96,3 % des jeunes filles issues d'un milieu riche fréquentent les lycées, contre 52,6 % dans les milieux les plus pauvres. Idem pour les garçons. «L'enseignement est un droit fondamental garanti à tous les Tunisiens sans discrimination fondée sur le sexe, l'origine sociale, la couleur ou la religion. C'est aussi un devoir qu'assument conjointement les individus et la collectivité », il s'agit là de l'esprit de la loi d'orientation de l'éducation et de l'enseignement scolaire. Un texte, certes idyllique, sauf que la réalité est très loin de ces jolis mots. La loi n'est pas appliquée de manière équitable d'où, un grand écart entre les régions. En Tunisie nous enregistrons un grand fossé entre les élèves issus d'un milieu socioéconomique riche et ceux originaires d'un milieu pauvre. En effet, le pourcentage d'enfants d'âge scolaire secondaire fréquentant l'enseignement secondaire varie selon les régions aussi bien pour les filles que pour les garçons. Les chiffres prouvés par l'enquête par grappes à indicateurs multiples dite (MICS4) pour l'an 2011-2012 donnent froid au dos. Le taux des jeunes filles issues d'une classe sociale plus riche qui fréquentent les lycées est de l'ordre de 96,3 % contre 52,6 % dans le milieu le plus pauvre. Idem pour les garçons. Pratiquement la totalité de ceux qui sont originaires des familles plus riches vont au lycée alors que presque la moitié de leurs homologues issus d'un milieu plus pauvre fréquente les établissements scolaires. Il est clair dès lors que l'inégalité sociale touche même les secteurs les plus élémentaires du peuple tunisien. Ceux qui ont les moyens peuvent assurer des études plus poussées à leur progéniture alors que les plus pauvres sont condamnés à vivre en bas de l'échelle à tous les niveaux, c'est ce qui explique entre autres le problème d'abandon scolaire, jusque là accepté comme une fatalité. Filles alphabétisées En Tunisie, 94 % des jeunes filles âgées entre 15-24 ans sont alphabétisées. Chez les filles vivant dans les ménages les plus pauvres, le taux d'alphabétisation a atteint 80 %. En revanche le taux est de l'ordre de 100% chez les filles issues d'un milieu plus riche. Jusque là les chiffres sont très rassurants voire très concurrentiels au niveau régional. Toutefois, une lecture plus approfondie des statistiques laisse à désirer car, les pourcentages chutent quand on décrypte les chiffres par milieu de résidence et/ ou niveau de bien être économique voire d'âge. Les filles vivant dans un milieu rural fréquentent moins les lycées que celles vivant dans le milieu urbain. Respectivement, 62,4 % des jeunes élèves vont aux établissements scolaires dans le milieu villageois contre 85,3 % dans les grandes villes. Cela s'explique entre autres par les conditions d'études, le moins que l'on puisse dire, défavorables et non appropriées. Un des problèmes auquel les jeunes lycéennes font face, l'éloignement des établissements de leurs résidences et le manque de moyens pour assurer les frais de transport ou d'hébergement dans les dortoirs dans les lycées. Le MICS 4 a démontré que la fréquentation scolaire chute de manière spectaculaire à partir de l'âge de 12 ans pour cette frange de la société. Un autre constat alarmant a été confirmé par l'enquête. 61, 3 % des filles âgées de 18 ans vont aux lycées alors que le taux est de l'ordre de 87,8 % quand elles ont 13 ans. Abandon scolaire Ces statistiques reflètent le phénomène d'abandon scolaire, lequel touche les filles tout comme les garçons. D'ailleurs, c'est auprès de ces jeunes adolescents qu'on enregistre le problème. L'enquête a prouvé ce constat certes, très inquiétant car il s'agit de notre capital humain qui est en péril. En effet, le pourcentage des lycéens qui fréquentent l'enseignement secondaire ou supérieur est de l'ordre de 48,7 % seulement chez les adolescents âgés de 18 ans. Le chiffre est presque divisé par deux, une fois que les jeunes avancent en âge, car le MICS 4 démontre que le pourcentage des élèves âgés de 13 ans et qui fréquentent un établissement scolaire est de 81,2 %. Mais comment s'explique ce phénomène ? Pourquoi nos jeunes quittent les enceintes scolaires quand ils avancent en âge ? C'est un problème épineux qui date depuis des années, et qui s'est aggravé davantage ces deux dernières années à cause de l'absence d'une stratégie claire pour arrêter cette hémorragie. Malheureusement, le Pouvoir néglige la notion investissement dans le capital humain pour perdre ainsi des montants colossaux investis lors de la petite enfance. L'abandon scolaire coûte, incontestablement très cher à la communauté. Il est impératif, dès lors d'être conscient des dangers qui guettent notre jeunesse pour préparer ainsi de nouvelles générations, éduquées et éclairées. D'ailleurs, le Fonds des Nations Unies pour l'Enfance (UNICEF) est clair là-dessus. Il considère que « l'investissement dans l'adolescence est le moyen le plus efficace pour consolider les progrès réalisés chez les enfants en bas âge et les jeunes enfants ». « Investir dans les adolescents peut donner également, un élan supplémentaire à la lutte contre la pauvreté et l'inégalité et ce, parce que l'adolescence est la décennie pivot qui voit souvent la pauvreté et l'inégalité se transmettre à la génération suivante quand les adolescents démunis donnent naissance à des enfants pauvres ».