«Les femmes restent très peu visibles dans les médias tunisiens. En fait, sur les cinq personnes qui apparaissent dans un média de la place, une femme seulement figure sur la liste », un constat amer confirmé suite à l'observation de 15 supports médiatiques tunisiens. Réalisée dans le cadre d'un projet mené par le Groupe Arabe d'Observation des Médias en partenariat avec le Conseil National des Libertés en Tunisie et la Coalition pour les femmes de Tunisie, l'observation confirme une réalité peu reluisante. Malheureusement, l'image de la femme tunisienne a toujours été altérée dans la presse écrite et audiovisuelle et elle le demeure encore. L'observation a démontré que « les femmes sont présentes dans les médias dans des rôles de « Madame tout le monde » et rarement dans les rôles d'expertes ou de porte-parole ». « Les stéréotypes des beaux jours devant eux », laisse entendre le rapport rendu public récemment. Où sont les femmes ? Pourquoi se font-elles rares dans les médias tunisiens ? S'agit-il de la responsabilité des journalistes seulement ou d'une responsabilité partagée entre les différents acteurs dans le domaine ? En fait, les médias sont-ils en train de reproduire la réalité ? Plusieurs questions se posent quand il s'agit de parler de la présence de la femme tunisienne dans les médias et l'image qu'on reflète dans la presse écrite et audiovisuelle. Le débat autour de la question ne date pas d'aujourd'hui. Il remonte en fait, à des années voire des décennies en arrière. Nombreuses sont les activistes et les féministes qui ne cessent d'attirer l'attention sur l'importance d'améliorer la présence de la gent féminine dans la presse nationale. Elles mènent en effet, un combat lequel nécessite une grande endurance et surtout une persévérance à toute épreuve, car ce sont les mentalités qui ont la peau dure et qu'il faut changer au fil du temps. Miroir de la société Mais les médias ne sont-ils pas le miroir de la société ? Il importe dès lors, de travailler davantage pour mettre en valeur la femme tunisienne et faire connaître auprès des professionnels de médias les différentes spécialistes capables de donner des éclaircissements sur des sujets d'actualité ou des problèmes économiques, sociaux ou politiques. C'est d'ailleurs le deuxième volet du projet réalisé par la Coalition pour les Femmes de Tunisie et le Conseil National des Libertés en Tunisie. « Le plaidoyer sera effectué sur des bases solides », déclare Slaheddine Ben Fraj, sociologue et membre du Conseil National des Libertés en Tunisie. Bien outillés, les acteurs de la société civile cibleront les médias, la société civile et les autorités pour extirper la femme de ce cercle fermé et « très limité », d'autant plus que les femmes ne représentent que 13 % des sujets dont on parle…avec souvent un rôle purement décoratif », dévoile le rapport. Par ailleurs, « les femmes dont on parle de façon récurrente, forment un cercle extrêmement limité par rapport aux hommes de profil similaire », ajoute le même rapport tout en précisant que seules huit personnalités femmes ont été évoquées plus de cinq fois en un mois dans les médias ayant fait l'objet de monitoring. Les sources d'information Toujours dans le même cadre, le monitoring a démontré que « les médias se tournent peu vers les femmes comme sources d'information. Une personne interviewée sur cinq est une femme dans l'audiovisuel et une sur dix dans la presse écrite ». En fait, cela n'est-il pas en rapport avec la présence de la femme dans les postes de décision ou en tant qu'expertes et spécialistes de manière générale ? Nul ne peut nier que les femmes sont minoritaires dans les postes de décisions aussi bien dans les ministères et les institutions de l'Etat ou dans les conseils d'administration des grandes entreprises. Aucun effort n'a été déployé par les actuels responsables pour accorder à la femme des postes qui la valorisent davantage. Les femmes dans ces postes ou « dans l'entreprise, c'est comme l'oxygène. Plus on monte moins il y en a », disait Annie Batlle dans son livre « Le Bal des Dirigeants », et là où le bât blesse, est quand la ministre des Affaires de la Femme garde le silence sur cette question. Supposée défendre la femme, la ministre ne s'empêche pas de dénigrer dans des plateaux télévisés les invitées, ce qui rend le travail de la société civile défendant la cause et l'image de la femme plus difficile encore.