EAUsecours» ! D'emblée, le titre est significatif. Il est révélateur du contenu de la nouvelle création de Nawel Skandrani. Quelques paroles pour l'ouverture du spectacle par Fethi Haddaoui, directeur du festival et c'est déjà le voyage avec les dix danseurs qui ont choisi le mouvement comme moyen d'expression dans un style particulier. Des chorégraphes essayent d'exprimer, de communiquer sur le problème de l'eau. Pourquoi ce thème ? Nawal Skandrani estime que l'environnement et la préservation de notre planète sont et seront toujours une de ses préoccupations. « Je considère mon implication en tant qu'artiste citoyenne, bien plus qu'un devoir, une urgence. L'art est un moyen de communication en faveur de l'écologie. L'eau préoccupe le monde. La situation est très critique, due aux conflits en tous genres, à la colonisation et aux grandes sécheresses ». Le spectacle très beau était une alternance entre musique, danse et théâtre. Des chorégraphes venant de Tunisie, d'Egypte, de Palestine, de France et du Brésil se justifient par le fait que la situation de l'eau dans leurs pays est alarmante. Avec des mouvements bien étudiés, tantôt improvisés. C'est un vrai régal, un mélange de grâce et de sensualité, des mouvements subtils en communion avec la mélodie envoûtante de la musique et le rythme entraînant de la tabla (Khaled Yassine) , de la guitare (Jawhar Basti) et du piano (Mohamed Ali Kamoun) . Des danseurs qui incarnaient la beauté, le charme et la volupté. Leur danse, leurs pas, leur chorégraphie évoquent à chaque moment ce problème de l'eau mais aussi des images, des frustrations et des émotions en donnant libre cours aux mouvements de leurs corps. L'art n'a pas de frontières avoue Nawal Skandrani comme en témoignent ces danseurs interprètes qui communiquent et se déplacent dans l'espace nu, s'y inscrivent et s'en emparent. Une musique très riche et des mouvements gracieux de ces corps qui tournent et qui expriment ces enjeux liés à l'eau. S'entremêlant, le langage musical et gestuel passe par l'expression du corps. Tout est exprimé à travers le moindre geste et le moindre pas. Un spectacle vivant, d'une grande liberté créatrice. Chaque danseur se distingue de l'autre aussi bien par son physique que par sa manière d'esquisser ses mouvements. Le corps nous dit Marion Blondeau est ici un instrument magnifique de communication. Il exprime l'angoisse, la résignation mais aussi l'envie de se libérer. Une rencontre, une grande complicité, un partage, une passion. La classe de Marion Blondeau, Jumana Dabis, Hiba Yarhash, Yasmine Kdhiri, la maîtrise tant au niveau de la chorégraphie qu'à celui de l'expression corporelle des danseurs Ahmed Khemis, Larbi Namouchi, Mohamed Rabiye, Bruno da Silva, Abdelaziz Touati et Haythmem Toumi. reflètent ce bel effort et cette générosité des artistes. L'art dans toute sa splendeur. Un va et vient sur scène de danseurs, de figures narratives se débattant dans une bien triste confusion. A cela s'ajoutent les images vidéo de Sergio Gazzo, la bonne lumière de Moez Al Jubeh et Sabri Atrous et la photographie de Ghenim Zaarour. C'est tout cela que Nawel Skandrani a développé dans « EAUsecours » qui a réuni plusieurs arts. Le public qui n'est pas habitué à ce genre de prestation, arrive- t-il à apprécier le spectacle à sa juste valeur. Pour ce genre d'entreprise, il y a danger pour l'artiste d'être incompris. Mais Nawal essaie de temps à autre de lancer des messages pour parler de l'eau et en même temps aider à une prise de conscience générale dépassant tout type de frontières. Ce spectacle est aussi un hommage à la Palestine et à ses artistes. La situation de l'eau est très critique dans ce pays. Nawal a donné la chance à ces jeunes chorégraphes palestiniens pour exprimer leurs colères, leurs engagements mais aussi leurs espérances sur un sujet aussi universel .Bref un spectacle de qualité mais qui mérite d'être vu et revu dans nos festivals d'été car se contenter d'une première à Hammamet n'est pas la bonne affaire. Nawal nous a promis d'autres sorties d'ici octobre, à Sousse et à Sfax. Mohamed Toumi affirme que c'est un pari réussi " C'est un grand challenge qu'on a su relever. On apprend toujours et pour moi c'est l'essentiel .Contacté à la fin du spectacle, le public a beaucoup apprécié cette ouverture. Mohamed Ali, estime que Nawel Skandrani est une très bonne chorégraphe en constante évolution car elle cherche toujours l'innovation et l'originalité : « j'apprécie particulièrement son énergie et sa manière de marier la danse à la musique et au théâtre. » Samia, une jeune chorégraphe : « Nawel a tiré son épingle du jeu. Pour moi elle est mon modèle. . Elle a un talent incroyable! Elle nous a fait voyager à travers cette histoire d'eau ». Jamel ajoute « Je l'admire beaucoup! Ses chorégraphies sont toutes superbes! Je rêve de devenir et de réussir comme elle. C'est mon modèle …! »