N'en déplaise aux « grincheux » qui prétendent que la Khroumirie n'offre que 90 jours de temps agréable, par an, nous affirmons qu'on peut s'y promener, avec plaisir, toute l'année. On peut, au cours de plusieurs week-ends, parcourir différents circuits intéressants. Nous n'en décrirons qu'un aujourd'hui. Les bords de mer Ce matin-là, nous partons de Tabarka dans la direction du soleil. Négligeons les « greens » du golf très connu, encore que ...même en plein hiver, nous ayons connu de petits groupes d'amateurs qui profitaient des hôtels et du golf déserts pour organiser, grâce aux liaisons aériennes existantes, des week-ends entiers de golf. Ne pensons pas, non plus, aux très belles « virées » en véhicule 4x4 qu'on peut faire sur les grandes pistes forestières qui partent vers Majen Roumi. On pourrait parfaitement partir dans l'autre sens, vers le Sud et aller d'abord prendre un bon café à Hammam Bourguiba avant de continuer vers le Jebel Adissa et le barrage sur l'Oued Barber. A l'Est de Tabarka, les très belles plages ne nous retiendront pas. Le premier arrêt est prévu au petit mais charmant Parc du Jebel Khroufa. Fruit d'une coopération tuniso-japonaise, son écomusée est très intéressant. Le Parc abrite aussi quelques représentants d'une race de petits chevaux, pétris de qualités : les Poneys des Mogods. Nous ne comprenons toujours pas pourquoi on n'organise pas davantage de circuits équestres, dans cette région qui s'y prête, avec ces chevaux, dociles, rustiques et parfaitement adaptés au terrain. Puis on emprunte la grande route qui mène au hameau d'Aïn Snoussi. La montagne Du haut des premières pentes, on découvre d'abord l'aéroport puis la coquette bourgade de Ouchtata et l'azur de la « Grande Bleue » qui, parfois, miroite au soleil mais, quelquefois, écume sous les coups de vent du Nord. Ensuite, on grimpe, on dévale, on serpente en pleine montagne. On découvre les pentes boisées du majestueux Jebel Guessaa, de 800 mètres d'altitude. Parfois, des blocs de pierre ont roulé jusqu'au bord de la route, du haut de laquelle le regard plonge dans des vallées étroites et profondes, aux berges escarpées et nues. Au fond, un ruisseau serpente entre des touffes de lauriers roses, couverts de fleurs à la belle saison. Mais, en hiver, c'est un torrent furieux qui mugit et se fracasse sur des rochers énormes. De loin en loin, une maison isolée, entourée de quelques champs, un hameau, de rares petits bovins « humanisent », un peu, cette portion typique des monts de Khroumirie. Puis, après une série de zigzags, on arrive à un col « garni » de trois marabouts et d'une petite école. A quelque pas, au bord de la route, se dresse la « R'chèda touila » : un énorme monolithe « érigé », objet d'un culte local puisqu'on trouve à ses pieds des restes de bougies consommées et des pièces de monnaie. Ce sont là, sans doute, les vestiges d'un culte antique que les marabouts voisins ont essayé d'éradiquer. Seules cinq ou six « Pierres dressées », pour ne pas dire « menhir », sont connues en Tunisie. Les vestiges historiques A quelques kilomètres de là, on arrive au village d'Aïn Snoussi. On va,, bien sûr, aller chercher, à un kilomètre vers l'Est, l'amorce de la petite route qui mène aux « haouanet » de Kef El Blida ornés d'une peinture pariétale unique au monde. Nous les avons décrits à plusieurs reprises. De Kef El Blida, on peut continuer jusqu'à la route qui vient de Zaga et revenir, sur la route de Béja, vers Aïn Snoussi ou bien retourner simplement sur ses pas et continuer, après Aïn Snoussi, vers Aïn Draham. A 1,5 kilomètre environ, avant le hameau de Souk Essebt, on garera sa voiture, à gauche, sur une petite esplanade où l'on a entreposé du gravier lors de la construction de la route. On suit la piste qui en part et descend vers les premières maisons. Là, un gamin aimable vous mènera à la falaise de