- Le syndicat déplore la corruption régnante, la complaisance du ministère de la Justice et l'amplification des prêches maléfiques - Recrutement de 14 agents au dossier judiciaire pas vraiment propre «Les prisons tunisiennes sont visées aujourd'hui, par les terroristes. Cette alerte adressée par l'Interpol depuis vingt jours ne trouve pas écho auprès des autorités», c'est ce qu'a annoncé hier, Olfa Ayari, secrétaire générale du Syndicat Général des Fonctionnaires des Prisons et de Rééducation (SGFPR), lors d'une conférence de presse donnée au siège du Syndicat National des Journalistes Tunisiens. Faisant l'état des lieux des prisons en Tunisie, la secrétaire générale a sévèrement critiqué les mesures prises dernièrement et qui consistent en la mutation de 39 agents de la prison de Mornagia. « Ils ont été remplacés par 10 nouveaux recrutés inexpérimentés, alors que le travail dans ladite prison nécessite un savoir faire », affirme Mme Ayari tout en dénonçant l'exclusion du Directeur de la prison de la réunion où cette décision a été prise. En fait, « le secteur vit une anarchie totale. Plusieurs mesures graves aux conséquences lourdes ont été prises », déclare la syndicaliste. Elle parle notamment, « de recrutement de 14 ex-prisonniers avec un casier judiciaire qui n'est pas propre dans la structure des prisons et de rééducation », déclare Mme Ayari. Ce n'est pas tout. La syndicaliste a énuméré d'autres décisions qui exercent des répercussions négatives sur le système de travail au sein des prisons, à savoir l'amnistie générale qui a permis aux premiers responsables d'Ansar Achariâa de former de nouveau un mouvement terroriste. Mme Ayari considère, également, que la libération de neuf mille prisonniers dans le cadre d'une amnistie n'était pas une décision réfléchie. Négligence Par ailleurs, la syndicaliste considère que « les autorités au pouvoir ne prennent pas au sérieux les menaces qui guettent le système des prisons. Aucune loi n'a été promulguée pour protéger les agents en cas d'agression ou d'attaque de la part des prisonniers ou par des terroristes », fait remarquer Olfa Ayari. Au contraire, « le ministère de la Justice ne fait qu'écarter et exclure les responsables expérimentés et professionnels ». Mais la syndicaliste est catégorique. Elle a annoncé que « désormais, nous n'allons plus nous taire. Les officiers et les responsables assisteront à toutes les réunions qui touchent de loin ou de près le secteur . Nous exigeons également, que les autorités assurent la sécurité de la principale prison en Tunisie à Mornaguia, où des détenus de la catégorie « A » sont emprisonnés ». A cet effet, Olfa Ayari considère qu'il est « urgent de mettre en place une ceinture de sécurité pour mieux protéger la prison de Mornaguia surtout après avoir arrêté une voiture stockée d'armes dans ses environs ». Détournement de fonds En revanche aucune décision n'a été prise dans ce sens. Le ministère de la Justice fait la sourde oreille face aux revendications des syndicalistes. « Les portes de l'actuel ministre sont fermées », s'insurge-t-elle. « Le ministre néglige totalement le système des prisons et de rééducation, où l'on enregistre des lacunes au niveau de l'infrastructure et de prise en charge des fonctionnaires et des agents ». La syndicaliste parle même « de mauvaise gestion, de corruption et de détournement des fonds alloués par l'Union Européenne pour améliorer les prisons ». Elle cite dans ce cadre quelques exemples, dont « l'acquisition abusive de voitures de fonction au détriment de renforcement du matériel roulant des prisons, où il y a notamment, manque au niveau des ambulances, des bus et des véhicules pour transférer les prisonniers ». En fait, la secrétaire générale n'a pas hésité à critiquer sévèrement le ministère de la Justice qui, selon elle, gère très mal les prisons. « Il écarte les professionnels qui ont une idée pertinente sur le système pour imposer des décisions qui ne font que perturber le travail», tenait à dire la syndicaliste. Elle parle ainsi des prêches tenus dans les prisons et les centres de rééducation où, des imams impliqués dans des affaires de trafic d'armes sont autorisés à instrumentaliser les prisonniers. «Il s'agit du centre de rééducation de Gammarth, où l'imam de la mosquée Al Nour impliqué dans une affaire de trafic d'armes donne des prêches pour des jeunes détenus », signale Mme Ayari qui a carrément parlé des prières collectives avec les prisonniers dirigées par des hommes de politique nahdaouis, à savoir Habib Ellouz et un chargé de mission au sein du ministère de tutelle. Il est clair que le ministère de la Justice a pour objectif de gérer à sa guise la Direction des Prisons et de Rééducation et de lui imposer des réformes. «Mais il faut savoir que le syndicat est là pour défendre cette structure», insiste Olfa Ayar. «Toute réforme ne sera réalisée que suite à notre accord. Nous serons une partie intégrante et nous avons notre mot à dire là-dessus», conclut la syndicaliste. Et la torture ? La secrétaire générale du SGFPR a nié tout acte de torture dans les prisons. Elle précise à cet égard que les accusations doivent être fondées sur des preuves alors que ce n'est pas le cas. « Même les rapports présentés dans ce sens sont erronés », d'après la syndicaliste qui ajoute que la visite des détenus impliqués dans les affaires de terrorisme n'est pas recommandée en ce moment. Mme Ayari considère par ailleurs que « la société civile a contribué en la séddition des prisonniers ».