De Frina à Teboulba en passant par Ksibet Madyouni , les menaces pesant sur le littoral sont bel et bien réelles. Le constat est sans appel : pollution, déchets des ménages et des activités industrielles, paysages défigurés.Ce processus de transformation a affecté un espace remarquable : la baie de Monastir. Cette urbanisation, qui a explosé dans les années quatre vingt, s'est longtemps effectuée en l'absence de plan d'aménagement, de loi protégeant spécifiquement les espaces littoraux, et de gestion du patrimoine foncier. Cette poussée urbaine anarchique a provoqué une dégradation de l'environnement côtier, déjà fragilisé par diverses actions anthropiques. D'ailleurs le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux vient de présenter depuis mai 2013 un rapport alarmant sur la situation environnementale de la Baie de Monastir et souligner les conséquences économiques et sociales qu'elle induit à travers une enquête sur les lieux de Frina, Khniss, Ksibet El Médiouni et Lamta. Il s'avère selon le rapport que la région est en effet touchée par une pollution maritime et aérienne qui provient principalement de l'activité de deux stations d'épuration de l'Office National de l'Assainissement situées à Frina et à Lamta qui collectent les eaux usées et les déversent directement dans la mer c'est à dire sans traitement préalable. Ces eaux usées, composées de résidus et de produits chimiques, sont parfois immédiatement visibles par une décoloration de la mer. Les effluents domestiques, en partie épurés par des stations d'épuration de type physicochimique, déversent encore une grande diversité de microorganismes, virus et bactéries, notamment des pathogènes. La baignade, mais surtout la consommation de coquillages sont susceptibles de mettre l'homme en présence de ces germes pathogènes. Ainsi, en une vingtaine d'années entre 1990 et 2013 le nombre de pêcheurs a été divisée par trois, passant de 300 à 100 pêcheurs. Cela s'explique notamment par les difficultés auxquelles ils sont désormais confrontés avec des rendements toujours plus faibles. En effet, les pêcheurs n'ont aujourd'hui plus d'autres choix que de naviguer plus loin au large des côtes s'ils veulent poursuivre leurs activités. De ce fait, l'accroissement des besoins en termes de carburant et de matériels implique des dépenses supplémentaires. Une pollution souterraine et aérienne. Néanmoins, cette pollution n'est pas uniquement maritime. Elle touche également l'arrière pays à travers la pollution des nappes phréatiques provenant des rejets chimiques des industries avoisinantes. Dès lors, les activités agricoles, pourvoyeuses d'emplois dans la région, sont menacées puisqu'il existe un risque élevé de pollution des produits issus de l'agriculture. Par ailleurs, ces rejets polluants sont à l'origine d'un phénomène d'eutrophisation, qui s'amplifie en été et se caractérise par une prolifération d'algues vertes sur la surface de l'eau. Ces algues vertes, appelées «salade verte» par les habitants, dégagent des mauvaises odeurs empêchant les habitants d'aérer leurs maisons. Par conséquent, toute une région est aujourd'hui privée d'un développement économique alors que la typographie maritime de la Baie est naturellement idéale pour y développer des activités d'élevage de poissons. D'o le mécontentement des habitants du Ksibet El Medyouni à travers la multiplication des sits in dans la ville car ils appellent à un nouveau modèle de développement durable et respectueux de l'environnement car tous les pans de la société citoyens, pêcheurs, agriculteurs sont dorénavant touchés par cette pollution. Le problème a été toujours soulevé. La solution consiste à la fermeture des stations de Lamta et Sayada qui polluent encore la mer. Faute de financement, le vœu des habitants de Ksibet Medyouni risque d'être retardé. La baie de Monastir et ses environs, en tant qu'écosystème spécifique abritant des espèces végétales et animales rares, sont réellement menacés. Il convient de concevoir un développement compatible avec l'environnement, ou plus précisément des formes multiples de développement compatibles avec la diversité des milieux naturels. En cela, l'objectif du rapport du forum tunisien pour les droits économiques et sociaux reste d'actualité pour engager des réflexions globales entre les acteurs multiples pour un aménagement harmonieux. Tout dépendra de comment va s'engager la concertation. Cela nécessite la plus grande transparence des projets et une implication de la population locale