirs publics. Elle fait suite à une tension et des altercations qui ont eu lieu au tribunal de première instance de Béjà et à plusieurs convocations faites par le ministère public à des avocats pour des « délits » qui entrent dans l'exercice de leurs fonctions. Les avocats font part de leur opposition aux décisions et revendications du Syndicat des magistrats et contestent les propos du président du tribunal de première instance de Béja qui sont de nature à discréditer la profession d'avocat. L'Ordre National des Avocats rappelle qu'avant les déclarations du président du tribunal, il y avait une grande tension consécutive à la traduction de plusieurs avocats chez le juge d'instruction en dépassement du décret 79 de 2011, du 20 août 2011 organisant la profession d'avocat. L'Ordre des Avocats rejette le contenu du communiqué du Syndicat des Magistrats de Tunisie, portant atteinte aux avocats. Il rappelle le rôle pionnier et avant-gardiste assumé par les avocats durant des décennies et les sacrifices consentis pour défendre l'indépendance du pouvoir judiciaire et la dignité des magistrats. L'Ordre rappelle que les relations entre magistrats et avocats sont basées sur le respect mutuel et que tout litige qui apparait doit être résolu dans le cadre de la même famille, loin de toute instrumentalisation et surenchères de nature à faire dévier les deux partenaires de la justice de la réalisation des objectifs communs à l'échelle nationale et sectorielle. Me Chawki Tabib, Bâtonnier, a parlé sur les ondes de MosaïqueFM, de la multiplication des poursuites judiciaires contre des avocats. Certains juges ne reconnaissent pas l'immunité dont bénéficie l'avocat lors de l'exercice de ses fonctions. Raoudha Lâabidi, secrétaire générale du Syndicat des Magistrats de Tunisie, déclare au Temps que « les avocats ont le droit de faire la grève. Nous respectons ce droit. Toutefois, nous regrettons que les structures représentatives n'aient pas joué le rôle qu'elle devait jouer. Les problèmes ne sont pas récents. Ils remontent à deux ou trois mois. De son côté le Syndicat ne tolère pas les dépassements. Magistrats et avocats doivent cohabiter dans le respect mutuel ». Elle espère que les vrais sujets soient traités de façon précise et effective sans chercher à marquer des points. Raoudha Karafi, vice-présidente de l'Association des Magistrats de Tunisie (AMT), précise au Temps qu'après ce qui s'est passé à Béja, il a été convenu que les magistrats délèguent à leur Association la résolution des problèmes posés. Les magistrats se sont contentés d'une grève d'une journée à Béja. La décision de retarder les séances a été suspendue pour résoudre les problèmes posés dans le cadre des structures. Elle rappelle que des contacts ont été entrepris avec l'Ordre des Avocats. Le Conseil de l'Ordre des Avocats n'était pas au courant de ce qui s'est passé à Béjà. «Sa position est dirigée contre le communiqué du Syndicat des Magistrats. J'appelle à résoudre les problèmes dans le cadre des structures. L'affaire est encore suivie. L'Association est favorable à toutes les solutions civilisées ». Ahmed Rahmouni, président de l'Observatoire de l'Indépendance de la Justice, précise qu'il a devant lui 6 communiqués. Il renvoie dos à dos les deux parties. « Le traitement des problèmes par les deux parties n'était pas fondé. Je ne nie pas les tensions qui existent entre avocats et magistrats. Ces tensions reflètent une crise relationnelle dont les causes n'ont pas été traitées. Je pense que les structures professionnelles n'ont pas joué un rôle positif. Elles ont un discours sectaire et des reproches réciproques, sans chercher des solutions communes pour dépasser la crise. Les choses sont restées au niveau des attaques réciproques. Il y a une marginalisation d'une vision commune. Faire comparaître des avocats devant le justice a suscité des reproches des deux côtés ». Ahmed Rahmouni est un magistrat qui se prévale d'une longue carrière. Il sait qu'il n'y avait pas de relations continues entre les associations des magistrats et les avocats. « On ne les voit ensemble qu'occasionnellement. Le régime dictatorial a tout fait pour briser les relations entre magistrats et avocats. Certains avocats ont soutenu les magistrats. De même que, certains magistrats ont soutenu les avocats. Chaque partie cherche à défendre ses affiliés, sans une vision globale. En plus si les déclarations se font en période électorale, des excès peuvent être constatés. La courtoisie doit être de mise sans complaisance ». C'est un problème de relations et de déontologie.