- Mohamed Aouadi est suspecté d'être le dirigeant de la branche armée de l'organisation djihadiste Ansar al-chariâa Le juge d'instruction chargé de l'enquête sur l'assassinat du leader de gauche Chokri Belaïd a lancé, hier, un mandat d'amener national et international contre Abou Iyadh et Mohamed Aouadi, dirigeants de l'organisation salafiste djihadiste Ansar al-Chariâa. Le lancement de ce mandat d'amener fait suite aux aveux de certains prévenus arrêtés dans le cadre de l'affaire de l'assassinat de Chokri Belaïd et des attentats perpétrés par des terroristes présumés à Djebel Chaâmbi. Lors de leurs interrogatoires, ces individus avaient déclaré, selon des sources judicaires, qu'ils recevaient les directives directement de la part du leader d'Ansar Al Chariâa Seifallah Ben Hassine, Abou Iyadh. Selon les mêmes sources, Mohamed Aouadi, alias «Etouil» est suspecté d'être le dirigeant de la branche armée d'Ansar al-chariâa Ezzeddine Abdellaoui, un ancien agent de l'ordre reconverti dans le djihadisme qui a été arrêté au lendemain de l'assassinat du député Mohamed Brahmi, aurait reconnu son appartenance à Ansar al-Chariâa et indiqué qu'il recevait des instructions d'Abou Iyadh, selon le ministère de l'Intérieur. Ce salafiste a souligné que Kamel Gadhgadhi, le tueur présumé de Chokri Belaïd, a été et nommé «émir» en janvier 2013 par Abou Iyadh, ajoute-t-on de même source. Mohamed Habib Amri, un autre salafiste soupçonné d'être impliqué dans les attentats terroristes perpétrés à Djebel Chaâmbi contre des militaires, aurait révélé, quant à lui, que le chef d'Ansar al-Charia Abou Iyadh, en fuite depuis l'attaque de l'ambassade américaine le 14 septembre 2012, s'est déplacé à Djebel Chaâmbi pour rendre visite aux maquisards impliqués dans l'assassinat de huit militaires dans cette région proche de la frontière algérienne. «Ennemi public numéro un» Abou Iyadh figure désormais parmi les hommes les plus recherchés en Tunisie. Désigné ennemi public numéro un après l'attaque de l'ambassade américaine, le leader du mouvement d'Ansar al-Chariâa vit dans la clandestinité depuis septembre 2012 Son organisation a été pointée du doigt dans l'écrasante majorité des violences et les actes de terrorisme qui secouent le pays. Parmi les quatorze accusés identifiés dans le meurtre de Belaïd, «plusieurs ont été actifs dans Ansar al-Charia», indiquait au lendemain de la mort de Mohamed Brahmi le ministre de l'Intérieur, Lotfi ben Jeddou, un indépendant, qui s'est dit lui-même «menacé par Abou Membre dès le lycée du Front islamique tunisien (FIT), une organisation clandestine radicale, Abou Iyadh a fui la Tunisie à 22 ans pour se réfugier au Maroc, puis en Angleterre. A Londres, il a intégré le mouvement djihadiste international, au contact notamment d'Abou Qatada, l'un des théoriciens de la nébuleuse terroriste Al-Qaïda en Europe. En 2000, il a combattu aux côtés des talibans et d'Al Qaïda en Afghanistan, avant de cofonder avec Tarek Maâroufi le Groupe combattant tunisien (GCT), inscrit par l'ONU sur la liste des organisations liées à Al-Qaïda. Le GCT recrutait et acheminait des combattants vers les camps d'entraînement afghans. Maâroufi a été condamné à six ans de prison en Belgique, pour avoir fourni de faux passeports aux assassins du commandant Massoud. Abou Iyadh, lui, a été arrêté en Turquie en 2003 et expulsé vers la Tunisie, où il est condamné à soixante-huit ans de réclusion, avant de bénéficier de l'amnistie générale au lendemain de la Révolution.