Remous et mécontentement gagnent les rangs des officiers de la marine de la Compagnie Tunisienne de Navigation (CTN) qui annoncent une grève de trois jours à partir de lundi prochain. Le syndicat de base de ces officiers relevant de l'Union des Travailleurs de Tunisie qui avait tenu son congrès dernièrement, fort de l'adhésion de plus de 90% des officiers exerçant à la CTN, décide d'une grève dont les motivations sont à la fois morales, professionnelle et matérielle. Sabeur Mennaï, secrétaire général adjoint de l'Union des Travailleurs de Tunisie (UTT), chargé des offices et des sociétés, a précisé hier, lors d'un point de presse, que la situation actuelle est «l'aboutissement de la politique d'exclusion et de marginalisation qui a lésé non seulement les classes défavorisées pour atteindre les hauts fonctionnaires, comme les officiers de la marine. L'Etat refuse le dialogue. » Depuis le 14 mai courant, le syndicat de base des officiers de la marine avait adressé aux autorités un préavis annonçant la grève. Selon la règlementation du Code de Travail en vigueur, les services du ministère de tutelle et ceux du ministère des Affaires sociales, devaient donner suite dans un délai de 8 jours. Aucune réaction n'a été enregistrée, en dépit de la sensibilité du secteur, ni du côté du ministère des Affaires sociales ni de celui du ministère du Transport. Devant ce silence le syndicat se trouve contraint d'exécuter la grève, tout en étant conscient de la nécessité de sortir l'entreprise de la situation fort délicate dans laquelle elle se trouve. Sabeur Mennaï, déplore que la catégorie des officiers ne soit pas représentée auprès de la Direction Générale. Une partie qui n'a aucun rapport avec elle, s'arroge le droit de négocier en son nom. La Direction Générale refuse d'appliquer les statuts concernant la représentation des agents. Elle doit organiser, au moins une réunion par mois, suivie d'un PV, avec les représentants du personnel. La Direction refuse de recevoir les membres du syndicat. Mohamed Béhi, membre du syndicat a dénoncé les agressions perpétrées par certains agents contre les officiers. « Le jour de la tenue du congrès du syndicat, certains agents, dont le secrétaire général du syndicat relevant de l'UGTT, avaient violenté des officiers », dit-il. Aucune enquête n'a été ouverte. Mohamed Béhi, rappelle que la CTN passe par de grandes difficultés. Elle était le fleuron de la marine marchande en Méditerranée, en 2004 et 2005. Le nombre de passagers diminue. La Compagnie ne réalise plus de bénéfices. « Il faut réhabiliter l'autorité des officiers et de l'administration », dit-il. Le syndicat de base des officiers tient à être représenté dans les différentes structures de la société, pour participer à son sauvetage. Sabeur Mennaï déplore l'absence de discipline et les difficultés rencontrées par le commandant de bord pour maîtriser et contrôler la situation dans les bateaux. « Les officiers veulent sauver leur entreprise. Toutefois, ils exercent dans une entreprise où on peut les agresser sans qu'il y ait aucune réaction. Il a toutes les responsabilités, sans pour autant pouvoir imposer la discipline. Par respect pour le citoyen, nous l'informons des problèmes réels et des obstacles qui nous empêchent de le servir», dit-il. Les officiers demandent d'être protégés à l'intérieur de l'entreprise, de pouvoir assumer leurs responsabilités. L'autorité de l'officier à l'intérieur du navire doit être imposée et la hiérarchie administrative respectée. Les officiers tiennent à être associés au travail administratif, vu le déficit financier dont souffre l'entreprise. Ils demandent à être représentés dans les commissions consultatives. Un agent ne peut pas représenter un officier. Les officiers veulent être représentés dans toutes les commissions et surtout celles à caractère social et économique. Le syndicat des officiers tient à être associé dans tout ce qui intéresse les officiers, des promotions et autres questions touchant le statut. Ils sont disposés à négocier. La porte du dialogue est ouverte, vue la sensibilité du secteur et le droit du citoyen à des services de qualité. Et si le ministère continuait à faire la sourde oreille ? Le syndicat affirme que la grève aura lieu et d'autres formes de lutte seront suivies. « C'est une question de dignité », conclue Sabeur Mennaï. Il déplore que Khélil Zaouia, ministre des Affaires sociales, ne veuille pas reconnaître l'UTT, bien qu'elle ait tenu son congrès. En résumé le syndicat des officiers veut être reconnu et respecté.