• Egypte… je vous aime Par: Khaled Guezmir Jamais les yeux et les cœurs des Tunisiens n'ont été aussi suspendus aux nouvelles provenant d'Egypte qu'en ce moment ! Et pour cause, une partie de notre destin, de notre futur et de notre modèle de vie se joue au pays du Nil et de Ramsès. Et dire que le Caire est à 3000 km de Carthage, et qu'il faut quatre heures et demie de vol pour y arriver, mais la 2ème Révolution du 30 juin 2013, certains la désigneront par « contre-Révolution » et c'est leur droit, a remis tout le processus du printemps arabe en question et surtout en Tunisie où le pouvoir islamiste éternisé par une transition conditionnelle commençait à y croire : J'y suis, j'y reste ! Faites le choix de la terminologie qui vous semble la plus appropriée pour qualifier les événements d'Egypte, vous serez toujours excusés parce que le côté passionnel et irrationnel du dossier égyptien est incontournable. De la « légitimité électorale » de Morsi à la légitimité populaire de « Tamarod », du coup d'Etat de l'armée, à l'intervention de celle-ci et du Maréchal Sissi pour éviter une guerre civile avec des milliers de mort et non pas quelques dizaines… Tout le monde peut trouver une paire de chaussures à sa mesure ! Mais, l'essentiel est ailleurs… C'est le rapport des islamistes égyptiens et tunisiens avec la démocratie et son mécanisme de mise à feu : les élections. Depuis une certaine « victoire » du « FIS » algérien aux élections, et qui ont tourné par la suite au drame qui a fait plus de 100.000 morts, les Frères musulmans du globe et leurs brain-trusts, ont découvert la pierre philosophale ou mieux la « Lampe d'Aladin ». Eux qui ne croient ni à l'Etat, ni à ses institutions inspirées de la modernisation occidentale, vont comprendre qu'il est finalement plus commode et moins coûteux de « prendre » le pouvoir par les élections et non par la guérilla permanente contre l'Etat « athé ». Jusque-là quoi de plus légitime. Après tout la démocratie s'apprend aussi par étape et beaucoup d'observateurs et politistes pensaient que la démarche pourrait être finalement positive et changer sur le moyen et le long terme le « terrorisme islamiste » et le canaliser vers l'acceptation et la pratique de la démocratie classique. Mais, depuis tous ces analystes ont revu leurs prétentions et leur optimisme à la baisse : les islamistes ne font qu'une élection celle, qui leur permet d'accéder au pouvoir et d'assommer leurs adversaires démocrates de souche et de conviction, par une organisation sans faille et un matraquage mobilisateur haletant. C'est ce que j'appellerais une « élection éclair » comme ces guerres préventives menées rapidement par un Israël en supériorité technologique pour écraser « l'ennemi » avant de pouvoir décoller. Je vous renvoie un peu à la guerre des six jours ! Nos islamistes en Egypte surtout et aussi en Tunisie ont profité de la naïveté de ceux qui ont institué le fameux art. 15, qui a démantelé juridiquement la seule organisation de masse en dehors des Islamistes, le Destour et sa dénaturation le RCD, et idem du PND égyptien, héritier du parti nassérien, pour se retrouver seuls maîtres à bord du processus électoral avec un éparpillement qui frise le désastre des forces « démocratiques » toutes formations et partis d'élites incapables de se mesurer à l'énorme machine de la Nahdha et des Frères musulmans. Résultat un-ras-de marée légitimé par la légalité démocratique, mais trompeur par la légitimité et la représentation populaire totalement asphyxiée par l'anarchie révolutionnaire. Au fil des jours, le réveil des élites assommées par ces résultats imprévisibles et des peuples anesthésiés par les promesses de tous les matins démocratiques et sociaux islamistes, a été plus que douloureux. Du coup, ces rejets presque agressifs des systèmes islamistes de la transition aussi bien en Egypte comme en Tunisie avec cette frustration amère de quelqu'un qui se sent avoir été roulé, et se trouve prisonnier de sa propre turpitude allant jusqu'à maudire « ces élections » organisées à la hâte et où les garanties suffisantes aux islamistes les lignes rouges surtout au niveau de l'islamisation de l'Etat et du modèle de société. Les premiers mois de l'exercice du pouvoir par les Islamistes aussi bien en Egypte et en Tunisie n'a fait qu'accroître ce sentiment d'une