Le Temps-Agences - Les présidents russe Vladimir Poutine et américain George W. Bush n'ont laissé transparaître aucun signe de progrès sur le dossier qui les fâche, le projet de bouclier antimissile de Washington en Europe, lors d'une rencontre hier à Sydney à la veille du sommet de l'Apec. Dans une brève conférence de presse, le chef du Kremlin a simplement reconnu que la discussion avait "surtout concerné la défense antimissile" et que des experts des deux pays iraient voir un radar en Azerbaïdjan que Moscou propose à Washington d'utiliser. Mais le président russe n'est pas davantage entré dans les détails. Son homologue américain s'est lui borné à qualifier la rencontre de "cordiale et constructive". Les Etats-Unis souhaitent installer des éléments de leur bouclier antimissile en Pologne et en République tchèque, un projet qui vise selon eux à répondre à la menace éventuelle de missiles venant de pays comme l'Iran. Mais Moscou y voit une menace pour sa sécurité et a proposé à Washington d'y renoncer et d'utiliser, entre autres, le radar de Gabala en Azerbaïdjan. Hier, les dirigeants des deux puissances ont aussi abordé les questions du programme nucléaire iranien, du changement climatique mondial ou encore de l'adhésion de la Russie à l'Organisation mondiale du Commerce (OMC), que Moscou attend depuis des années. Arrivé le matin même à Sydney, Vladimir Poutine avait auparavant signé avec le Premier ministre australien, John Howard, un accord de fourniture d'uranium de l'Australie à la Russie. Le chef du Kremlin se trouve comme George W. Bush à Sydney pour le sommet des dirigeants des membres de l'Asie-Pacifique (Apec), qui se déroule aujourd'hui et demain dans une ville transformée en forteresse par les forces de sécurité. Ils y retrouveront notamment le président chinois Hu Jintao et le Premier ministre japonais Shinzo Abe, arrivé hier soir à Sydney. John Howard, hôte de l'événement, a prévu de consacrer une grande partie du sommet au changement climatique. Mais dès la semaine dernière, il avait déjà prévenu qu'en matière d'émissions de gaz à effet de serre, aucun engagement contraignant ne serait adopté. Le projet de déclaration que les dirigeants doivent signer ce week-end se contente de mentionner une "aspiration" à réduire de 25% l'intensité énergétique (mesure calculée par le rapport de la consommation d'énergie et de la production) des 21 économies membres d'ici à 2030, selon un responsable du Sud-Est asiatique associé à la rédaction qui a tenu à rester anonyme. D'autres dossiers comme l'Iran, le nucléaire nord-coréen ou l'Irak, où George W. Bush a fait une visite surprise avant d'arriver en Australie, se sont largement invités au menu des réunions préparatoires et rencontres bilatérales des dirigeants de l'Apec, arrivés en ordre dispersé à Sydney. Hier encore, le négociateur américain en chef sur le nucléaire nord-coréen Christopher Hill a affirmé que des experts des Etats-Unis, de Chine et de Russie se rendraient du 11 au 15 septembre en Corée du Nord pour examiner comment les installations nucléaires du pays pourraient être désactivées. Pyongyang a entamé son programme de dénucléarisation en février, dans le cadre d'un accord à six entre les deux Corée, les Etats-Unis, le Japon, la Chine et la Russie. Un accord qui prévoit en échange une importante aide en matière énergétique à la Corée du Nord et la perspective d'une normalisation de ses relations avec le reste de la communauté internationale, en particulier avec les Etats-Unis. L'Apec regroupe l'Australie, le sultanat de Brunei, le Canada, le Chili, la Chine, les Etats-Unis, Hong Kong, l'Indonésie, le Japon, la Malaisie, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, la Papouasie-Nouvelle Guinée, le Pérou, les Philippines, la Russie, Singapour, la Corée du Sud, Taïwan, la Thaïlande et la Vietnam.