Le Temps-Agences - Au sixième anniversaire des attentats du 11-Septembre, le recueillement a quelque peu laissé la place à la polémique: la politique en cette année pré-électorale et la -mauvaise- santé des travailleurs de "Ground Zero" étaient hier dans les esprits alors que les proches des victimes du World Trade Center se réunissaient pour se souvenir des morts. Sous un ciel gris, la cérémonie désormais traditionnelle a débuté à 8h40 avec l'arrivée sur le site d'un drapeau américain sauvé des décombres, au son des tambours et cornemuses. Puis un choeur de jeunes de Brooklyn a chanté l'hymne américain, avant les quatre moments de silence: à 8h46, l'heure où le premier des avions frappa la tour nord. Puis 9h03. Et, enfin, deux autres marquant l'effondrement de chacune des tours jumelles. Présidant comme chaque année la cérémonie dans le bas de Manhattan, le maire de New York Michael Bloomberg -qui envisagerait de se lancer lui aussi dans la course à la Maison Blanche- a évoqué ce "jour qui déchira notre histoire et nos coeurs" et une "perte qui ne peut être mesurée". Pompiers et secouristes ont ensuite récité la litanie des noms des 2.750 victimes. Nombre d'entre eux souffrent aujourd'hui de problèmes respiratoires et de cancers attribués au nuage toxique dégagé par la chute des tours jumelles. Pour la première fois, le nom d'une de ces victimes "secondaires" des attentats a été rajouté à la liste: Felicia Dunn-Jones, avocate morte cinq mois après d'une maladie respiratoire, est devenue la 2.974e victime officielle. D'autres cérémonies ont eu lieu. Minutes de silence à la Maison Blanche pour le président George W. Bush entouré de tout le personnel et de ministres. Au Pentagone à Washington, également frappé, tout comme en Pennsylvanie, où moururent les 40 passagers et membres d'équipage du Vol 93 de United Airlines, salués comme héros pour avoir réussi à détourner l'avion tueur de sa cible. Ou encore sur les bases américaines d'Afghanistan, premier front de la riposte d'après le 11-Septembre. Mais les choses changent. La construction de quatre nouveaux immeubles à la place des tours mortes ayant débuté à New York, la cérémonie avait été déplacée un peu plus loin, dans un parc bordant "Ground Zero". Cette mise à l'écart a provoqué la colère de nombre de familles qui ont donc boudé la commémoration. Autre changement en 2007, Rudolph Giuliani, maire de New York à l'époque, est aujourd'hui en campagne pour la Maison Blanche, avec pour principale carte de visite son rôle central dans la gestion du drame. Et les pompiers, ses héros et alliés d'hier, se retournent contre lui, mécontents de certaines de ses récentes déclarations, et lui reprochant l'absence de protection sanitaire de l'époque. Comme beaucoup de familles également, ils voulaient que Giuliani candidat s'abstienne cette année de participer, craignant la récupération politicienne. Giuliani a refusé, mais promis un discours bref et sobre. "Ce fut un jour sans réponse, mais avec une kyrielle sans fin de gens qui venaient s'aider les uns les autres", a-t-il déclaré. La sénatrice démocrate de New York Hillary Clinton, qui elle aussi aspire à la Maison Blanche, a également assisté aux cérémonies, mais sans un mot. Tandis que le candidat républicain Mitt Romney, lors d'une commémoration à Boston, d'où partirent deux des avions-suicide, évoquait le jour où "des islamistes extrémistes ont amené la terreur sur notre rivage". Peu auparavant, remuant le couteau dans la plaie de l'Amérique, était diffusée une nouvelle vidéo d'Al-Qaïda, rendant hommage à l'un des pirates de l'air, pour un testament présenté par Oussama Ben Laden lui-même. Al-Qaïda avait diffusé samedi les premières images vidéo de son chef depuis près de trois ans: on y voyait un Ben Laden à la barbe désormais teinte et vêtu d'une robe blanche. Car six ans après, l'architecte du 11-Septembre échappe toujours à l'Amérique. Mike McConnell, directeur du renseignement intérieur, notait hier que les autorités restent vigilantes, craignant d'éventuelles "cellules dormantes" sur le territoire américain. "Nous sommes plus en sécurité, mais nous ne sommes pas en sécurité", résumait-il sur la chaîne ABC. Les attentats du 11 septembre 2001 ont fait 2.974 victimes: 2.750 au World Trade Center, 40 en Pennsylvanie, 184 au Pentagone.