Faire table rase… tourner la page, pour pouvoir, enfin, tracer son chemin, vers des lendemains, qui ont tout à gagner, à être meilleurs, voilà ce qui ne relève pas, forcément, d'un jeu d'enfants, pourtant, l'histoire la grande, aura permis cela notamment : faire en sorte que les rédemptions les moins évidentes, puissent avoir lieu, pour féconder l'espoir et tracer les chemins du possible, lors même que tous les horizons paraissaient bouchés. La mémoire est-elle soluble dans l'eau ? Si pardonner ne va pas toujours de soi, toutes proportions gardées, la rédemption, d'un côté, et le désir de « résilience » de l'autre, ont pu contribuer, à ce qu'un chemin commun ait pu été emprunté, par les « ennemis jurés » d'hier, qui ont pactisé il y a quelque cinquante ans, autour de l'idée de fraternité, de solidarité et de partage, afin que de nouvelles générations, en aucune façon, responsables des « dérobades » de leurs aînés, aient à en payer le prix fort. A l'occasion de la célébration du Traité de l'Elysée entre la France et l'Allemagne, le Goethe-Institut et l'Institut français de Tunisie avaient lancé en janvier dernier, un appel à candidature aux étudiants tunisiens en cinéma pour proposer des projets de courts-métrages sur le thème de la réconciliation. Dix projets de courts-métrages avaient été retenus, déclinant tous les genres cinématographiques ; à savoir : 7 films de fiction, 2 films d'animation et 1 documentaire. De l'eau a coulé sous les ponts et des ateliers sur l'écriture du scénario notamment, le story-board, les techniques d'animation et de dessin, avaient eu lieu, sous la houlette de la cinéaste belge Véronique Gratzborn (membre de la société des réalisateurs de films en France) et le cinéaste et producteur allemand Andreas Eichzer. Il fallait accompagner les projets et les faire aboutir toujours autour du thème de la « Réconciliation ». L'initiative, qui a pu bénéficier de l'appui des écoles tunisiennes : central.com, EDAC, ESAD, ISAMM, Netinfo, en partenariat avec les ambassades de France et d'Allemagne en Tunisie, et financée avec le soutien du fonds franco-allemand pour les projets culturels en pays tiers, a connu un réel succès auprès des étudiants en cinéma en Tunisie, dont les plus heureux, furent certainement les deux équipes lauréates du concours, dont les prix ont été décernés le vendredi en date du 4 octobre à la salle Le Colisée, qui sont allés récompenser, respectivement : Youssef Ben Ammar, (Ecole des Arts et du cinéma EDAC) pour son documentaire : « Au temps de la révolte » et Charlie Kouka (Institut supérieur des arts multimédia de la Manouba) pour sa fiction : « A ma fille ». Youssef Ben Ammar, avait choisi d'aborder l'Histoire dans son immédiateté, en tentant d'approcher, même si la mémoire est encore écorchée vive, les familles des deux martyrs de la République tunisienne en devenir ; en l'occurrence les enfants de Chokri Belaïd et de Mohamed Brahmi. Evoquer la réconciliation ici, peut paraître un tant soit peu farfelue, si ce n'est outrancier, mais la question se pose ici, comme ailleurs, avec acuité, parce qu'il y va de l'avenir encore incertain, de la Tunisie de l'après-révolution. Charlie Kouka, elle, a tourné son regard-cinéma, du côté de « chez Swann » non pas tant pour marquer la béance, trans-générationnelle, mais pour témoigner à sa manière de la difficulté d'être, jeune, au jour d'aujourd'hui, pas seulement en Tunisie, mais aussi dans le monde entier… Charlie Kouka, et son équipe, se rendront à Berlin en novembre 2013, pour le festival international des courts-métrages (INTERFILM – Berlin-Allemagne), tandis que Youssef Ben Ammar, et son équipe également, assisteront au festival international du court-métrage de Clermont-Ferrand en janvier 2014. Avec l'espoir que cette belle initiative fasse des émules, d'autant qu'elle aurait suscité moult vocations auprès des jeunes étudiants, de nos écoles de cinéma en Tunisie, qui font de la résistance, envers et contre tout, et comme l'auront souligné, en substance, Patrick Flot (nouveau directeur de l'IFT en Tunisie) et Christiane Boher (directrice du Goethe Institut), l'important, c'est de pouvoir donner l'exemple, à travers ce qui suit désormais, et ce, le fameux traité de l'amitié, la France et l'Allemagne. En Tunisie, c'est une famille politique qu'il faudra réconcilier, pour trouver la juste voie ou la voix juste, en accordant toutes les cordes. En tranchant dans le vif, parfois. Les jeunes étudiants en cinéma nous montrent le chemin…