Le quartette (UGTT, UTICA, LTDH et Conseil de l'ordre des avocats) parrainant le dialogue national multiplie depuis hier et avant hier les réunions pour clarifier des précisions temporelles et en termes de procédures pour son initiative de sortie de crise. Le quartette ne se contente pas du rôle d'intermédiaire entre partis de l'opposition et partis au pouvoir. Il a sa propre initiative, plus connue pour être celle de l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT). Cette initiative repose sur deux parties. La première percée concerne la démission immédiate du Gouvernement pour qu'il soit remplacé par un Gouvernement de compétences dirigé par une personnalité nationale indépendante. Les membres de ce gouvernement ne se présenteront pas aux prochaines élections. Ils se consacreront à résoudre les problèmes urgents, sur les plans économiques, sociaux et sécuritaires. Et là le facteur temps pèsera lourdement sur ce qu'ils comptent entreprendre. Ils conduiront le pays aux prochaines élections qui déboucheront sur les instances durables du pays. La formation de ce gouvernement de compétences est censée envoyer un message positif aux opérateurs économiques et aux investisseurs locaux et étrangers. Le deuxième volet de l'initiative de l'UGTT concerne l'Assemblée Nationale Constituante (ANC). Cette assemblée poursuivra son travail, car il n'est pas question de détruire toutes les institutions. Toutefois, ses missions seront limitées à l'adoption de la Constitution et du Code électoral ainsi que l'achèvement de la mise en place de l'Instance Supérieure Indépendante des Elections (ISIE). Les activités de l'ANC seront limitées dans le temps. Les discussions indirectes par quartette interposé entre l'opposition et le pouvoir ont beaucoup duré depuis plus d'un mois. Pourquoi tant de retard ? Mansour Cheffi, secrétaire général adjoint de l'UGTT ne veut faire porter la responsabilité de ces retards à aucune partie. Toutefois, aux yeux des observateurs, l'opposition qui exigeait la dissolution de l'ANC et la démission du Gouvernement, a tempéré ses ardeurs en mettant un peu d'eau dans son vin pour surseoir à la dissolution de la Constituante. « Le quartette a une opportunité de réunir toutes les forces politiques en lutte, sur la base d'une plate-forme, l'initiative du quartette. Ils fournissent beaucoup d'efforts pour rapprocher les points de vue », dit le secrétaire général-adjoint. Il espère qu'Ennahdha traduira enfin les dires de Rached Ghannouchi en acceptant l'initiative». Le quartette va-t-il changer la conception de son initiative ? Mansour Cheffi, précise que le contenu et la portée de l'initiative ne vont pas changer. Il faut qu'il y ait un Gouvernement indépendant présidé par une personnalité nationale. La Constituante aura des missions limitées dans le temps et dans sa nature. Une reformulation de l'initiative est en cours. Elle touchera les échéances et les moyens avec lesquels, cette initiative sera mise en application. C'est dans les détails des dates que les divergences persistent. C'est que la confiance est loin de régner dans les rapports entre les protagonistes de la scène politique. Du côté de l'UGTT, on espère que la nouvelle mouture sera acceptée dans ses détails et échéances avec tout le sérieux et responsabilité requis. A partir d'aujourd'hui, des réunions avec les différents partis seront tenues, pour jauger leurs réactions. Houcine Abbassi déclarait après son entrevue avec le président Moncef Marzouki, que le quartette tient à son initiative. Il prépare une feuille de route qui réunit les différents protagonistes autour d'une table de dialogue, sur la base de la démission du Gouvernement et la reprise des activités de la Constituante. Il espère inviter les différentes parties à un dialogue à la fin de la semaine en cours ou au plus tard au début de la semaine prochaine. « On ne peut allonger de façon indéterminée les discussions indirectes. Nous avons une vision de feuille de route qui tient compte des intérêts du pays et de ceux des partis. Nous espérons aller au dialogue direct », dit le secrétaire général. Les détails des négociations seront dévoilés au peuple. Il promet d'éclairer l'opinion publique en lui disant tout. A chacun d'assumer ses responsabilités. La fin de la semaine s'annonce décisive.