Zouaïnia, quelquefois appelée aussi : Henchir El Ghrifèt, dans laquelle ont été creusés de nombreux « haouanet » : tombeaux rupestres préromains, tous très curieux, disposés en trois étages. Après cette petite marche, on pourra, si l'on a du temps ou si l'on est curieux, aller jusqu'à l'arboretum qui abrite des chênes afarès, en voie de disparition, aménagé le long de la route, menant à Balta, qui part, à gauche, après Souk Essebt. On peut aussi, avant d'arriver à Aïn Draham, aller à la tourbière de Dar Fatma – rarissime en Tunisie ! – à partir du village du « Col des vents ». On choisit parfois de rentrer déjeuner à Tabarka. Mais, tout aussi souvent, on décide de manger à Aïn Draham et de parcourir, en après-midi, la deuxième partie du « circuit Khroumir ». Les réalisations modernes Soit directement, soit par la pittoresque petite route qui part, à droite, du village du Col des vents, on ira admirer le village de Béni M'tir qui fait penser, par son architecture, à un bourg des Alpes. Le barrage, de type poids mais constitué de contreforts évidés et indépendants, mesure près de 500 mètres de long pour 80 mètres de haut environ. Sa retenue d'eau de 70 millions de m3 est la seule qui permette de diminuer la teneur en sel de l'eau bue à Tunis en particulier. On pourra « plonger » dans la vallée pour aller voir la centrale hydroélectrique dont l'énorme turbine est mise en mouvement par l'eau du barrage amenée par une conduite forcée, unique en Tunisie. On pourra, même, un peu plus loin, aller boire un verre de l'eau du barrage, filtrée et épurée dans de grandes installations, avant qu'elle ne parte vers les villes du littoral. Ensuite, par Fernana, grâce à de grandes routes modernes, on flânera dans l'extrême Ouest du pays, soit en forêt, soit sur des collines tapissées de fleurs roses ou blanches selon la saison et l'espèce de bruyère en fleurs mais toujours parfumées par les myrtes et les lentisques et, enfin, on se promènera au pied des « falaises » nues du Jebel Adissa. On pourra parcourir, par de belles pistes, quelques tronçons de la « route du marbre » allant de Chemtou / Simithus à Tabarka, depuis les vestiges du pont romain sur l'Oued Ghezala, à 2 kilomètres à l'Ouest de Fernana, jusqu'à Aïn Charchara qui est peut-être Zigira antique, citée par le géographe Ptolémée, en passant par Henchir Damous et Damous Bou Hadjaja qui était peut-être Thunuba antique. On pourrait aussi aller jusqu'au très grand et récent barrage sur l'Oued Barber à proximité de la frontière. Mais on peut décider aussi d'aller se reposer à Hammam Bourguiba. Cette station thermale est remarquable. On peut choisir d'y savourer une collation en fin d'après-midi en regardant le soleil se coucher sur l'Algérie toute proche ou y prendre un bon bain « réparateur » ou encore s'offrir les deux plaisirs, dans un ordre indifférent, avant de regagner son hôtel à Tabarka ou à Aïn Draham. Au terme de cette journée d'excursion, aurez-vous l'impression d'avoir perdu votre temps ? Qu'est-ce qui pourrait vous empêcher de la réaliser à n'importe quel moment de l'année, même par temps de neige ? Depuis combien de temps, n'avez-vous pas fait une « bataille » de boules de neige ? N'aurez-vous pas, plutôt, la conviction de commencer à connaître et à apprécier la Khroumirie ? Nous allons vous indiquer les meilleures saisons pour fréquenter la Khroumirie : c'est l'été avec des plages magnifiques, des plongées superbes, de très belles parties de pêche et des langoustes succulentes. Mais ce pourrait être l'automne, avec l'arrivée des bécasses et des palombes et des omelettes aux champignons délicieuses. Certains préfèrent l'hiver pour aller chasser le sanglier et voir la neige. D'autres sont des inconditionnels du printemps avec ses orchidées, l'arrivée des oiseaux migrateurs et les « cigales de mer » grillées. Allez en Khroumirie toute l'année !