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De la barbarie en général et du terrorisme en particulier
Publié dans Le Temps le 12 - 11 - 2014

Le terrorisme est communément défini en tant que l'emploi de la terreur à des fins politiques, religieuses ou idéologiques. Le terme fut attesté la première fois en 1794 et désignait la doctrine des partisans de la terreur. Il puise donc ses racines dans la barbarie au sens large du terme. Il qualifie les actes d'attentats ou d'assassinats politiques, mais fut considéré par les chercheurs politologues comme terme subjectif visant à tirer la légitimité et l'aspect politique aux groupes et actes auxquels il est attribué. Le terrorisme prend plusieurs formes dont le terrorisme organisé. C'est celui-ci qui est venu s'installer, dans une première étape, au Moyen-Orient vers la fin du 19ème siècle. Ce malheur dont souffre la société arabo-musulmane (voyez Daëch), s'est graduellement amplifié, on n'en entend plus simplement parler aux médias, on le vit à ce stade en Tunisie. Le phénomène s'est par ailleurs amplifié en Occident au 20ème siècle et en ce début du 21ème.
Une sorte d'enchaînement
Une succession d'actes terroristes s'est opérée en Tunisie depuis 2012 et durant les trois années dernières, et a semé la terreur dans la société Tunisienne qui n'arrive pas à admettre ce fait cruel.
On pourrait commencer par rappeler l'attaque par des hordes d'extrémistes religieux de l'ambassade américaine en 2012. Certes, ceci n'a pas touché directement la société Tunisienne qui n'était pas la cible à ce moment-là, mais c'était le signe d'un danger qui s'annonçait.
Les groupes terroristes ont ensuite visé des personnes par des menaces d'assassinat aboutissant à la mort de Lotfi Nagedh, suivie par deux assassinats politiques en 2013, celles de Chokri Belaid et de Mohamed Brahmi. Ces deux actes atroces ont été d'un grand impact sur le citoyen Tunisien qui a commencé à se sentir visé et à réclamer la sécurité dans le pays.
Ce phénomène, considéré jadis comme « étranger » au pays, a constitué dès lors une priorité chez les forces de sécurité et de l'armée Tunisiennes que le terroriste n'a pas exclus de ses tablettes démoniaques. Des multiplications d'attentats et d'attaques ont, en effet, visé les forces de sécurité et de l'armée nationale et mené au martyr de plusieurs jeunes soldats et d'agents de la sécurité.
Ce n'est pas tout : les menaces se poursuivent et visent aussi le tourisme en Tunisie, un secteur vital et sensible. Deux attaques ont déjà été enregistrées à Sousse et à Monastir. A noter l'enracinement de foyers terroristes à la montagne de Chaambi ainsi qu'à tout au long des frontières algériennes.
Les forces de sécurité: la cible de prédilection
Jouini Sahbi, membre du syndicat des forces de sécurité, attribue toute la responsabilité des crimes commis contre les forces de sécurité, entre autres visées par le terrorisme, aux hautes autorités. Il les appelle à prendre les mesures nécessaires ou à démissionner, selon une déclaration qui lui a été publiée sur –directinfo- lors des attaques terroristes ayant visé des agents de la sécurité.
D'une autre part, Jouini a appelé à mettre en œuvre une nouvelle stratégie anti-terroriste et des solutions radicales contre ce fléau ainsi que la révision de la carte sécuritaire. Il indique également que le soutien des efforts des institutions militaire et sécuritaire par l'ensemble de la population est d'une grande importance.
Jouini estime que la Tunisie entame une nouvelle étape dans son combat contre le terrorisme qu'on doit vivre avec conscience. Il considère que les agressions terroristes successives ne sont pas de simples actes de vengeance mais font partie de tout un projet mis à exécution.
Qui est derrière ?
Selon l'une des analyses de M. Taje Mehdi, géopoliticien, directeur de Global Prospect Intelligence, on note une explication de ce qui est à l'origine d'un phénomène aussi dangereux en Tunisie.
M. Taje a attribué les principales causes de la prolifération du terrorisme en Tunisie, à la dégradation de la situation économique et sociale qui favorisent et amplifient les chances de recrutement de nouveaux partisans par les groupes de terroristes. Il a également indiqué que l'une des causes flagrantes demeure l'affaiblissement de la structure de l'Etat ainsi que de son appareil sécuritaire et militaire, ceci se traduit par l'absence de renseignement et d'anticipation des actes terroristes ainsi que la non détection des sources de menaces qui pourraient être neutralisées à terme. D'un autre côté, M. Taje a évoqué la prolifération enchaînée de mouvements religieux extrémistes qui usent des lieux de culte pour propager un discours violent et recruter davantage les cervelles vierges et fragiles.
M. Taje a mentionné que le mouvement terroriste en Tunisie n'est pas à l'écart des organisations terroristes implantées partout dans le monde, notamment le monde arabe et quelques zones de l'Afrique. Il existe évidemment un réseau bien soudé qui s'est étendu jusqu'à nos terres.
Selon sa vision, M. Taje attire l'attention sur le fait qu'on doitcerner raisonnablement les acteurs responsables du terrorisme et ne pas se focaliser sur le fait que ce sont des djihadistes voulant réinstaurer le Califat et combattre la mentalité occidentale anti-islam, ce n'est point de les exclure mais de devoir considérer l'existence d'acteurs divers poursuivant des intérêts loin de toute foi religieuse et menant des stratégies secrètes à dévoiler.
