Dans une approche citoyenne de la culture et du patrimoine, KolnaTounes investit depuis une année l'espace public dans un partenariat entre les différentes composantes du tissu sociétal et institutionnel. Démarche innovatrice qui appelle à une lecture et une transcription des territoires dont le point de départ est une conscience citoyenne de l'environnement immédiat : l'éveil citoyen comme levier et déclencheur de l'acte ; l'action étant par essence la négation de l'immobilisme. KolnaTounes organise la deuxième édition de Dougga Festhéâtre, dédiée à la mémoire de Jamil Joudi dont la dernière apparition théâtrale était à l'occasion de DouggaFesthéâtre 2012. Le festival aura lieu du 3 au 6 juillet 2013.Durant quatre jours, il propose une transversalité des arts mais aussi creuse dans le sillon de la spécificité et de la singularité afin d'enrichir et d'innover. Car l'imaginaire est l'un des caractères fondamentaux de l'Art mais aussi et surtout de la Vie. Emna Mnif, Présidente de l'Association Kolna Tounes et du DouggaFesthéâtre, a bien voulu se confier à notre collaborateur. Le Temps : quelle est la démarche qui a mené à la création de ce festival ? Emna Mnif : nous ne considérons pas DouggaFesthéâtre comme un festival, dans le sens convenu du terme. Nous avons la conviction qu'il faut créer un rapport innovant avec l'espace public et une lecture renouvelée de notre patrimoine dans toutes ses composantes. DouggaFesthéâtre est à la fois une rencontre avec le site archéologique de Dougga, le dialogue des Arts dans la transversalité et l'hybridation, le retour du théâtre comme à ses heures de gloire à cet amphithéâtre et une mise en valeur du patrimoine immatériel, dont le patrimoine culinaire de la région. Le développement de la région ne peut se concevoir qu'en se basant sur ses spécificités. Les concepts de tourisme culturel doivent sortir de l'immobilisme des modèles existants et inefficients. La notion de Festival doit se renouveler et sortir du cadre institutionnel pour rentrer dans une logique de partenariat entre les différentes composantes de la vie publique et de diversification du produit en le marquant d'une spécificité différentielle. *Quelle est la spécificité de cette deuxième édition ? -D'abord, cette édition est dédiée à la mémoire de Jamil Joudi qui a marqué de son empreinte le festival de Dougga lorsqu'il était réservé au théâtre et qui a fait sa dernière apparition théâtrale lors de DouggaFesthéâtre 2012. Nous n'oublierons jamais l'émotion avec laquelle il a fait les lectures de sa traduction d'Antigone. Ensuite, cette édition va être marquée par le théâtre classique mais dans une approche originale, contemporaine, et un maillage avec d'autres genres et d'autres expressions artistiques, avec une soirée réservée à de jeunes créatrices de grande facture. Enfin, la soirée de clôture ressuscitera la tradition du théâtre classique par une pièce théâtrale jouée à la lumière du jour. *Et si vous nous présentiez les spectacles? -Pour ne citer que ceux là, selon ce qui devient une tradition, l'ouverture sera réservée au théâtre régional avec la troupe du Centre d'Arts Dramatiques et Scéniques de Médenine dans une création, "Tara ma Raeyt" de Anouar Chayeb. La soirée "Dialogue de Créatrices" sera très spéciale entre un spectacle de Houda Ben Amor qui raconte les stratagèmes des femmes, Amel Farji qui donne la voix à Jean Cocteau et "La voix humaine" et Mariem Akkari qui décline les textes classiques de Caligula à Médée et Antigone. Les spectacles seront précédés d'une visite guidée de Abdessattar Amamou et de performances artistiques. Nous en citons le spectacle "Diari' (Stambali) de Imed Ben Jemâa et la performance de Percussions. *Comptez-vous diversifier votre programmation l'année prochaine? -Chaque année aura son lot de surprises. *Quelles en sont les contraintes, à votre avis ? -Evidemment, la première étant financière. Nous ne mesurons pas encore l'importance du combat culturel dans l'édification d'une société démocratique à laquelle nous aspirons. Il ne peut pas y avoir d'Etat démocratique et d'institutions au fonctionnement démocratique, ni de lutte efficace contre l'endoctrinement, le dogmatisme et la violence sans une Révolution de la Pensée et une diffusion de la Culture. Ce combat n'est ni du loisir ni un divertissement ludique... *En investissant cet espace, le Festival souhaite-t-il par là étendre son influence ? -Encore une fois, Dougga Festhéâtre n'est pas un festival et Kolna Tounes n'est pas un acteur du monde du spectacle. Cette action comme beaucoup d'autres menées dans l'espace public depuis plus d'une année, prétend contribuer à une approche citoyenne de la lutte contre la violence, de développement de l'individu et des régions, de mise en valeur des ressources et des richesses de notre pays. Il ne s'agit pas pour nous d'étendre une quelconque influence mais de porter au plus loin les valeurs pour lesquelles nous nous mobilisons. Propos recueillis par :Kamel Bouaouina Programme Directeur artistique : Lassaad Ben Abdallah Mercredi 3 juillet 2013 à 20h "Tara Ma Rayt" de Anouar Chaifi, textes poétiques de Kamel Bouajila. Centre des Arts Dramatiques et Scéniques de Médenine. Jeudi 4 juillet 2013 à 20h Dialogues de créatrices "Chakhssiet", Caligula… Médée… Antigone de Mariem Akkari Hna, Hna, Hna… de Houda Ben Amor La voix Humaine de Amel Friji, d'après de Jean Cocteau Vendredi 5 juillet 2013 à 20h "La leçon" de Ghazi Zaabni Espace Artistou Samedi 6 juillet 2013 à 18h : clôture Tsunami de Jalila Baccar et Fadhel Jaibi Familia Production Les 3, 4 et 5 juillet 2013 à 18h Visite guidée du site archéologique de Dougga par Abdessattar Amamou Lectures "Les plus beaux textes d'amour : "De Shakespeare à Aragon" par Emna Menif Performances : Flûte, Clarinette et Saxophone "Diari" (Stambali) de Imed Jemâa Performances Percussions Dégustation « Cuisine du terroir »