Les révélations faites par Taïeb Laâguili à propos de l'assassinat de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, affecteront-elles pour autant le dialogue national, lequel pourra-t-il ou saura-t-il résister à l'onde de choc? Où en sont les préparatifs pour commencer ce dialogue ? Il y avait un premier rendez-vous et dont la première séance devrait se tenir demain. Aura-t-il lieu ? Les premières réactions après la conférence de presse organisée par l'Instance de Recherche de la Vérité sur l'Assassinat de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi (IRVA) peuvent conclure à un certain pessimisme. Le constitutionnaliste Yadh Ben Achour est certain que ces révélations freineront le dialogue national. Il a affirmé, hier qu'on ne peut s'asseoir avec quelqu'un sans un minimum de confiance. « On ne peut négocier avec quelqu'un alors que les rapports sont ceux d'ennemi à ennemi. Les déclarations des dirigeants du Front populaire, Hamma Hammami, Zied Lakhdhar sont très claires. Les dirigeants du Front national avaient consenti des concessions pour participer au dialogue national. La connivence entre le parti au pouvoir et quelques forces terroristes, à l'intérieur et à l'extérieur du pays. Comment voulez-vous que le Front populaire s'assied avec des responsables d'un tel parti ? Je ne pense pas que le dialogue puisse se poursuivre dans ce climat, ou dans les délais impartis. On va continuer à perdre du temps. La Tunisie n'a pas de chance ». Le professeur de droit constitutionnel et ex-président de Haute instance pour la Réalisation des Objectifs de la Révolution (HIROR) a, par ailleurs, précisé que le fait que le Gouvernement présente sa démission ne veut pas dire qu'il parte tout de suite. Il est tenu de continuer à gérer les affaires courantes du pays jusqu'à la passation du pouvoir à la nouvelle équipe qui sera constituée. Sami Tahri, secrétaire général adjoint de l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) a précisé au Temps, que les pourparlers se poursuivent pour examiner quelques aspects organisationnels pour mettre en marche l'initiative du Quartet. Les discussions ont repris hier, avec certains partis politiques, comme ceux du Front populaire, Ennahdha et d'autres, pour fixer la date du démarrage du dialogue national, la manière avec laquelle il sera conduit et tous les détails de procédures. Après la conférence de presse de l'IRVA, des inquiétudes existent au sein de l'UGTT. Les quatre organisations parrainant le dialogue national, l'UGTT, l'organisation patronale UTICA, la Ligue Tunisienne des Droits de l'Homme et le Conseil de l'Ordre des Avocats, ont dû se réunir hier soir, pour annoncer la date de la première réunion du dialogue. Abdessattar Ben Moussa, président de la Ligue Tunisienne des Droits de l'Homme (LTDH), rappelle dans une déclaration au Temps, que le Quartet veut réunir tout le monde autour de la feuille de route. « Le dialogue est la seule solution. Il ne faut pas que les déclarations des uns et des autres perturbent ce dialogue », dit-il. Le bureau exécutif d'Al-Massar s'était réuni quelques heures après la conférence de presse. Il a appelé à l'ouverture d'une enquête urgente et de juger tous ceux qui sont impliqués dans l'assassinat des deux martyrs quelles que soient leur rang, dans la hiérarchie politique ou administrative. Il est très inquiet pour les graves menaces proférées contre les dirigeants de l'UGTT pour l'intimider et l'empêcher ainsi de jouer son rôle patriotique dans la recherche d'une solution qui puisse délivrer le pays et trouver une sortie de la crise qui paralyse le pays. Al-Massar a renouvelé son appui à l'initiative du Quartet. Il insiste sur la nécessité que toutes les parties participent à ce dialogue en mettant en pratique la feuille de route, immédiatement et sans perte de temps. Ajmi Lourimi, dirigeant à Ennahdha et nouveau responsable de l'information, abonde dans le même sens. Il affirme au Temps : « le dialogue national est un choix national. Si certains veulent le freiner, ceci nous incite y tenir davantage. C'est un stimulant supplémentaire pour nous attacher au dialogue et au consensus. Les parties parrainant le dialogue et nous, nous sommes attachés à ce dialogue. Il faut l'accélérer et le réussir. C'est notre choix. Je pense qu'il va commencer. On mettra en chantier la feuille de route. Les détails seront débattus au cours du dialogue. L'essentiel est de pouvoir achever le processus constitutionnel et arriver à constituer le nouveau Gouvernement ». De son côté le Front National de Salut, lors de la réunion, hier, de son comité politique a déploré les retards enregistrés par les pourparlers préliminaires pour engager le dialogue national, chose qui a aggravé la crise. On considère que la situation du pays nécessite l'achèvement de ces pourparlers dans les plus brefs délais. Tous les partis politiques invités au dialogue doivent, au préalable signer la feuille de route afin que tout le monde s'engage à réussir le dialogue national. L'unanimité pour réussir le dialogue national est bien là.