Le peuple Tunisien vit des moments les plus critiques de son histoire, une période de menace terroriste. Deuxième assassinat politique, voiture piégée traduisent une situation inhabituelle dans laquelle le Tunisien se trouve confronté à une nouvelle donne celle du terrorisme. Le pays risque à tout instant de virer à l'anarchie pour plonger dans le chaos et rien ne présage de bon pour le processus dit de transition démocratique en Tunisie. Le scénario algérien hante la mémoire des Tunisiens qui ne perdent pas espoir à trouver une issue qui peut concilier l'inconciliable. L'économie nationale, d'ores et déjà au bord de l'asphyxie vit aujourd'hui sur le tempo déchirant et troublant du pays. L'assassinat du martyr Mohamed Brahmi et l'explosion dimanche d'une bombe artisanale dans une voiture de la garde Maritime à la Goulette, outre les risques d'une montée de la violence entre pro et anti Ennahdha, ne font qu'amoindrir le peu d'espoir qui reste pour une reprise économique. La Bourse de Tunis poursuit son trend baissier, le dinar tunisien est à son plus bas niveau historique, les investisseurs étrangers sont en train de mettre la clé sous le paillasson et le tourisme tunisien crie aux haros…Bref rien ne va. Où va l'économie nationale et comment peut-on sortir de cette crise et éviter la détresse ? Qu'en pensent les économistes ? Moez Joudi, expert financier« D'ici la fin de l'année, l'économie nationale ne serait pas loin de la faillite au cas où cette situation perdure… - Le FMI risque de ne pas verser les prochains virements à la Tunisie » « Il faut dire que deux, trois jours avant l'assassinat de Mohamed Brahmi, j'étais optimiste. Je pensais vraiment qu'on allait s'en sortir avec l'amorçage d'un plan de sauvetage, que le gouvernement a finalement validé. Toutefois, l'assassinat a tout remis en question. Aujourd'hui, la situation est catastrophique et on craint le pire. Si la situation se poursuit d'ici la fin de l'année en cours, l'économie nationale ne sera pas loin de la faillite. En effet, les leviers de croissance n'ont pas retrouvé leur rythme d'antan, l'ambigüité et l'insécurité continuent de ternir le marché. Il ne faut pas perdre à l'esprit par ailleurs que le FMI (fonds monétaire international), est en train de financer le budget de l'Etat et donc de payer les salaires des Tunisiens sous des conditions préétablies dont le regain de la stabilité et de la sécurité en plus de la panoplie de réformes prescrites. Et en l'absence de ces conditions, le FMI risque de ne pas verser les prochains virements au profit du gouvernement tunisien. Pis encore, la baisse successive de la notation du pays, affaiblira nos chances de financements sur les places internationales. Du fait, on n'aura plus de financements. Aujourd'hui, les économistes et experts n'ont plus aucun pouvoir, les raisons du chaos sont politiques et les solutions ne peuvent êtres que politiques. Même un Nobel d'économie serait incapable de sauver l'économie nationale du gouffre. Il faut une feuille de route, il faut trouver un consensus, sinon on ne va pas nous en sortir. » Raouf Boudabbous, chargé de la communication à la bourse de Tunis « Le marché se corrige peu à peu et le Tunisien semble s'habituer à ces nouveaux chocs » La baisse de l'indice Boursier Tunindex est une réaction normale après ce deuxième assassinat politique. Néanmoins il faut dire que son impact était moins saillant sur le marché boursier. Apparemment, le Tunisien s'accoutume tant bien que mal avec ce genre de chocs. La baisse s'est contractée en ce début de semaine et le volume des transactions s'est amélioré. D'ailleurs, il n'y a pas eu de très grande demande et une vague d'offres. Pas de vente massive, on ne se précipite pas pour vendre on sent qu'il y a plus de maturité sur le marché. On note un certain attentisme de la part des investisseurs, qui sont réticents et attendent la réaction du gouvernement face à cette nouvelle donne terroriste. Il y a quand même une lueur d'espoir. La reprise du marché dépendra finalement des issues politiques, puisque c'est à eux et eux seuls de fixer les règles du jeu. Le consensus national serait incontestablement la planche de salut pour nous tous. La situation actuelle ne profite à aucun parti. Nous sommes sur le même navire et nous devons nous unir pour arriver à bon port. » Anis Wahabi, expert-comptable et membre de l'OECT « Quand le politique ne marche pas, rien ne va » « On pourrait dire que la saison touristique est achevée, la Tunisie est à court de moyens financiers, le rating du pays est au plus bas sans parler de la dépréciation du dinar, de la détérioration du pouvoir d'achat et de la fragilité des exportations. L'économie tunisienne risque de devenir un gîte pour les spéculateurs et non pour les investisseurs stratégiques. Bref, quand le politique ne marche pas, rien ne va. Le climat d'insécurité et les tensions politiques continuent d'influer sur l'environnement économique.