Du côté des militaires
M.Haddad Brahim, ancien Colonel retraité, a écrit un article, publié sur un site électronique, dans lequel il indique qu'effectivement la Tunisie est touchée par le terrorisme et que c'est inclus dans le terrorisme international. Il a procédé par l'étude des caractéristiques et facteurs de ce phénomène ainsi que de mentionner les grandes étapes de l'évolution du terrorisme finissant par donner la stratégie de son éradication.
Facteurs idéologiques et socio-économiques
Quant aux caractéristiques, M. Hadad a considéré que « Une de ses caractéristiques frappantes est le fait qu'il est politisé et orienté vers l'extrémisme religieux. ». Selon lui, les acteurs du terrorisme en Tunisie « appartiennent à toutes les classes de la société, avec priorité à ceux qui sont portés vers la violence et l'indiscipline ; il y a parmi eux des jeunes aisés également sans principes ». Il a ensuite décrit le comportement du citoyen face à ce phénomène nouveau pour lui. Ce comportement est, d'après M. Haddad, « marqué au début par le silence, ce qui peut expliquer le fait que ce pays est un champ d'action exceptionnellement défavorable à ce phénomène. Dailleurs, il est unique dans son genre en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. »
Les facteurs qui ont agi en faveur du terrorisme, évoqués par M. Haddad, sont « des facteurs idéologiques et socio-économiques ». D'autre part, il a analysé le facteur socio-économique et a considéré qu'il concerne surtout « les jeunes qui n'ont pas d'emploi et lesquels face à des horizons bouchés, choisissent de s'intégrer dans des organisations terroristes. »
Parlant de la manière d'éradiquer le terrorisme, M. Haddad est rassuré quant au fait que la population soit sensibilisée davantage par l'horreur des actions terroristes. Il considère que la meilleure stratégie à adopter est la riposte massive, c'est de s'unir, et tout cela concerne tous ceux qui se voient menacés par le terrorisme, pour le combattre. Selon lui, il ne suffit pas d'appliquer des stratégies sécuritaire et militaire, mais ce combat implique « l'appui de la population, des partis, des syndicats et des organisations ».
L'information, le nerf de la guerre
M.Haddad retourne enfin sur le point socio-économique qu'il considère prioritaire à entamer dans un cadre préventif, il cite l'exemple de prisons spéciales aux terroristes « pour que ceux-ci ne contaminent pas les autres détenus prêts à rechuter dans les dérives»
Pour sa part, Mokhtar Ben Nasr colonel-major à la retraiteet ex-porte-parole de la Défense nationale de Tunisie a analysé le phénomène du terrorisme dans un article qui lui a été publié sur Jeune Afrique. Il a considéré que la lutte anti-terroriste est une démarche de longue haleine qui est aussi coûteuse. Selon lui, « c'est une guerre contre un ennemi insaisissable, parce que furtif, ayant l'avantage de choisir le moment, le lieu et la cible, disposant du temps nécessaire pour planifier et agir. »
Dans le volet sécuritaire, M. Ben Nasr a considéré que la règle la plus importante du combat est de connaître l'ennemi. Cependant, il voit que la connaissance du phénomène est, jusqu'à terme, incomplète malgré les efforts consentis. L'objectif est donc de «mieux comprendre les intentions et les techniques de l'ennemi ». Il mentionne que l'anticipation constitue la clé pour déjouer les projets d'attentats. D'après lui « L'action de combat est une action urgente et prioritaire, qui doit être menée simultanément dans plusieurs domaines : sécuritaire, judiciaire, religieux, diplomatique, politique et médiatique. »
D'un autre côté, M. Ben Nasr, a insisté sur le fait de devoir procéder par la collecte des informations détaillées sur les mouvements terroristes afin d'y répondre convenablement, pour ce, « Il faut s'approprier la technologie nécessaire et les logiciels adéquats qui permettent l'analyse de ces informations. ». Il met l'accent sur le fait d'instaurer des plans de coordination entre les différentes composantes de l'Etat et les segments de la société.
Il conclut par dire que pour détruire ces mouvements il faut commencer immédiatement tant qu'ils sont encore en phase de formation et avant qu'ils ne se consolident.
La sonnette d'alarme est tirée par les forces de sécurité et de l'armée qui envisagent une stratégie bien fondée et rigoureuse de lutte contre le terrorisme. Bien que ces deux institutions aient été, à plusieurs reprises, victimes d'attaques terroristes, cela ne les a que fait redoubler de détermination pour le combattre. Ces discours rassurants suffisent-ils à ce stade pour faire sortir le citoyen Tunisien du cauchemar terrifiant qu'il vit à chaque fois que surgissent des actes terroristes ? Le danger sur le plan psycho-sociologique serait que les Tunisiens ne se résignent à vivre avec ou qu'ils s'y habituent se faisant bonne conscience, laissant au gouvernement et aux forces de sécurité le soin de la contrer, seuls. Ce n'est pas parce que l'actuel gouvernement a mis en place, avec succès, un plan de lutte anti-terroriste que les Tunisiens doivent dormir sur leurs lauriers. Ce serait un démission frileuse...


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