Interrogés par le juge, les deux malfaiteurs ont répondu le plus simplement du monde. " Monsieur le Président, nous sommes tous les deux chômeurs, nous n'avons pas de ressources, nous vivons aux dépens de nos familles respectives. Nous avons eu recours à l'alcool pour oublier nos malheurs, nous avons consommé du cannabis pour apaiser nos douleurs, finalement nous sommes tombés dans le piège de la tentation et de la recherche du gain facile. Nous n'avions aucune autre alternative que celle de prendre les biens des autres en utilisant la force de nos biceps. » La plupart des affaires qui tournent autour de l'agression et des braquages sont presque similaires. Les réponses des accusés sont semblables. Certains de nos jeunes vivent vraiment dans la tourmente. Les gens qui, aujourd'hui, ont la responsabilité de gouverner doivent obligatoirement trouver des solutions idoines pour mettre un terme à cette situation catastrophique. Cette affaire remonte au mois de Décembre 2012. Deux jeunes hommes, voisins de quartier ont pu se débrouiller de quoi acheter quelques bouteilles de vin. Ils ont pris place dans un coin d'une rue peu fréquentée et presque déserte. Après avoir ingurgité une bonne dose d'alcool, ils ont commencé à fantasmer sur les moyens de se débrouiller de l'argent. Chacun présentait une idée. Alors qu'ils s'entretenaient, un jeune adolescent passait par hasard devant eux. Il est âgé de 17 ans Il accélérait le pas tout en utilisant son téléphone portable. Les deux amis se sont regardés et sans réfléchir, ils ont foncé sur le jeune homme. Ils l'ont cerné des deux côtés, ils ont noué un foulard autour de son cou et l'ont traîné quelques mètres pour atteindre un coin isolé. Ils l'ont fortement tabassé puis ils lui ont piqué son téléphone portable, une somme d'argent qu'il avait sur lui. Tout de suite après ils ont pris la fuite laissant le jeune étendu par terre en train de gémir de douleur. Malgré son état, le jeune adolescent est arrivé à se relever, il a rejoint la route et a demandé à quelques passants de le secourir. Heureusement quelques bonnes âmes se sont portées volontaires pour le conduire à l'hôpital. Il a dû subir d'urgence une opération chirurgicale puis il est assisté pendant une semaine dans une chambre de réanimation. Alertés, les auxiliaires de la justice se sont rendus à l'hôpital pour les besoins de l'enquête. Le jeune homme a relaté aux policiers les péripéties de cette agression. Il a fourni très peu de renseignements sur le signalement de ses deux agresseurs. Après de gros efforts et plusieurs investigations les enquêteurs sont arrivés à identifier les deux braqueurs. Ils ont été arrêtés. Interrogés, ils ont déclaré qu'ils ont regretté amèrement leurs actes. Ils ont déclaré avoir été dans un état second. Sous l'emprise de l'alcool et la zatla ils ont commis cette agression. Ils n'avaient jamais agi de la sorte, leurs casiers judiciaires n'enregistrent aucun antécédent. Ils ont été traduits devant la chambre criminelle du tribunal de première instance de Tunis. Devant le juge ils ont réitéré leurs déclarations données au cours de l'enquête préliminaire et devant le juge d'instruction. (Déclarations citées plus haut.) Les deux avocats ont axé leur plaidoirie sur la situation sociale des deux jeunes hommes. La misère et le manque de ressources ainsi que les mauvaises fréquentations et surtout la démission des parents les ont jetés dans l'abîme et le chemin de la délinquance. Ayant un casier judiciaire vierge, ils vont entrer en plein dans le monde de la criminalité si jamais les juges ne leur accordaient pas une deuxième chance afin de réintégrer la société. Les deux avocats ont imploré les juges d'être cléments. Après les plaidoiries les deux jeunes hommes ont été condamnés à une peine de 15 ans de prison chacun. Ils se sont opposés au verdict et seront traduits au début du mois prochain devant une chambre criminelle de la cour d'appel de Tunis.