L'ensemble musical founoun a présenté son spectacle annuel à l'Acropolium de Carthage le dimanche 19 Mai dernier pour contribuer aux actions caritatives de l'association " Ayadi Arrahma". Bien que créée au lendemain de la révolution, cette association a une longue liste d'interventions de bienfaisance à son actif, comme la restauration de quelques écoles primaires, du foyer pour personnes âgées de la Manouba, la prise en charge de cérémonies de circoncision et l'acheminement de caravanes alimentaires dans les régions défavorisées. L'argent collecté lors de ce concert sera consacré à la restauration d'une école primaire privée d'eau de la région de Bizerte à Besbessia, à l'aménagement de son réfectoire et surtout au sondage d'un puits. Ces soirées qui se multiplient également dans d'autres espaces sont à saluer et à encourager car elles permettent de soulager quelque peu la misère et développer la culture de la solidarité par le truchement de l'art et plus précisément dans ce cas de la musique. L'ensemble musical Founoun, dirigé par le maestro Abderrazek Hihi, a répondu avec générosité et comme à l'accoutumée, à l'appel de cette association en offrant gracieusement ce concert dont l'invité d'honneur était notre" rossignol " national Nourredine El Béji. Dans le cadre toujours aussi imposant de l'Acropolium aux 174 majestueuses colonnes de marbre, aux chapiteaux dorés, l'orchestre composé de 17 musiciens a pris place. En ouverture, et pour nous mettre en appétit, une pièce instrumentale du grand compositeur Mohamed Abdelwaheb nous est offerte :" Awatef" Puis la chorale comprenant 16 chanteurs dont 5 solistes, entame une intéressante chanson de Mohamed Faouzi "El Bith El Amara" en maqâm ennahawéend. Chantée la première fois par Abdelghani Saïd, elle fut ensuite reprise par Karem Mahmoud qui la rendit célèbre. Le ton est donné par cet ensemble imposant par le nombre et qui rassemble des amateurs talentueux d'horizons professionnels différents mais que la passion de la musique et du chant a réunis depuis treize ans. S'enchainent alors en alternance solistes, duo et chorale : Houssine Ynoubli avec la pétillante chanson " Abou Samra Sokara" de Mohamed Kandil puis la magistrale interprétation de Kalthoum El Maâoui à la voix chaude et forte de la sublime chanson insuffisamment connue de la Diva Om Kalthoum " Atef Habibi". Cette composition dont la grande difficulté réside dans les changements rythmiques est la première dans le monde musical arabe à introduire cette nouveauté dans le monologue. Ensuite Lotfi Rakik dans " Kouloulou El Hakika " d'Abdel Halim Hafez a distillé des notes de légèreté suivi de la gracieuse Sihem Daldoul Bouhaouala sur une chanson de Sabah " Rahet Layali", du géant Riadh Sombati, pleine de nostalgie et d'émotion. Quoique un peu trop courte à notre goût, la prestation de Nourredine Béji en duo avec la ravissante Amira Jouida n'en a pas moins été appréciable ; composée par les frères Rahabani pour Wadi Essafi et Faïrouz, cette chanson a été présentée la première fois en 1970. La chorale a repris une autre chanson d'Om Kalthoum moins célèbre " Holom " habituellement interprétée en solo, elle a été redistribuée pour la chorale en première pour cette soirée par Abderrazek Hihi. Enfin, elle a terminé sur un ton plus alerte avec un cocktail rafraichissant" d'Andoulisiyat " qui a ravi l'assistance. Abderrazek Hihi, grand musicien et musicologue a choisi de présenter un programme difficile, original en fait, loin des sentiers battus, dans des arrangements recherchés et parfois même audacieux. Sous sa baguette, ces amateurs mus par leur passion désintéressée pour la musique ont su transmettre au public venu nombreux, le bonheur du partage.