• «La légitimité expire le 23 octobre prochain», affirme Samir Taïeb • «La transition ne saurait se poursuivre sans clarté », prévient Abderrazak Hammami Nombreux observateurs estiment que la dernière réunion des hauts dirigeants de l'Union pour la Tunisie (UPT) devait être déterminante dans la mesure où elle aura à évaluer le degré de cohérence des positions politiques de ses différentes composantes. La haute instance de l'UPT se réunit généralement une fois par mois, mais vu l'intensité de l'actualité en Egypte et en Tunisie, cette réunion s'est déroulée plus tôt. La situation actuelle dans le pays et les réponses à donner aux attentes populaires, surtout après que plusieurs voix s'étaient levées pour appeler à mettre fin à la légitimité de l'Assemblée Nationale Constituante et à celle du Gouvernement était au centre des débats. Etaient présents, Béji Caïd Essebsi, Ahmed Néjib Chebbi, Abdrrazak Hammami, Mohamed Kilani, Ahmed Brahim, Samir Taïeb, Taïeb Baccouche, Meya Jeribi, Ridha Belhaj, Khmaies Ksila et d'autres dirigeants des cinq partis formant l'UPT, à savoir Nida Tounès, Al-Joumhouri, Al-Massar, le Parti du Travail Patriotique et Démocratique et le Parti Socialiste. Entre la position de ceux qui prônent la fin immédiate de la légitimité de toutes les instances issues des élections du 23 octobre 2011 et ceux qui sont pour le dialogue fût-il éternel et même infructueux avec Ennahdha, une position médiane a été privilégiée. « La légitimité s'arrêtera le 23 octobre prochain », affirme au Temps Samir Taïeb porte-parole d'Al-Massar. Donner un ultimatum est une position jugée modérée et responsable. L'UPT demande à l'ANC d'achever l'élaboration et l'adoption de la Constitution, de former l'Instance Supérieure Indépendante des Elections (ISIE), l'Instance provisoire de la Magistrature, la loi électorale et d'activer les démarches d'organisation des élections présidentielles et législatives. Ainsi, l'UPT choisit un ton plus modéré, sans donner un autre chèque en blanc au pouvoir, ni tomber dans l'aventurisme fixe des limites à ne pas franchir, sans une remise totale de la légitimité de la Constituante et des pouvoirs qui en sont dérivés. Deux ans après son élection, l'ANC devra avoir achevé les missions pour lesquelles elle a été élue. N'oublions pas que les membres de l'ANC avaient été élus pour une année. Abderrazak Hammami, précise au Temps, que cette réunion est l'occasion de faire le diagnostic de la situation. « Une unanimité s'est dégagée autour des dangers qui menacent le pays. Ce qui s'est passé en Egypte est très grave, précédé par une dictature naissante. Cette situation peut se reproduire ailleurs. Vu le bain de sang en Egypte, il n'est plus question de se taire sur le ralentissement de la transition démocratique. Il est devenu clair que des revendications précises concernant le monopole du pouvoir dans le traitement des problèmes s'imposent. Sinon des mouvements de protestation seront déclenchés. Rien des revendications fondamentales n'a été réalisé. L'élaboration de la Constitution est au point mort. Les objections des démocrates n'ont pas été prises en compte ». Notre interlocuteur ajoute qu'il est devenu urgent de répondre aux revendications populaires et de fixer une feuille de route claire. Les revendications doivent avoir une date limite. « La transition ne saurait se poursuivre sans clarté. Tout doit être mis au clair de façon consensuelle, pour éviter les mouvements de rue ». Quelle est la position du parti républicain (Al-Joumhouri) ? Pour nombreux observateurs, les rapports d'Al-Joumhouri avec Ennahdha posent problèmes. Al-Joumhouri est une force essentielle au sein de l'Union pour la Tunisie (UPT). Cela n'empêche pas son leader Ahmed Néjib Chebbi de dialoguer avec Ennahdha. Cette ambiguïté n'est pas bien appréciée par beaucoup de démocrates proches d'Al-Joumhouri.