Pourquoi pensez-vous que Michel Platini s'adresse individuellement aux chefs d'Etat et autres Premiers ministres européens ? Pas uniquement pour les exhorter à atténuer l'emprise de l'argent sur le football, en cette ère, dit-il, de « mondialisation décapante » ! Quitte à être taxé de moralisateur dépassé par le côté frénétique et schizophrène du football mondial, Platini - qui ne crachait pas sur les milliards des Agnelli - avertit que c'est l'argent qui fait du football une industrie broyant tout sur son passage et instituant, de facto, une espèce de nouvel ordre international autour de lui. Pour Platini, le football est le prétexte à des amalgames d'intérêts inextricables et le terrain de prédilection même du blanchiment d'un certain argent... Allusion faite aux nouvelles fortunes des magnats russes qui investissent dans le football, bien sûr. Jusqu'à la fin de son mandat, il va sans dire que Platini prêchera dans le désert. Et s'il insiste trop, s'il bouscule certains empires télévisuels, par exemple, et les intérêts publicitaires du football, on lui inventera un petit scandale et il sortira par la petite porte.
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On comprend à la limite que le football professionnel en Europe ne soit plus en odeur de sainteté. Trop d'argent cela corrompt, même des âmes puritaines. Mais la situation pourrit pareillement à l'autre extrême. Le manque d'argent, parfois, a des répercussions encore plus dévastatrices que sa sur-abondance. Et parfois, on se retrouve face à des situations surréalistes : l'Espérance est-elle riche, comme jadis, ou s'est-elle appauvrie ces dernières années ? Et comment fait Hamdi Meddeb, sommé d'exécuter des travaux d'Hercule, pour naviguer à travers les méandres d'une comptabilité virtuelle, avec des trous bizarres, un débit bancaire disproportionnés et des équipements « loués » à des salles de sport privées ? La victoire d'avant-hier est un message clair : le football a toujours quelque chose de pur, de ludique, et qui apaise les tensions. Pragmatisme en somme... Mais ce n'est pas toujours évident...
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Si ce n'est pas l'argent, ce sont les poisons de l'outrance. Au Bardo, on a tendance à oublier dans quel bourbier avait été enfoncé le Stade Tunisien avant l'appel à la rescousse de Achab. En trois ans, l'équipe s'est tant bien que mal maintenue dans des positions décentes. Mais ceux qui, infaillibles, tirent à boulets rouges sur le président stadiste, déboursent-ils un rond pour le club... ? Faisons les comptes : qui, en dehors de feu Raouf Hamrouni, a consenti de grosses sommes pour le club de son cœur ? Maintenant, comme d'habitude, on en est encore à spéculer sur le limogeage de Mahjoub... Et les fantasmes du Bardo nous sortent l'éternel M'ghirbi, « le sauveur », qu'on a pourtant fustigé aux lendemains de la Coupe ! Allez comprendre !