Soixante-quatre ans après le "Maracanazo", cette défaite à la maison contre l'Uruguay pour le titre de champion du monde, le Brésil affronte ce soir la Croatie en ouverture de son 2e Mondial, avec la pression de 200 millions de supporteurs sur les épaules et certains doutes sous les crampons. Les 23 Brésiliens emmenés par Luiz Felipe Scolari, l'entraîneur du titre 2002, savent qu'ils n'ont d'autre choix que de remporter à domicile le "Hexa" (sixième titre mondial) et pour cela de commencer par une victoire à Sao Paulo à l'Arena Corinthians, où la peinture sera encore fraîche pour accueillir les joueurs. Jamais une équipe n'a eu autant de pression sur ses résultats. "Nous avons l'obligation de gagner le titre. On n'organise pas la Coupe pour être troisième ou quatrième", a résumé "Felipao", alias Scolari, qui a su créer une union sacrée autour de sa personne. Neymar 'le crack' Les Brésiliens ont la faveur de la plupart des pronostiqueurs. La seleçao offre un jeu solide avec "la meilleure charnière centrale du monde" (Thiago Silva-David Luiz), selon le milieu défensif Luiz Gustavo et surtout sa star Neymar, en qui des millions de Brésiliens voient le successeur du roi Pelé. A 22 ans, le gamin pourrait suivre les pas de son glorieux aîné, qui s'était révélé au monde à 17 ans en Suède en 1958. La vedette, qui n'a pas complètement confirmé en Europe le statut qu'il a au Brésil, a réalisé une superbe Coupe des confédérations en 2013, et a le soutien de tous ses coéquipiers. "Tout le monde sait que Neymar est le crack, le joueur spécial", souligne Fred, le titulaire du poste d'avant-centre au Brésil, chargé d'ouvrir les brèches. Neymar, qui a eu par le passé des comportements d'enfant gâté, prêche lui le réalisme: "Le beau jeu est la dernière chose dont on se soucie, on se soucie d'abord de gagner". Si Scolari a su insuffler de la confiance à son équipe, il reste que certains secteurs sont sujets à caution. Syndrome Barbosa A la pointe de l'attaque, Fred, qui n'a pas percé lors de son passage en Europe à Lyon, n'a pas le talent d'un Romario ou un Ronaldo, et dans les buts le gardien vétéran Julio Cesar (34 ans), après une belle carrière, joue aujourd'hui à Toronto. Attention au syndrome Moacyr Barbosa, le portier de 1950 dont le nom est encore maudit aujourd'hui. L'adversaire de ce match d'ouverture est tout sauf un cadeau. La Croatie, sans doute l'équipe la plus forte du groupe A (Mexique, Cameroun) derrière le Brésil, a largement les moyens de gêner son hôte. Souvent considérés comme les Brésiliens de l'Europe, les Croates, comme les Serbes que les Brésiliens n'ont battu que 1-0 lors de leur dernier match de préparation, ont des joueurs évoluant dans les plus grands clubs européens avec notamment Olic (Wolfsbourg), Modric (Real Madrid) ou Rakitic (Séville). Certes, Mandzukic (Bayern) est suspendu, mais les Croates ont prouvé qu'ils avaient les nerfs solides en passant par un barrage contre l'Islande pour se qualifier pour le Mondial. Mais Neymar a récemment souligné que peu importait l'adversaire: "La mentalité de notre équipe a toujours été la même. Toujours gagner, quel que soit l'adversaire, quel qu'il soit, même s'il est peu huppé, nous voulons toujours marquer des buts, et si on en a l'occasion, bien jouer". Suker : "Nous devons trouver un équilibre collectif" Davor Suker sait mieux que quiconque ce qu'il faut pour se faire un nom en Coupe du Monde de la FIFA. En 1998, il a propulsé son pays sur la troisième marche du podium, s'adjugeant au passage le Soulier d'Or adidas. L'ancien attaquant de Séville, du Real Madrid et d'Arsenal a raccroché les crampons en 2003. En tant que président de la Fédération croate de football (HNS). FIFA.com l'a rencontré pour évoquer son admiration pour le pays hôte du tournoi Davor Suker, que vous inspire aujourd'hui le football brésilien ? Le Brésil a produit quelques-uns des meilleurs footballeurs de l'histoire. Il suffit de se promener sur une plage pour voir des gens jouer au football. São Paulo, Salvador... le football est partout. C'est magnifique ! J'ai toujours admiré le talent des Brésiliens, leur passion pour le beau jeu et leur volonté de faire plaisir aux supporters en marquant le plus de buts possible. Je suis vraiment ravi d'avoir l'occasion de vivre une Coupe du Monde dans ce pays. Qu'est-ce qui rend cette Coupe du Monde si particulière ? Tout dépend de ce que vous faites de votre talent. À l'école ou dans les rues, il faut travailler sa technique et ses dribbles. Personnellement, j'apprécie les joueurs qui se donnent autant à l'entraînement qu'en match, quelles que soient les circonstances. C'est ainsi que l'on atteint le très haut niveau. Cette année, tous les participants possèdent de solides arguments en attaque et au milieu. Je suis sûr que ce sera un tournoi avec du spectacle. Existe-t-il des ressemblances entre le Brésil et la Croatie ? Mon pays ne compte que quatre ou cinq millions d'habitants. Nous aimons tous les sports : le handball, le basketball, le water-polo, le tennis... À l'école, on disait toujours : donnez-nous une balle et nous pouvons pratiquer tous les sports. Je pense que nous partageons cette passion pour le ballon avec les Brésiliens. La Croatie se prépare à affronter le Brésil en Match d'Ouverture de la Coupe du Monde 2014. Que vous évoque ce match ? C'est un rêve qui se réalise ! La Coupe du Monde... Au Brésil... Non seulement le stade de São Paulo sera plein, mais les télévisions et les radios du monde entier seront présentes. Toute la planète va suivre ce match. Nous ne sommes qu'une petite partie d'un grand tout. Notre pays n'est pas très grand, mais il est fier. Nous allons donner tout ce que nous avons et nous gagnerons ainsi le respect de tous. Quelles qualités un outsider doit-il réunir pour créer la surprise en Coupe du Monde ? Il faut proposer du jeu, avoir de bons milieux, un collectif parfaitement rodé et un attaquant capable de marquer beaucoup de buts. C'est la formule. Evidemment, il faut aussi se montrer discret. C'est le principe : on ne s'attend jamais à une surprise. L'arbitre japonais Nishimura pour le match d'ouverture La FIFA a désigné l'arbitre japonais Yuichi Nishimura pour la direction du match d'ouverture de la Coupe du Monde 2014.Cette rencontre opposera ce soir à partir de 21h00 le Brésil à la Croatie pour le compte de la première journée du Groupe A.La FIFA a également désigné l'arbitre du premier grand choc de ce mondial et qui opposera demain les deux derniers finalistes de la Coupe du Monde 2010, l'Espagne et les Pays-Bas.Il s'agit de l'italien Nicola Rizzoli.Ce match pour le compte du groupe B débutera à 20h00.