bonne moitié et plus de la population que quelque part la « Révolution » n'était pas tout à fait la même : Celle qu'on a voulu et celle qui se déroule sous nos yeux. Les Islamistes égyptiens et tunisiens étaient trop pressés d'enfoncer le clou et ils voulaient rendre l'islamisation de l'Etat et de la société irréversible. C'est le fait accompli de toutes ces mosquées qui échappent au contrôle d e l'Etat, mais on oublie de dire que l'Etat « nouveau », y est pour quelque chose (n'est-ce pas si Noureddine Khademi !). C'est le fait accompli de ces milliers d'associations caritatives qui sont de fait des cellules activistes de propagande et d'encadrement de citoyens fragilisés par la pauvreté. C'est le fait accompli de l'Etat parallèle, des milices qui s'approprient l'Etat et les moyens de la violence légale dans l'impunité la plus totale et terrorisent la société civile et les partis d'opposition. La marche « triomphale » de l'Islamisme politique gagnait du terrain avec une « invasion » de type culturel du wahabisme qui n'a pas manqué de choquer les classes moyennes attachées à leur égyptianité et leur tunisianité heureux et bon enfant, musulmane sans contrainte ni excès. Puis ce fut autour de l'économie de prendre le relais. Les islamistes n'arrivent pas à redresser les économies. Les finances plongent et les devises avec, le tourisme est sinistré, l'environnement dépérit à vue d'œil, le laisser-aller et l'anarchie dans les villes est à son comble. Le doute gagne les esprits et on commence à se poser la question. Oh combien fatidique : faut-il séparer la religion de l'Etat, sinon c'est la faillite politique et économique. 33 millions de personnes vont rugir en masse au Caire, pour le dire et surtout pour essayer de sauver l'Egypte son histoire millénaire, sa modernité et son modèle de vie unique au monde, connu par la joie de vivre, la gaité et l'amour de la musique et des arts. Oui, l'Egypte éternelle, celle de Néjib Mahfoudh, seul prix Nobel de littérature de l'Histoire arabo-musulmane. Jusque-là, l'Egypte et la Tunisie vont côte à côte, mais jusqu'où… ? K.G Q�:���pan
Les premiers mois de l'exercice du pouvoir par les Islamistes aussi bien en Egypte et en Tunisie n'a fait qu'accroître ce sentiment d'une bonne moitié et plus de la population que quelque part la « Révolution » n'était pas tout à fait la même : Celle qu'on a voulu et celle qui se déroule sous nos yeux. Les Islamistes égyptiens et tunisiens étaient trop pressés d'enfoncer le clou et ils voulaient rendre l'islamisation de l'Etat et de la société irréversible. C'est le fait accompli de toutes ces mosquées qui échappent au contrôle d e l'Etat, mais on oublie de dire que l'Etat « nouveau », y est pour quelque chose (n'est-ce pas si Noureddine Khademi !). C'est le fait accompli de ces milliers d'associations caritatives qui sont de fait des cellules activistes de propagande et d'encadrement de citoyens fragilisés par la pauvreté. C'est le fait accompli de l'Etat parallèle, des milices qui s'approprient l'Etat et les moyens de la violence légale dans l'impunité la plus totale et terrorisent la société civile et les partis d'opposition. La marche « triomphale » de l'Islamisme politique gagnait du terrain avec une « invasion » de type culturel du wahabisme qui n'a pas manqué de choquer les classes moyennes attachées à leur égyptianité et leur tunisianité heureux et bon enfant, musulmane sans contrainte ni excès. Puis ce fut autour de l'économie de prendre le relais. Les islamistes n'arrivent pas à redresser les économies. Les finances plongent et les devises avec, le tourisme est sinistré, l'environnement dépérit à vue d'œil, le laisser-aller et l'anarchie dans les villes est à son comble. Le doute gagne les esprits et on commence à se poser la question. Oh combien fatidique : faut-il séparer la religion de l'Etat, sinon c'est la faillite politique et économique. 33 millions de personnes vont rugir en masse au Caire, pour le dire et surtout pour essayer de sauver l'Egypte son histoire millénaire, sa modernité et son modèle de vie unique au monde, connu par la joie de vivre, la gaité et l'amour de la musique et des arts. Oui, l'Egypte éternelle, celle de Néjib Mahfoudh, seul prix Nobel de littérature de l'Histoire arabo-musulmane. Jusque-là, l'Egypte et la Tunisie vont côte à côte, mais jusqu'où… ?